Dans une économie où l'essor de la place boursière dépend fortement de la multiplication des introductions PME PMI, le capital-risque ou le capital investissement devrait être mis au-devant de la scène. Sauf que le marché marocain ne permet pas de produire des instruments financiers entraînant la PME vers la bourse. La plupart des traders marocains ne cessent de rappeler que les valeurs de la bourse marocaine vont encore monter en 2008. Le marché va être ponctué d'événements qui agissent sur son évolution : - Les sociétés cotées vont annoncer dans leur majorité des résultats satisfaisants. - Les capitaux étrangers vont entrer en force, fuyant la tempête sur les marchés internationaux. - Le bâtiment et l'immobilier vont gagner en maturité partout dans le royaume. Ces dires ont été corroborés par Omar Drissi Kaitouni, qui prévoit une croissance bénéficiaire à 13%. Cette croissance, selon lui, sera poussée par le dynamisme des secteurs immobiliers, constitutions, mines, industries et banques. Du fait que l'environnement économique est incertain et que certains événements conjoncturels déstabilisateurs de la croissance sont probables, des opérations d'aller-retour pour maîtriser le degré de leur impact négatif sur le trend haussier, sont prévues pour l'année 2008. La particularité de ces opérations utiles au moment de la correction est que la cession gré à gré sur le marché de bloc est effectuée par le même acteur. Sans aucun doute, ce qui se passe en ce moment sur le marché boursier marocain laisse croire que l'embellie est confirmée et que la confiance est ancrée. Mais ce qui dérange les observateurs de la place, c'est le manque de profondeur du marché boursier. Une réflexion économique et financière profonde, laisse croire que la léthargie du marché boursier ne peut qu'être derrière cette place si des actions d'ordre structurel ne sont pas engagées. Rappelant que le maintien du trend haussier de la place marocaine est assuré par des entreprises évoluant dans des secteurs à fort potentiel, et qui seules, peuvent prétendre à une introduction en bourse. Or, bien que certaines opérations soient au démarrage, tôt ou tard elles touchent au sommet. Donc, quelle vague d'introduction en bourse est à soutenir pour assurer à la place marocaine son dynamisme ? Les responsables de la place boursière tablent sur une moyenne de 10 introductions par an, dont une dimension de plus en plus importante concernera les PME PMI, car ces responsables sont conscients que l'effectif des grosses pointures de l'économie nationale est limité et pour atteindre l'effectif de 100 entreprises cotées, voire plus à l'horizon 2010, il faut élargir l'assiette des opérateurs désirant ouvrir le capital au public via une intermédiation boursière. Le pari d'atteindre 100 sociétés cotées en 2010 est-il facile à gagner ? Comment des mesures sans effet d'entraînement en phase préparatoire peuvent-elles relancer la place boursière? Pour bénéficier du papier frais dans les meilleures conditions, ce qui est important, c'est la connaissance de l'environnement national qui permet d'apprécier le tissu entrepreneurial composé de PME cotables avec plus de pertinence. En quête d'un montage financier équilibré La PME gardera ses habitudes. La recherche du confort personnel et la concentration sur vision unilatérale risque de mener à la stagnation structurelle et à un éloignement des réalités des marchés financiers. Et pour élargir son assise financière, elle continue à s'adresser à son banquier avec qui elle entretient une relation de proximité basée sur la confiance. Elle se contente donc de ce qu'il lui proposera, et ce, au risque de laisser passer quelques opportunités. Malheureusement, certains établissements bancaires ont commencé à se rendre compte de l'importance de créer des structures composées de fiscalité, d'analystes financiers et autres conseillers en finance. Mais ces prestations n'ont servi qu'à une clientèle privilégiée et leur consulting ne profite que de la mutation des groupes et des grandes entreprises. Tout le jeu doit être là. Le banquier consultant est appelé à ancrer la culture de consulting chez la PME, car le consultant a un regard externe et peut susciter l'intéressement de l'entrepreneur pour d'autres produits financiers pouvant être incorporés dans les fonds propres, et donc, entraîner une réussite d'ouverture de capital qui constitue un handicap psychologique pour l'entrepreneur marocain. Face à un système bancaire qui fait défaut en termes de conseil, ce ne sont pas les banques d'affaires, ni les cabinets d'audit et de conseillers en Finance qui manquent. Mais sur le terrain, la mise à niveau financière et les instruments de sa mise en œuvre, restent largement méconnus. Dans une économie où l'essor de la place boursière dépend fortement de la multiplication des introductions en bourse des PME PMI, le capital-risque ou le capital investissement devrait être au-devant de la scène, car le fait qu'il y ait un capital-risque dans le capital de l'entreprise renforce sa situation bilancielle et crée une tendance à la discipline boursière. Dispositif financier complexe, tentaculaire Le capital investissement consiste en des prises de participations souvent minoritaires en fonds propres ou en quasi fonds propres, avec un objectif de retrait via une cession à moyen terme allant de 5ans à 7 ans. La rémunération du capital investissement se fait sous forme de plus-value au moment de la cession pouvant être réalisée sur le marché boursier. D'où l'effet d'entraînement pouvant vulgariser la culture boursière auprès de la PME/PMI. Le capital risque met un miroir face à l'entrepreneur qui pense à grandir et à se placer sur des interstices pour se différencier et renforcer ses avantages comparatifs et de faire remonter les barrières d'entrées face aux concurrents. Le marché marocain ne permet pas de produire des instruments financiers entraînant la PME vers la place boursière. Les produits innovants apparaissent théoriquement intéressants, mais dans la pratique, le capital-risque se cherche. Dans le temps où la branche comptait 204 milliards de DH, il n'y avait que 400 millions de DH qui étaient engagés. Pourquoi l'action de capital-risque est limitée ? D'après les spécialistes du métier, le manque d'alternatives de placement au Maroc ne permet pas à l'investisseur de quitter certains métiers à moindre risque et à gain sûr. Qui dit alternative, dit nécessité de survie. Certes, les produits financiers proposés par le capital-risque sont intéressants, mais la règlementation est contraignante et limite leur activation: quand la taxe sur la plus- value réalisée sur cession enregistre une hausse (elle est passée en 2008 à 15% et à 20%), que sera la réaction de capital- risque actionnaire minoritaire ? De ce fait, le capital-risque continue à se rechercher faute d'une réglementation sur mesure. L'émergence d'une nouvelle élite d'entrepreneurs, résolument orientés vers des modèles de financement transparents, telle que la levée des fonds par voie boursière, est tributaire de l'activation des procédures d'entraînement de cette élite dans une phase qui précède une introduction en bourse. A-t-on suffisamment préparé notre tissu entrepreneurial pour l'entraîner vers une tendance boursière ?