Risque “incendie” de la Samir Sanad, compagnie d'assurance qui appartient au groupe Holmarcom, est le chef de file des compagnies qui assurent la couverture du risque “ Samir ”. Malgré l'immensité du sinistre, le patron de Sanad estime qu'il sera correctement et totalement indemnisé en fonction des conclusions d'un rapport d'expertise et d'évaluation en cours d'élaboration. En attendant ce rapport, la direction de la Samir avance déjà un chiffre : 1,5 milliard de dirhams constituent une première estimation de l'ampleur des dégâts. Un milliard, 1 milliard 500 millions, 2 milliards de dirhams…etc. Les montants les plus astronomiques de l'assurance au Maroc sont évoqués dans les couloirs des compagnies sur fond d'une crise qui secoue, depuis quelques semaines, l'une des branches les plus sinistrées du secteur, les accidents du travail. Mais, depuis lundi soir, jour de l'incendie qui a ravagé la raffinerie de Mohammédia, l'un des plus gros sinistres marocains de tous les temps, le débat autour de la problématique des accidents du travail a cédé la place à ce que devront payer les compagnies qui assurent le risque “Samir” pour couvrir les indemnités du sinistre. Contrairement à ce que pensent bon nombre d'observateurs, les catastrophes naturelles sont bel et bien couvertes par l'assurance au Maroc. “Il suffit tout simplement de les assurer”, explique Abdeltif Tahiri, administrateur directeur général de la compagnie d'assurance, Sanad, rachetée en 1999 par le groupe Holmarcom pour former avec la compagnie Atlanta, l'autre filiale du groupe, un pôle d'assurance qui ambitionne de rivaliser avec les “grands”. Dans le cas spectaculaire de “Samir”, Tahiri affirme que la raffinerie sinistrée sera correctement indemnisée jusqu'au dernier centime. Et d'ajouter : “on n' attend que le rapport d'expertise et d'évaluation qui est en cours d'élaboration par plusieurs experts nationaux et internationaux”. Mais, cette semaine, un rapport préliminaire sera livré. Ce rapport, estime Tahiri, fera état d'une première estimation des dégâts et d'un bilan sommaire des pertes subies par la raffinerie sur le plan humain et matériel. Quant au montant que devront débourser les compagnies qui font partie du consortium d'assurance qui couvre le risque “Samir”, il est encore trop tôt pour le chiffrer. Le chiffre de 1,5 milliard de dirhams, avancé par Abderrahman Saâidi, directeur général de la raffinerie, lors d'une conférence de presse organisée dans une salle archi-comble d'un prestigieux palace à Casablanca, n'est pas définitif. Il n'est qu'une simple estimation donnée pour assouvir les requêtes insistantes des journalistes. Même le patron de Sanad estime que ce chiffre est à confirmer. Seules, en effet, les études d'évaluation et d'expertise peuvent fournir des indications crédibles et réelles sur l'ampleur des pertes et le montant à mettre au passif des compagnies d'assurance. Ce sinistre que d'aucuns estiment rocambolesque va-t-il causer la faillite des compagnies d'assurance qui couvrent le risque ? ( voir graphique ci-dessus). “Pas du tout” estime Tahiri dont la compagnie qu'il dirige depuis plusieurs années assure le risque “Samir” depuis 1976, bien avant sa prise de fonction en tant que directeur général de Sanad. Le risque “incendie” de la raffinerie est couvert par plusieurs compagnies dont Sanad constitue le chef de file avec 89,60% du risque. 10% de cette part de risque est réassurée, comme le stipule la loi sur les assurances au Maroc, auprès de la SCR ( Société centrale de réassurance) sous forme de réassurance légale. Mais, comme le risque “Samir” est important, Sanad ne peut pas assurer, à elle seule, la couverture de cette part de risque. Les règles de la profession lui permettent de souscrire une réassurance dite facultative auprès de compagnies étrangères dont le savoir-faire et l'expérience vont aider la compagnie nationale à faire face à la réalisation effective du risque. C'est la SCOR, compagnie française d'assurance et de réassurance, qui a été choisie pour prendre en charge cette réassurance. Sanad a souscrit 90% de sa part du risque “ Samir ” auprès de cette compagnie. Ses experts dans la réassurance des hydrocarbures sont aujourd'hui en visite au Maroc pour effectuer les audits et les diagnostics nécessaires sur les unités sinistrées de la raffinerie. Mais, Tahiri ne mâche pas ses mots : “Ces mêmes experts se déplacent chaque année pour établir des rapports annuels sur l'état des unités et leur degré de sinistralité”. “La dernière visite fut organisée en octobre dernier”, ajoute le patron de Sanad qui estime personnellement que la direction de la Samir n'est pas responsable du sinistre qu'elle a subi. Il ajoute en substance que les experts dans la réassurance des hydrocarbures n'ont relevé, dans leurs rapports respectifs, aucune négligence de la part de la direction de la raffinerie quant à un manque d'entretien ou de maintenance des unités de production. “Du moment qu'elle paie régulièrement ses primes, Samir a bien droit à une indemnisation en cas de sinistres”, conclut Tahiri qui estime ces primes à quelque 30 millions de dirhams, payées chaque année par la Samir, au seul titre du risque “incendie”.