Le 8ème congrès de l'USFP adopte pour la première fois le scrutin par liste pour l'élection des instances dirigeantes. Un choix qui soulève d'ores et déjà un débat houleux à la veille du congrès. Le 8ème congrès de l'USFP qui se tient du 13 au 14 juin à Bouznika, verra pour la première fois, l'adoption du scrutin par liste pour la direction du parti. Trois listes sont en lice depuis le 10 juin dernier, pour le poste de premier secrétaire de l'USFP. Le premier candidat en lice est Abdelwahed Radi suivi de Fathallah Oualalou, puis de Habib El Malki et enfin Ali Bouabid qui représente la liste de la rénovation du parti et le courant des nouveaux socialistes, mais qui a rejoint le 10 juin la liste de Radi. L'annonce a été faite lors d'une conférence de presse au siège régional de l'USFP à Rabat. Ce soutien intervient selon Ali Bouabid, suite à l'engagement pris par Radi de démissionner de son poste de ministre de la Justice au cas où il serait élu premier secrétaire de l'USFP. Cet engagement représente une portée morale et politique selon les initiateurs de la liste du renouveau. Jusqu'à la veille du Conseil national du 7 juin dernier à Rabat, les choses n'étaient pas encore claires pour les militants. Et pour cause, l'élection des congressistes dans les sections avait été contestée par des militants mécontents dans certaines régions comme Tanger, Fès et Sidi Kacem. Lors du Conseil national de dimanche dernier, certains membres ont dénoncé certaines irrégularités dans la désignation des congressistes qui est la première bataille du congrès, affirme un membre du Conseil national. L'architecture des partisans commence dès cette étape. Si certains ténors du parti sont restés indécis, ou au moins, n'ont pas voulu se positionner dès le début de la course à la direction du parti, la candidature de Abdelouahed Radi a bousculé les préparatifs du congrès. Fathallah Oualalou était présenté comme le bon candidat pour assurer la transition avant de passer à une nouvelle génération de dirigeants. Oualalou était soutenu par un bon nombre des membres du conseil national. Habib El Malki, l'ex-ministre de l'éducation nationale et de l'agriculture, lors des derniers gouvernements, se présente à son tour comme le candidat de l'option moderniste du parti. Il est taxé entre autres, de candidat des technocrates. Mais le soutien de la liste d'Ali Bouabid à la candidature de Radi, semble fragiliser les autres candidatures. Ali Bouabib, le fils du leader charismatique de l'USFP Abderrahim Bouabid, a eu le soutien de cadres du parti comme Larbi Jaidi ou d'Ali Doumou réputé être proche de Habib El Malki. D'autres éventuelles candidatures sont en gestation, comme celle de Jamal Aghmani ou de Driss Lachgar. Débat houleux autour du mode de scrutin par liste Au moment où Driss Lachgar avance que cette technique va participer à la balkanisation du parti, Habib El Malki propose la liste pour le bureau politique et l'uninominal pour le poste de premier secrétaire. Quant à Fathallah Oualalou, il propose que la candidature par liste soit utilisée pour siéger au Conseil national et que le candidat au poste de premier secrétaire soit la tête de liste qui aura la majorité de la composition du bureau politique. Au même moment, des membres du Conseil national font monter la pression en menaçant de débarquer le bureau politique, si ce dernier ne se conforme pas aux décisions de la commission préparatoire dirigée par Mohamed Benyahya. Mais un problème de fond se pose à quelques jours du congrès qui doit introduire de nouveaux amendements dans les statuts pour inclure le principe de scrutin par liste. Driss Lachgar, un éléphant dans un magasin de porcelaine Lors de la réunion du bureau politique du 20 mai dernier, la question des quotas de 75 sièges du Congrès national a semé le trouble entre Latefa Jbabd, membre du Bureau politique ex PSD et Driss Lachgar. En plein débat à propos du congrès, l'escalade verbale a pris un tournant dramatique lorsque Driss Lachgar, dans un accès de colère, a balayé d'un revers de main les bouteilles et les verres qui se trouvaient sur la table en face de lui. Pour cet éléphant du parti, il n'est pas question de distribuer 75 des sièges de congressistes aux ex PSD sous-représentés au congrès. Driss Lachgar n'a pas annoncé sa candidature. Pour lui, l'annonce ne peut se faire que lors de la tenue de celui-ci. Au cours d'une conférence de presse le 10 juin dernier à Rabat, Lachgar n'a pas écarté l'éventualité de se présenter comme candidat, si le congrès confirme le retour de l'USFP à l'opposition. Il n'a pas manqué de critiquer les autres candidatures qui ne sont pas conformes à la légalité. Celles-ci doivent être présentées lors du congrès. Une chose est sûre, Driss Lachgar sera partant pour disputer les premières loges, car, à défaut d'un siège de premier choix, l'homme ne se contentera pas d'un strapontin. Il risque même de casser la baraque. Radi : une mission unique Abdelouahed Radi a remis sa démission du ministère de la Justice. C'est la première démission de l'histoire pour raison partisane et elle honore l'ancien président du Parlement. Cette démission fait partie d'un accord global d'Abdelouahed avec ses sensibilités USFP et en particulier, les jeunes réunis autour de Ali Bouabid. Radi a pris, entre autres, deux engagements : quitter le gouvernement et s'arrêter en 2010. Ce faisant, il est devenu le candidat de transition idéal pour une grande partie des militants. Si Radi a annoncé sa démission avant le congrès et les élections, c'est qu'il doit être sûr de sa victoire. Ses challengers Habib El Malki et Oualalou ne sont pas de cet avis. Selon toute vraisemblance, les parlementaires et le groupe refondation, ne sont pas les seuls à avoir rejoint le camp de Radi. Pourtant, au départ, à l'annonce de sa candidature, celle-ci a perturbé les militants et les observateurs, puisqu'il avait été démis par le Bureau politique de ses fonctions de numéro deux. Mais il a su développer un discours unificateur, qui préserve l'avenir de ceux qui le soutiennent. Actuellement, il planche sur sa liste qui doit tout de même répondre aux demandes des uns et des autres, ce qui n'est pas une mince affaire. Rappelons que la liste arrivée en tête, aura automatiquement la majorité des sièges du BP pour éviter la balkanisation et responsabiliser la liste majoritaire. Le congrès est en attente de la réaction de Driss Lachgar et ses amis. Hors liste pour le moment, il développe un discours gauchisant, qui colle aux sentiments de la base. Le Discours de Radi est quasi-exclusivement organisationnel: reconstruire le parti est l'ultime mission que revendique Radi au terme d'une longue carrière.