L'entrée de la CDG dans le capital d'Atlanta et de la Sanad (deux entités du groupe Holmarcom) à hauteur de 40% donne naissance au troisième assureur du Maroc. La première sortie de presse des deux partenaires a été consacrée aux projections d'avenir. «Ce n'est pas une réponse du berger à la bergère !», déclare Mustapha Bakouri, lors de la première conférence de presse donnée suite à la prise de participation de la CDG à hauteur de 40% dans le capital des deux sociétés d'assurance du groupe Holmarcom, à savoir la Sanad et Atlanta. Mercredi 5 octobre 2005, le directeur général de la CDG et le président du groupe Holmarcom, Mohamed Hassan Bensalah, ont expliqué à la presse leurs motivations réciproques. Dans l'immédiat, l'opération leur permet de contrôler 14% du marché des assurances au Maroc. Le futur pôle, dont une étude en cours, déterminera la configuration finale (fusion des deux entités ou spécialisation) sera le troisième assureur du pays, avec d'immense possibilités de développement. Comme l'a rappelé le directeur Général de la CDG, le marché marocain des assurances est dominé par la partie obligatoire. Par conséquent, il y a beaucoup à faire dans la prévoyance, l'accompagnement des investisseurs et la gestion de divers risques. Pour la Caisse de dépôt et de gestion qui, dès 2002, convoitait une position stratégique dans le secteur sans toutefois devenir un acteur de premier plan, cette opération constitue une opportunité. Celle d'accompagner dans leur développement deux entités en phase de croissance. En effet, avec un chiffre d'affaires de 730 millions de dirhams, des parts de marché de 6,15% et une position marquée sur l'assurance non-vie (41% contre 17% pour l'assurance vie), Atlanta occupait avant ce rapprochement le 7e rang dans le marché marocain. Quant à la consœur, la Sanad, dans le giron du groupe Holmarcom depuis 1999, elle est surtout positionnée dans la couverture des risques industriels. D'où un portefeuille clientèle bien étoffé avec, entre autres, la Samir, l'OCP, Marphocéan, Drapor, ODEP et Tanger Med. A valeur d'aujourd'hui, la Sanad contrôle 6,99% des parts du marché marocain, ce qui la place au cinquième rang. L'une des caractéristiques majeures de la société demeure sa marge de solvabilité confortable (172%), des frais généraux limités (avantage des gros contrats) et une faible présence sur l'assurance des personnes (2,61%). Ce sera certainement là, au niveau de l'assurance vie, que la synergie entre la CDG et le groupe Holmarcom est très attendue. De part et d'autre, ce rapprochement s'inscrit parfaitement dans le schéma de développement des deux entités. Chez le groupe Holmarcom, comme l'a rappelé le président, Mohamed Hassan Bensalah, «il y avait une volonté de développer notre pôle assurances depuis 1994». D'où tour à tour, un premier levier de croissance avec l'augmentation du chiffre d'Atlanta, suivi en 1999 d'une accélération avec une deuxième phase de croissance interne par le rachat de la Sanad. «Aujourd'hui, conclut M. Bensalah, nous aboutissons à une troisième phase, celle du partenariat stratégique». Bref, il s'agit d'un partenariat gagnant pour l'un et pour l'autre. Les deux entités ont été cédées avec une valeur d'entrée de 440 millions de dirhams, ce qui, tient à préciser M. Bakouri, n'a rien à voir avec leur valeur réelle. Il s'agit plutôt d'une évaluation basée sur les synergies possibles. Pour le moment les différentes autorités concernées se montrent plutôt favorables à ce rapprochement qui n'est pas sans rappeler les changements intervenus dans le capital de la CNIA. Les deux opérations ne sont pas liées, tient-on à rappeler côté CDG où la participation dans la CNIA, gérée à travers le pôle financier du groupe, est considérée comme étant «purement financière». En mai 2004, la Caisse de dépôt et de gestion a proposé une offre sur la CNIA qui n'a pas abouti à cause principalement du prix. «Nous avons donc préféré évoluer», dixit M. Bakouri. Le schéma d'évolution future des deux sociétés reste suspendu aux différentes études en cours. Mais compte tenu du désir des partenaires à se renforcer sur la branche assurance-vie, moins lotie, le rapprochement vers une banque de la place n'est pas à écarter dans le futur plus ou moins proche. Dans cette configuration, le CIH semble tout indiqué.