* Un système bancaire sain. * Un marché boursier malmené par les brigands financiers. En 10 ans, le système financier aura subi de profondes mutations. Ces changements majeurs puisent néanmoins leurs racines dans la grande réforme initiée 5 années plus tôt, précisément en 1993. Il était, en effet, apparu la nécessité de valoriser la politique économique sur le sillage du nouvel ordre économique mondial. Cest dans ce cadre quallait être amorcée lharmonisation du cadre juridique du système bancaire avec, en toile de fond, un mouvement de décloisonnement. Lequel a été suivi par un glissement progressif des ex-OFS (BNDE et CIH notamment) vers des métiers qui relevaient traditionnellement des banques et lélargissement du champ dintervention des établissements de crédit à la faveur de la législation, laquelle leur permettait de développer dautres activités comme lassurance. Pour autant, le point nodal de la mue du système bancaire a été le désencadrement du crédit, la libéralisation des taux (avec la mise en place parallèle du taux effectif global) et linstauration de nouvelles règles visant à garantir la sécurité bancaire (ratio Cooke). Et pour accompagner la réforme, de nouveaux organes ont vu le jour, notamment le Conseil national de la monnaie et de lépargne et le Comité détablissement de crédit (CEC) Sur le marché financier, il a été procédé à la réorganisation du cadre institutionnel à travers la mise en place dorganes de gestion (SBVC et OPCVM) et de contrôle (CDVM et commissaires aux comptes). Le cadre fonctionnel a été également remodelé pour instaurer cette dynamique de vulgarisation de linformation quexige la transparence boursière. Et maintenant ? Le développement soutenu qua connu le marché financier, à partir de 1998, a conséquemment induit la mise en place progressive de garde-fous pour en assurer un meilleur encadrement. Ceci a-t-il empêché cela ? Dans une certaine mesure, oui. Dans une certaine mesure seulement, car tous les pans du système financier nauront pas évolué de la même manière. Aujourdhui, en effet, lon saccorde à dire que le système bancaire est sain. Dune manière générale, le secteur bancaire a davantage gagné en animation du fait dune concurrence plus exacerbée inhérente à lérosion des marges dintérêt, la forte poussée de la désintermédiation et celle du coût du risque. Conséquence : les banques développent de plus en plus de métiers rémunérés non pas par les intérêts, mais plutôt par les commissions. Doù lémergence de deux approches commerciales : la filialisation, devenue le bras armé des grands groupes, et la bancassurance. A contrario, on ne peut, actuellement, parler du marché boursier avec la même gaieté desprit. Car il souffre de deux maux, et non des moindres. Primo : quitte à le redire, la corbeille nest guère représentative du tissu productif national constitué à majorité de PME et PMI. Résultat : être en marge du marché financier ne sert pas de tremplin aux mécanismes de marché et ces petites entités ne disposent pas de palliatif aux financements onéreux quexige le crédit bancaire Secundo : la place casablancaise alterne périodes fastes et déprime, voire crise de confiance. Cest, certes, la marque de fabrique de toutes les places boursières du monde qui réagissent à lactualité financière ou économique. Sauf que la valse de notre marché est davantage due, avec le recul, à une seule chose : une fausse conception de léthique et de la déontologie. Il faut bien lavouer, quitte à chagriner certaines intelligences. Car à la base des grosses traversées du désert qua eu à connaître la tour de verre ces dernières années, on trouve indubitablement des intervenants qui ont mis, impunément, leur éthique en berne au profit de compromis douteux, de transactions malsaines, de tripatouillages de cours et du délit dinitié. Au point de saper la crédibilité de la place, dentamer le moral des investisseurs et de faire plonger les indices boursiers. Cest dire que les pratiques illégales sont bien ancrées dans le marché, malgré le durcissement de la réglementation en vigueur. Elles restent seulement, en ces temps où le gendarme du marché sefforce douvrir grand les yeux pour mieux exercer ses prérogatives en matière de contrôle, mieux élaborées et, donc, forcément plus spectaculaires en terme de résultats. Lintroduction en Bourse de la CGI en est un «brûlant» exemple. A lévidence, la crédibilité du marché dépend davantage de la moralisation des différents intervenants que du déploiement de tout un arsenal juridique et réglementaire. Cest la seule condition pour extraire le clou de la suspicion qui entoure aujourdhui le marché boursier et dresser un rempart contre les consciences tordues et les délinquants financiers.