Le Maroc a toujours tenu à afficher son attachement à l'édification du Maghreb et à réitérer que l'union maghrébine ne pourra se faire au détriment de sa souveraineté nationale et de son intégrité territoriale. Car autrement, un espace bâti sur la division et le séparatisme est naturellement voué à l'effondrement et à l'écroulement. Cette vision ne semble pas être partagée au-delà de Zouj Bghal. Qu'importe ! Il est clair qu'on ne peut rien construire ensemble lorsqu'on diverge sur des principes de fond, qui de surcroît, sont aussi névralgiques que vitaux pour nous. La diplomatie algérienne, relayée par une presse de caniveau, reste fidèle et immuable quant à ces clichés éculés qui s'efforcent à présenter le Maroc comme une force d'occupation faisant vivre tout un peuple sous le «joug colonial». Cette même diplomatie et cette même presse présentent l'Algérie, avec emphase et sans vergogne, comme le sauveur de ce «peuple opprimé» et le défenseur du droit des peuples à l'autodétermination. Une ONU parallèle, à nos frontières orientales ... ! Autant de calomnies et d'assertions malveillantes que de ragots à l'encontre du Maroc, dont le seul tort est de vouloir préserver sa souveraineté et de défendre l'intégrité de son territoire. Un territoire, que l'Algérie souffrirait de voir marocain. Il semble, que l'Algérie, dernière nation du Maghreb à accéder à l'indépendance, ne tolère pas qu'un autre pays de la région, le voisin marocain rival en particulier, défende ses frontières et ses terres libérées à la suite d'un combat vaillant, digne, juste et courageux. Puisant profondément dans un négationnisme dont elle accuse les autres, l'Algérie cherche à instaurer une certaine forme de primauté dans la lutte, de monopole dans la résistance et d'exclusivité dans le combat pour la libération. À ses yeux, toujours rivés sur 1962, aucune autre nation ne pourrait mériter les vertus et les attributs de guerriers, de résistants, de martyrs… pour la seule raison qu'aucune autre lutte nationale ne vaut celle que les algériens avaient menée de 1954 à 1962. Une lutte respectable mais qui ne devrait pas être sacralisée ou tendre à s'arroger le monopole du martyr. Chaque peuple a ses héros et chacun a payé sa liberté au prix de sang versé. Ce sectarisme est devenu maladif chez nos amis algériens. Pis encore, depuis l'indépendance, tous les dirigeants algériens sont issus de ce clan-là maintenant tout un pays et tout un peuple, dans une logique de légitimation révolutionnaire au lieu de les faire évoluer vers une logique nationale et populaire. Et ce n'est qu'à cette condition, que le jeune peuple algérien se libérerait de l'emprise de ses vieux dirigeants. Ce sont ces mêmes dirigeants qui professent une animosité viscérale envers le Maroc, qui est devenu un alibi pour justifier tous ces juteux contrats d'achats d'armes qui font les choux gras des constructeurs étrangers au lieu de faire profiter le peuple algérien de cette manne pétrolière qui renfloue les caisses de l'Etat et qui en sort aussi rapidement, sans laisser traces d'un enrichissement de ce peuple qui a payé très cher le prix de sa liberté. Dans ce contexte, comment évoquer des perspectives d'une étroite coopération devant conduire à l'édification d'un Maghreb uni et solidaire, alors que l'union et la solidarité font défaut à cet espace que réunit pourtant la culture, la religion, la langue et les traditions ? Il faut donc, inéluctablement préparer les conditions de convergence des points de vue, d'assainissement des états d'esprit, d'adoucissement des langages et des discours, de normalisation des relations bilatérales, de mutualisation des intérêts et de fraternisation des cœurs. C'est à ce prix que le Maghreb sera bâti, que ce rêve, resté longtemps dans les limbes, sera réalisé, que ce dessein prioritaire et cher à tous les maghrébins sera atteint. Ce rêve est grand mais…qu'il est beau ! Ce chemin est long mais…qu'il est honorable ! Attitude hostile Pour ce faire, il faudrait renoncer à cette ornière qui fait que l'Algérie réclame au Maroc, sans habilitation, des préalables et lui dicte sans droit des solutions et des conduites. Rien ne l'habilite à porter la parole d'une population habitant à l'intérieur de nos frontières. Qu'elle cesse de s'ingérer dans les affaires intérieures d'un pays souverain et qu'elle contribue positivement et activement à trouver une issue à cette question, sinon qu'elle nous laisse faire sereinement et paisiblement. Son attitude hostile, bloque ce processus de règlement consensuel, alors qu'elle se doit, si elle était vraiment attachée à la construction maghrébine, de contribuer à trouver une solution. Car d'un Maghreb bâti sur les ruines du Sahara, nous n'en voulons pas ! D'excellentes relations maroco-algériennes payées au prix du renoncement à notre Sahara, érigé en condition préalable, nous ne l'accepterons jamais ! De ce fait, pour réaliser une Union du Maghreb viable, il faudrait éviter quatre choses, qui sont en même temps des préalables et des gages d'avenir : Pas d'ingérence ! Pas d'hégémonisme ! Pas d'individualisme! Pas de nationalisme exacerbé ! En somme, une feuille de route où devraient également figurer les impératifs de Solidarité, de Coopération, de dialogue et de partage. L'Algérie, officielle comme officieuse, appelle le Maroc à entendre la voix de la raison. Cette «raison» veut que le Maroc, au pire, renonce à une partie intégrante de son territoire et au meilleur, organise un référendum d'autodétermination. Dans ces conditions d'adversité rien ne pourra se faire. Il faudrait plutôt se résoudre à l'idée que le Sahara est définitivement marocain et que le Maroc, tenant compte de sa force mais aussi du blocage de la situation, s'est engagé à mettre en place un système d'autonomie élargie et substantielle dans cette région en investissant les responsables locaux de la quasi-totalité des pouvoirs. Et ce, pour tourner la page du passé, ouvrir une nouvelle et surtout pour enlever cette épine qui empêche le Maghreb d'avancer et d'aller de l'avant vers la création d'un véritable espace communautaire solidaire, fusionnel et intégré. Ainsi, nous aurons payé notre part, il reste aux algériens de payer la leur. Il semble que leur situation financière leur permet d'acheter beaucoup de choses, il est temps d'investir dans des richesses immatérielles ; elles sont pérennes et plus valeureuses. Le Président Bourguiba disait que l'Algérie ne voulait pas le Grand Maghreb, mais la Grande Algérie. Ce jugement de valeur qui semble d'actualité, ne venant pas de nous, l'on ne pourrait donc nous accuser de bloquer cet élan maghrébin, ni de le tenir en échec, puisque nous n'avançons pas d'intentions hostiles d'hégémonie et des velléités de leadership régional. Nous aspirons seulement à instaurer un espace de dialogue, de communication et d'échange… En somme un espace harmonieux, fraternel, complémentaire et prospère. En somme, notre main est tendue à l'amitié autant qu'elle peut être ferme dans l'adversité.