a décision du Congrès américain du 26 septembre dernier portant sur la mise en place d'un Etat fédéral en Irak, formé de trois départements, chiite au Sud, Sunnite au Centre et Kurde au Nord, avec un pouvoir central à Bagdad ainsi que la répartition des revenus pétroliers entre ces parties, a suscité un grand tollé aussi bien sur le plan interne qu'externe. C'est la première fois depuis l'occupation américaine que des forces politiques irakiennes et des Etats voisins s'accordent à critiquer et contester cette décision américaine émanant conjointement des Républicains et des Démocrates. Cette initiative américaine a provoqué les Etats de la région ainsi que ses dirigeants et ses populations. La première contestation est venue du chef d'état-major de l'armée turque qui craint un «démantèlement» de ce pays voisin. Ce qui engendrera l'émergence d'un Etat indépendant au Nord de ce pays et à ses frontières qui pourra aider les Kurdes de Turquie à tenter de suivre la même voie. La même crainte provient également de la Syrie qui a fait savoir d'emblée qu'elle s'opposera à cette partition qui entraînera sans doute le démantèlement de ce pays frère arabe. Pour les pays du CCG (Conseil de coopération du Golfe), le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Saoud al-Fayçal a, bien avant la décision du Congrès américain, mis en garde contre cette partition, voire démantèlement de l' Irak. Le chef de la diplomatie saoudienne a déclaré que son pays et ses pairs arabes et du Golfe, n'accepteront, en aucun cas, ce sort imposé par l'étranger. Seule la position de l'Iran est restée floue, malgré les quelques déclarations appelant à l'unité de ce pays voisin. L'idée de la partition de l'Irak n'est pas nouvelle. Reste à savoir maintenant qui veut la partition de ce pays arabe. Les Kurdes le veulent mais Ankara, Téhéran et Damas ne leur permettront jamais d'atteindre cet objectif. En dépit de cette réalité, ils tentent de concrétiser la plus grande marge d'autodétermination pour signer des accords avec des compagnies pétrolières étrangères qui sont contraires aux lois du pays. De son côté, le Haut Conseil de la révolution islamique veut, à son tour, créer un mini Etat chiite au sud de l'Irak. Notamment après que son chef, Abdel Aziz al-Hakim et son fils Ammar, soient devenus des agents des américains après avoir été, longtemps, les agents des Iraniens. La partition de l'Irak sera-t- elle imposée à l'Irak ? Et, est-ce que «Bilad Al-Rafidaïnes» est un début ou une fin ? Les Arabes, les plus concernés par cette catastrophe qui se dessine à l'horizon, sont loin de mesurer son ampleur. Si les néo-conservateurs aux Etats-Unis réussissent à imposer le démantèlement de l'Irak, pourquoi ne vont-ils pas plus loin pour tenter de répartir le reste des pays du Moyen-orient sur des bases ethniques, ou confessionnelles, afin qu'Israël devienne l'essentiel de cette région et non l'exception. L'irak n'est qu'un début. Les Américains et les Occidentaux l'ont mis sous embargo pendant 13 ans pour mûrir, afin de mieux le cueillir. Ils ont encouragé la guerre civile après avoir spolier ses richesses, démanteler son armée et inciter plus de 5 millions de sa population à fuir après en avoir tué plus d'un million. Après tout ce cirque, le Congrès vient maintenant nous convaincre que la situation qu'ils ont créée ne pourra plus persister. De ce fait, le seul remède est la partition ! Les Américains et leurs alliés sont déterminés à imposer cette partition qui finira par démanteler l'Irak. Les crimes perpétrés par les différentes sociétés de sécurité, les histoires de corruption et de détournements de fonds par milliards de $, le retrait ou l'augmentation des troupes, ne sont, en réalité, qu‘un camouflage de l'objectif principal : la partition du pays. Pour conclure, ce que les Arabes sont en train de subir en Irak, à l'heure actuelle, dépasse de très loin la démocratie, l'anarchie ou l‘intégrisme. Le plan mis en place aujourd'hui, plus particulièrement après l'échec des Américains, consiste à démanteler l'Irak. Mais cela ne résoudra pas le problème de George Bush et de ses faucons car il n'est pas concevable. Il suffit d'observer attentivement la situation dans la capitale Baghdad. Cette dernière, qui est la capitale des sunnites, des chiites et des Kurdes, est située au Centre de l'Irak, c'est-à-dire, dans le soi-disant département sunnite. Est-il possible, le cas échéant, de la laisser aux sunnites et de déplacer des millions de kurdes de Baghdad vers le sud et le nord ? Les réactions des Irakiens et des Arabes du voisinage, face à la décision du Congrès américain, ont été contre virulentes. Mais, on ne voit pas comment ils pourront traduire cette riposte sur le terrain. Surtout qu'ils sont loin de prendre la moindre initiative. La réponse exige plus qu'un communiqué de La ligue Arabe ou d'un Sommet arabe. Ce que ces Arabes ne possèdent pas jusqu'à présent.