Visite Royale à Anefgou. Exemplaire à plusieurs titres, elle dégage les voies du traitement de la situation de ces régions oubliées. Nous reproduisons l'article de Jamal Berraoui comme une participation au débat. Anefgou était un douar inconnu, jusqu'au jour où des enfants y tombent comme des mouches à cause du froid. La presse s'y intéresse et l'on découvre l'extrême misère d'une région, dépourvue de toute infrastructure de base, dans un environnement ravagé. Anefgou devient le symbole de ce Maroc inutile, enclavé, sans ressource et qui ne fait pas partie des plans des gouvernements successifs du pays. La visite Royale à ce douar, ne pouvait qu'être chargée de symboles. Elle fut hautement positive. D'abord, au niveau de l'image. Le souverain a traversé ce douar à pied, a salué les populations et constaté lui-même cet état de dénuement du douar. L'image est très forte, c'est celle de la prise en charge de ce Maroc oublié des hommes, laissé pour compte depuis l'indépendance. La visite Royale ne s'est pas arrêtée au niveau de la symbolique, ce n'était pas une énième «je vous ai entendus». Le Roi a surtout amené des projets intégrés qui doivent remettre à flot cette région à court terme. Au niveau des infrastructures de base, avec un dispensaire, des ambulances médicalisées. Mais aussi la création de quelques ateliers, un accord de partenariat pour une gestion rationnelle de la forêt totalement dévastée, une meilleure défense contre les intempéries etc… Enfin, et c'est le plus étonnant, il a fallu l'intervention Royale pour que cette région soit reliée aux réseaux de télécoms. Ceux qui ont soutenu que la libéralisation finit par servir l'intérêt général devraient le méditer. L'exemple d'Anefgou peut et doit être dupliqué. Pour lutter contre la désertification de régions entières. Les désenclaver, les doter d'infrastructures de base, y créer des conditions minimales d'activités économiques et un accès à l'éducation pour les enfants, voilà l'objectif. Les coûts ne sont pas énormes et n'ont rien à voir avec la part de gabegie dans les milliards de la caisse de compensation. Seulement, il faut d'abord délimiter les intervenants. Les élus locaux dans ces régions ne font pas l'affaire, c'est une évidence. Cependant, nous sommes face aux communes les plus pauvres tant en moyens financiers qu'humains, on ne peut même pas en attendre qu'ils proposent des projets ou se battent pour des idées. Ces élus sont à la botte des autorités locales. Celles-ci ont une responsabilité établie dans la situation de ces régions. Depuis l'indépendance, il y a des localités qui n'ont pas coûté un centime au budget d'investissement alors qu'elles manquent de tout. Que faisaient les gouverneurs concernés ? Aujourd'hui, on nous annonce que la donne a changé et que l'administration territoriale porte beaucoup d'intérêt aux zones sinistrées. Dans ce cas, c'est l'approche Anefgou qui doit l'emporter. C'est-à-dire une vision globale, des projets intégrés avant de débloquer l'argent. Ce genre d'attitude transversale permet d'éviter les incohérences du genre un hôpital sans électricité, ou une école sans sanitaires. Le traitement global permet d'assurer la survie, l'aspirine dans ces cas, est une pure perte de temps et d'argent. Le Maroc de la misère absolue mérite tous les efforts par éthique, par solidarité nationale. Il n'est plus le Maroc passif, soumis, d'il y a quelques décennies. Un mouvement associatif y voit le jour. Si ce tissu réussit à attirer l'attention avant qu'une hécatombe ne terrasse des enfants, c'est une belle bataille qu'il aura gagnée.