La crise de croissance de l'économie mondiale pourrait continuer jusqu'à la fin 2009 et les pays consommateurs de pétrole seront contraints de revoir leur prévision à la baisse. Et là c'est tout le problème pour l'Algérie dont toute l'économie repose sur le prix du baril. Avec un baril qui a dépassé les 100 dollars, l'Algérie dispose de plus de 100 milliards de dollars de réserve. Cette manne venue du ciel a permis l'élaboration d'un « plan Marshall ». Il s'agit d'un plan complémentaire de soutien à la croissance, évalué à 55 milliards de dollars et qui devrait être réalisé avant l'échéance du 3ème mandat du président Bouteflika. Le défit lancé pour les quatre années à venir n'ont pas convaincu tout le monde et certains ministres ont été écartés, à l'instar de Abdellatif Benachenhou qui avait le portefeuille de l'économie de finance. Pour le rappel, à la fin des années 2005, les réserves d'échanges étaient estimées à 41 milliards de dollars, alors que le budget était établi sur l'indice de 19 dollars, bien sûr, cet indice a été revu à la hausse. Mais si les caisses sont pleines, la prospérité n'est pas perceptible, le taux de chômage reste élevé, un jeune sur deux est sans emploi s'ajoute à cette crise sociale, celle du logement, de l'eau potable, du transport, etc… Ces dernières années, les Algériens descendent régulièrement dans la rue pour manifester leur colère. Nous sommes à six mois de l'échéance présidentielle et la situation socioéconomique ne plaide pas en faveur de l'actuel locataire d'El-Mouradia. La chute du prix du pétrole intervient donc au mauvais moment pour l'économie algérienne. Avec un baril à moins de 100 dollars,le gouvernement d'Ouyahia doit apporter des correctifs sur l'ensemble de sa politique et sur tous les plans, cela ne manquera pas de faire grincer les dents à ceux qui sont déjà déçus et de remettre en cause ce fameux plan de relance économique. Des analyses pessimistes Ces dernières semaines, les commentaires de la presse algérienne se veulent réalistes, car des économiques de renom n'ont jamais caché leurs craintes quand ils qualifiaient cette rente pétrolière de «colossale» et qui est « source de gaspillage et de corruption ». Un expert Algérien a été catégorique et déclare « on finance le statut-quo au lieu de financer de vraies réformes ». Le professeur au centre de recherche en économie appliquée pour le développement CRAD, Slimane Badrani, a été on ne peut plus clair en parlant de risque et de gabegie. Il note que dans tous les domaines, le gouvernement injecte des sommes astronomiques sans chercher à privilégier les solutions les moins onéreuses. La chute du prix du pétrole face à la mauvaise gestion, représente une menace sur la sécurité nationale selon Abderrahmane Mebtoul, un expert de renom. Il dresse un constat effarant avec des scénarios tout à fait plausibles. La SONATRACH par exemple, pourrait-elle s'investir d'avantage avec le risque de ne pas faire de découvertes rentables avec un baril de moins 80 dollars. D'autre part, il y a ce dollar qui reprend du poil de la bête et constitue un paramètre de calcul important pour l'avenir. La question qui mérite d'être sagement posée aujourd'hui avec cette chute du cours du baril; a-t-on encore les moyens de satisfaire le financement des projets publics ? On est en droit d'être prudent car la bureaucratie fait encore des ravages « la bureaucratie rentière décourage plus d'un » et ce sont les lendemains qui déchantent qui se profilent à l'horizon. Mais peut-on être surpris par cette nouvelle crise quand on sait que l'après pétrole n'a jamais été une option économique sérieusement envisagée. n