L'évènement de la fin de semaine dernière avait pour théâtre l'IHEL (Institut des études hispano-lusophones) à Bab Al Irfane de Rabat, en réunissant des personnalités des mondes politique, culturel et universitaire et de la société civile des deux rives, mobilisé au sein d'un véritable forum maroco-ibéro-latino-américain interpellé sur le nouveau projet de Mare Nostrum. La «Convivencia» (aptitude à vivre ensemble) fut le concept qui a dominé les débats de la rencontre. Tout semble indiquer un dégel des tensions politiques entre les deux royaumes voisins du détroit de Gibraltar depuis les provocations espagnoles à Sebta et Melilla et tous les observateurs ont pris acte de la présence remarquée, au colloque de l'IHEL, des Conseillers du Souverain Abdelaziz Méziane Belfkih et André Azoulay aux côtés de ministres du gouvernement d'Abbas El Fassi, notamment Ahmed Akhchichen, Nizar Baraka et Nouzha Skalli. Sans oublier les anciens poids lourds comme l'ex-argentier du Royaume Fathallah Oulalou. Mais ce qui est plus frappant, lors de cette rencontre des 25 et 26 janvier portant sur la thématique «Repenser la Méditerranée pour mieux vivre ensemble», c'est la présence de l'ancien Premier ministre espagnol Felipe Gonzales accompagné de l'ambassadeur au Maroc Luis Planas Puchades, ainsi que d'autres représentants de marque de la société civile espagnole à l'instar de Carmen Romero, présidente du Cercle Méditerranéen, instigatrice de ce rendez-vous avec Oumama Aouad Lahrech, Directrice de l'IHEL. Une dizaine de pays du Maghreb (Algérie, Tunisie, Maroc), d'Europe (Italie, Espagne, France) et d'Amérique latine (Chili, Mexique et Uruguay) étaient présents parmi lesquels on notera la participation de l'ancien chef d'Etat chilien, Fernando Florès. Toutes ces indications témoignent à l'évidence, dans la foulée de la tenue sur notre territoire du Dialogue 5+5 (où justement le Maroc et l'Espagne ont été désignés pour présider chacun des deux groupes partenaires) et du séminaire Maroc-UE sur le statut avancé, d'un réchauffement des relations entre le Maroc et l'Espagne. Un réchauffement porté, comme l'avait souligné le président de l'Université Mohammed V de Rabat-Agdal, Hafid Boutaleb Jouteï, par les deux «alma mater» que sont Carmen Romero et Oumama Aouad, actives en parfaites complices de la société civile des deux côtés du détroit pour insuffler un dynamisme nouveau au processus d'échanges et de dialogue culturel entre les pays du pourtour du bassin. Le ministre de l'Education nationale et de l'Enseignement supérieur a tenu à apporter son témoignage sur ce point en soutenant que «ce projet a été porté par deux femmes méditerranéennes. A travers elles, je salue le militantisme de toutes les femmes engagées dans la construction de cette Méditerranée que nous appelons de tous nos vœux». Un grand nombre de penseurs, écrivains, décideurs et leaders d'opinion au Maghreb, dans le Vieux continent et en Amérique latine ont tenté de définir les impératifs d'action des nouveaux acteurs de la Méditerranée aptes à consommer la rupture définitive avec les conflits, les déchirements et le choc des civilisations pour réussir, par la solidarité agissante des sociétés civiles de ces pays, à réussir le vaste projet d'une Union méditerranéenne, là où les pouvoirs politiques ont soit échoué soit achoppent toujours sur des résistances manifestes. Ahmed Akhchichen Les «vocations» naturelles du Maroc Le secteur universitaire en provenance du Maghreb, d'Europe et d'Amérique latine était bien représenté à cette rencontre à l'IHEL de Rabat pour échanger sur les nouveaux acteurs de la rupture en Méditerranée favorables à «una mejor convivencia» pour citer encore une fois l'ambassadeur espagnol au Maroc, Luis Planes Puchades. Le président de l'Université Mohammed V de Rabat-Agdal, Hafid Boutaleb Jouteï a tenu à souligner, à l'occasion du cinquantenaire de cette haute institution académique, que «le débat que nous entamons aujourd'hui confirme l'ancrage maghrébin et méditerranéen du Maroc et la vocation de l'université marocaine dans la construction de l'espace euro-maghrébin. Le Maroc est un acteur incontournable dans la région euroméditerranéenne. J'en veux pour preuve les importantes réunions politiques qui se sont tenues cette semaine dans la capitale marocaine autour du Statut Avancé au sein de l'Union européenne et du Dialogue du Groupe des pays 5+5, à savoir ceux de la Méditerranée occidentale». De son côté, le ministre de l'Education nationale, de l'Enseignement Supérieur, de la Formation des cadres et de la Recherche scientifique s'est attaché à mettre en relief la double vocation naturelle et géostratégique du Maroc en tant que «Terre d'accueil, de rencontres et de confluences culturelles». En faisant allusion, lui aussi, aux deux grandes réunions régionales évoquées par Jouteï et tenues sur notre sol, Ahmed Akhchichen a souligné que : «tous ces faits confirment la vocation méditerranéenne et euro-maghrébine du Maroc». Le ministre a, notamment, relevé que cette rencontre sur ce thème se distingue des autres forums internationaux par sa capacité à associer d'autres acteurs géographiquement éloignés du Mare Nostrum, mais culturellement et politiquement très proches. Oumama Aouad Lahrech Ambassadrice culturelle et universitaire La très dynamique directrice de l'IHEL, habitée par une «rare ténacité et passion» dans l'animation de la vie académique, culturelle et universitaire des deux côtés du détroit et jusqu'en Amérique latine, est la pionnière au Maroc pour avoir offert à son pays «un outil de diplomatie culturelle et universitaire» ouvrant les voies du dialogue interculturel avec les nombreux pays du monde ibérique (Espagne, Portugal) et latino-américain. Le professeur Oumama Aouad Lahrech a joué et continue de jouer un rôle majeur, par l'organisation de rencontres internationales au Maroc, l'édition de publications et de livres, la signature d'accords de coopération, le montage d'un fonds bibliothécaire et autres), dans le rapprochement des deux rives du Bassin. Non sans convictions personnelles bien ancrées lorsqu'elle insiste qu'avec «tous ces pays, le Maroc partage une histoire et des référents culturels et, sinon une proximité géographique, de profondes affinités humaines et socioéconomiques».