* Le recul des prix du pétrole et du blé devrait alléger la facture énergétique et alimentaire. * Sur la base de ces cours, le budget de la compensation pourrait passer de près de 40 Mds à 26 Mds de DH en 2009. * La récession mondiale devrait perdurer en 2009, entraînant une faible demande sur le brut et les matières premières comme le blé. La conjoncture internationale devient très favorable au budget de la compensation. Le gouvernement qui a prévu 37 milliards de DH au titre de la Loi de Finances 2008 et plus de 40 milliards pour lannée 2009 va revoir ses prévisions à la baisse. Les deux principaux produits subventionnés, à savoir le pétrole et le blé, ont vu leurs cours considérablement chuter et revenir à des niveaux dil y a deux ans. La crise financière internationale a entraîné une récession pour les principales économies occidentales. Cette baisse de régime a eu des effets immédiats sur les fonds spéculatifs et sur la demande du brut et du blé. La plupart des grands pays sont secoués par une grave crise économique. Après des faillites en série dans le monde des finances qui ont contraint les gouvernements à venir en aide au secteur à travers linjection de fonds ou la nationalisation, le marasme a touché le secteur industriel. Les prix du pétrole qui ont atteint un record historique de plus de 147 dollars en deux ans ont perdu près de 60% de leur valeur en deux mois. Malgré la baisse de 1,5 million de barils par jour, décidée par lOrganisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) loffre dépasse largement la demande. La tendance est toujours à la baisse. Le Cartel envisage de nouveau une baisse de la production pour soutenir les cours. Mais en tout cas et daprès plusieurs analystes, notamment lAgence internationale de lénergie et lOrganisation de coopération et de développement économique (OCDE), on prévoit une baisse de la demande en énergies fossiles. Cette demande ne devrait pas dépasser les 83 millions de barils par jour. Ce qui laisse présager que les cours resteront sous les 60 dollars le baril et ce pour lannée 2009. Car la récession devrait perdurer. Les programmes de relance envisagés ne pourront donner les effets escomptés que vers lannée 2010 ou même 2011. Dautant plus que parmi les mesures décidées par le G20, réuni dernièrement à Washington, figure notamment la régulation des fonds de spéculation. Au Maroc, les prévisions de développement de l'économie mondiale requièrent la mise en place de mesures à même de préserver les acquis nationaux à travers la maîtrise du déficit et des besoins de trésorerie, d'une part, et la préservation d'un cadre macroéconomique permettant de promouvoir les investissements privés nationaux et étrangers et de renforcer la compétitivité et l'intégration de l'économie nationale dans son environnement régional et international, d'autre part. Lactualisation de la Loi de Finances 2008 décidée en mai dernier a établi un taux de croissance de 6,8%, un taux dinflation de 2,8%, un prix du baril de pétrole de 130 dollars, une parité de change de 1,56 et une croissance des exportations de 25% et 24% pour les importations. Durant le deuxième semestre 2008 une rallonge de 14 Mds de DH a été approuvée pour soutenir la compensation. Une bonne partie ne sera pas débloquée vu les changements de conjoncture et servira à alléger le déficit budgétaire. La situation déquilibre est fort probable étant donné que les objectifs des recettes fiscales sont presque atteints pour les neufs premiers mois de lannée. Mais la baisse des prix à la pompe nest pas envisageable pour le moment. Nizar Baraka, ministre des Affaires générales, est clair là-dessus. Dernièrement, devant le Parlement, il a affirmé que «le stock dhydrocarbures actuel est acheté à un cours dépassant les 120 dollars le baril et quil faudra lécouler pour pouvoir procéder à des baisses. Le ministre a précisé que malgré les baisses des prix pétroliers, ceux-ci restent soutenus par le gouvernement à travers des subventions de la compensation, notamment le gaz butane». A partir de lannée 2009 les subventions seraient plus sélectives et concentrées vers les régions les plus pauvres. Sur un autre volet, la hausse de loffre de blé à léchelle internationale est aussi un facteur important permettant de baisser les prix à des niveaux acceptables et alléger la facture alimentaire. Sur la base de ces cours, le budget de la compensation pourrait passer de près de 40 Mds à 26 Mds en 2009. Une bonne campagne agricole 2008/2009 pourrait réduire largement les importations céréalières. Il est à souligner que le Maroc a été choisi par plusieurs publications spécialisées en économie et finances parmi le top ten des pays les mieux résistants à la crise financière. Le comportement favorable de léconomie nationale se manifeste au niveau de la réalisation dexcédents du compte courant en dépit de laggravation du déficit commercial. La facture pétrolière représente près de 50% du déficit commercial sur la base dun prix de 130 dollars le baril. Alors que sur la base dun prix de 60 dollars le déficit va être ramené à moins de 25%. La croissance reste quant à elle à un niveau positif. Le salut vient du dynamisme de certains secteurs comme les BTP, le tourisme, les finances ou les télécoms qui réalisent des taux de croissance supérieurs à 9%.