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Système financier : Les banques boivent, la Bourse trinque
Publié dans Finances news le 18 - 12 - 2008


* Un système bancaire sain.
* Un marché boursier malmené par les brigands financiers.
En 10 ans, le système financier aura subi de profondes mutations. Ces changements majeurs puisent néanmoins leurs racines dans la grande réforme initiée 5 années plus tôt, précisément en 1993.
Il était, en effet, apparu la nécessité de valoriser la politique économique sur le sillage du nouvel ordre économique mondial. C’est dans ce cadre qu’allait être amorcée l’harmonisation du cadre juridique du système bancaire avec, en toile de fond, un mouvement de décloisonnement. Lequel a été suivi par un glissement progressif des ex-OFS (BNDE et CIH notamment) vers des métiers qui relevaient traditionnellement des banques et l’élargissement du champ d’intervention des établissements de crédit à la faveur de la législation, laquelle leur permettait de développer d’autres activités comme l’assurance.
Pour autant, le point nodal de la mue du système bancaire a été le désencadrement du crédit, la libéralisation des taux (avec la mise en place parallèle du taux effectif global) et l’instauration de nouvelles règles visant à garantir la sécurité bancaire (ratio Cooke).
Et pour accompagner la réforme, de nouveaux organes ont vu le jour, notamment le Conseil national de la monnaie et de l’épargne et le Comité d’établissement de crédit (CEC)
Sur le marché financier, il a été procédé à la réorganisation du cadre institutionnel à travers la mise en place d’organes de gestion (SBVC et OPCVM) et de contrôle (CDVM et commissaires aux comptes). Le cadre fonctionnel a été également remodelé pour instaurer cette dynamique de vulgarisation de l’information qu’exige la transparence boursière.
Et maintenant ?
Le développement soutenu qu’a connu le marché financier, à partir de 1998, a conséquemment induit la mise en place progressive de garde-fous pour en assurer un meilleur encadrement.
Ceci a-t-il empêché cela ? Dans une certaine mesure, oui. Dans une certaine mesure seulement, car tous les pans du système financier n’auront pas évolué de la même manière.
Aujourd’hui, en effet, l’on s’accorde à dire que le système bancaire est sain. D’une manière générale, le secteur bancaire a davantage gagné en animation du fait d’une concurrence plus exacerbée inhérente à l’érosion des marges d’intérêt, la forte poussée de la désintermédiation et celle du coût du risque. Conséquence : les banques développent de plus en plus de métiers rémunérés non pas par les intérêts, mais plutôt par les commissions. D’où l’émergence de deux approches commerciales : la filialisation, devenue le bras armé des grands groupes, et la bancassurance.
A contrario, on ne peut, actuellement, parler du marché boursier avec la même gaieté d’esprit. Car il souffre de deux maux, et non des moindres.
Primo : quitte à le redire, la corbeille n’est guère représentative du tissu productif national constitué à majorité de PME et PMI. Résultat : être en marge du marché financier ne sert pas de tremplin aux mécanismes de marché et ces petites entités ne disposent pas de palliatif aux financements onéreux qu’exige le crédit bancaire
Secundo : la place casablancaise alterne périodes fastes et déprime, voire crise de confiance. C’est, certes, la marque de fabrique de toutes les places boursières du monde qui réagissent à l’actualité financière ou économique. Sauf que la valse de notre marché est davantage due, avec le recul, à une seule chose : une fausse conception de l’éthique et de la déontologie. Il faut bien l’avouer, quitte à chagriner certaines intelligences. Car à la base des grosses traversées du désert qu’a eu à connaître la tour de verre ces dernières années, on trouve indubitablement des intervenants qui ont mis, impunément, leur éthique en berne au profit de compromis douteux, de transactions malsaines, de tripatouillages de cours et du délit d’initié. Au point de saper la crédibilité de la place, d’entamer le moral des investisseurs et de faire plonger les indices boursiers.
C’est dire que les pratiques illégales sont bien ancrées dans le marché, malgré le durcissement de la réglementation en vigueur. Elles restent seulement, en ces temps où le gendarme du marché s’efforce d’ouvrir grand les yeux pour mieux exercer ses prérogatives en matière de contrôle, mieux élaborées et, donc, forcément plus spectaculaires en terme de résultats. L’introduction en Bourse de la CGI en est un «brûlant» exemple.
A l’évidence, la crédibilité du marché dépend davantage de la moralisation des différents intervenants que du déploiement de tout un arsenal juridique et réglementaire. C’est la seule condition pour extraire le clou de la suspicion qui entoure aujourd’hui le marché boursier et dresser un rempart contre les consciences tordues et les délinquants financiers.


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