La multiplication des agences bancaires, à Casablanca témoigne de la concurrence acerbe qui caractérise le secteur. Les réformes entamées depuis 1993 ont abouti, actuellement, à un système bancaire stable, où les velléités des «petites» entités tendent à être annihilées par les mouvements de regroupement. La région du Grand Casablanca regroupe l'essentiel des sièges des banques, mais également concentre le plus grand nombre d'agences bancaires, comparée aux autres grandes villes du Royaume; même s'il est vrai, dans une logique guidée par la volonté d'initier une stratégie commerciale plus agressive afin d'être plus proches de leur clientèle, que les établissements bancaires ont davantage accru leur présence, hors de la capitale économique, depuis quelques années. Cette multiplication des agences est à l'image de la concurrence à laquelle se livrent les établissements bancaires, qui doivent faire face à l'érosion des marges, la forte poussée de la désintermédiation et celle du coût du risque en développant des métiers rémunérés, non plus par les taux d'intérêts, mais par des commissions. Mais, surtout, face à l'ouverture du marché et la présence importante d'actionnaires étrangers dans la plupart des banques nationales, ces dernières sont obligées de composer avec l'environnement international caractérisé par un mouvement massif de concentration. Cette recherche de la taille critique a trouvé des échos favorables au Maroc, se traduisant par la disparition de plusieurs petites entités et par un certain nombre de rapprochements, dont le plus important et le plus récent est celui de BCM et Wafabank. La physionomie qu'affiche aujourd'hui le système bancaire marocain, que les observateurs avertis qualifient de système stable et sain, est néanmoins le fruit d'un long processus de réformes entamées depuis 1993, avec notamment l'harmonisation du cadre juridique du système bancaire. Un mouvement de décloisonnement était d'ores et déjà enclenché. Cette particularité, qui permettait de faire la distinction entre banques et organismes financiers spécialisés (OFS), allait dès lors disparaître. Du moins en ce qui concerne certains organismes, à l'instar du CIH et de la BNDE qui se voyaient autorisés à recevoir des dépôts et à consentir des financements à court terme. Ces OFS, qui ont maintenu, malgré tout, leurs spécificités ont par conséquent effectué un glissement progressif en intégrant, dans leur métier de base, des opérations qui relevaient traditionnellement des banques. Dans la même foulée, le champ d'intervention des établissements de crédit s'est élargi : la nouvelle législation en place leur permettait, en effet, de développer d'autres activités telles que l'assurance. Ces réformes n'ont pas été cependant sans heurts, du fait de leurs limites. Certains établissements publics, à l'instar du CIH, n'ont pu survivre à leur intégration au marché, autrement dit à l'environnement hautement concurrentiel du secteur gouverné par une logique de profit, que grâce au concours de l'Etat, mais également des autres établissements bancaires de la place. Tout autant, les réformes initiées n'auront pas épargné la Banque Centrale, dont l'ambiguïté des relations avec certains établissements publics a été pointée du doigt. Elle a vu, de ce fait, ses statuts «revus» et sa mission redéfinie, pour être en phase avec l'évolution du microcosme bancaire... Mais si cette réforme du marché financier devait être un palliatif aux financements onéreux qu'exige le crédit bancaire, il faut pourtant remarquer que le financement désintermédié, par le canal boursier, reste encore relativement faible.