La Gazette du Maroc s'est rendue dans les quartiers généraux (QG) de trois grands partis politiques : l'Istiqlal, le PJD et l'USFP. Malgré les multiples différences qui caractérisent le travail des uns et des autres, un seul dénominateur commun et un seul mot d'ordre sous forme de slogan : Sérieux et Professionnalisme. La campagne électorale bat son plein. Si dans les rues, dans les souks et dans les meetings de campagne, une foule de militants s'active pour distribuer les tracts et défendre les couleurs de tel ou tel candidat, cela ne signifie pas que le tour est joué. Et pour cause, derrière, il y a des soldats de l'ombre. Dans chaque parti politique, une cellule est mise en place pour assurer un suivi, au jour le jour, heure par heure, et minute par minute de l'ensemble des circonscriptions électorales. La Gazette du Maroc s'est rendue à trois sièges de partis politiques à la rencontre des membres de ses cellules. Au parti de l'Istiqlal, tout d'abord, c'est un jeune cadre, et non moins membre du puissant et prestigieux Comité exécutif et dont l'avenir lui réserve certainement beaucoup de bonnes surprises, qui est le maître des lieux. Nizar Baraka, est le directeur de campagne. Il est à la tête de quatre cellules qui travaillent d'arrache-pied sur les élections. La première cellule, explique Nizar, se charge de la programmation des passages télévisés des spots publicitaires de l'Istiqlal et autres interventions de représentants du parti sur les plateaux des deux chaînes nationales. La deuxième cellule qui s'occupe de la radio, élabore les textes à diffuser. C'est ainsi que deux formules ont été retenues : une pièce de théâtre où plusieurs intervenants jouent un rôle et traitent d'un aspect particulier du programme du parti, ainsi qu'un système de questions-réponses où un cadre du parti répond à des questions posées par un journaliste, le tout préalablement préparé. Par ailleurs, la troisième cellule a pour tâche d'effectuer une veille communicationnelle et audiovisuelle, en faisant le point sur tous les articles qui s'écrivent sur le parti et sur la campagne électorale de manière générale. Enfin, la quatrième cellule a pour mission d'animer et d'alimenter le Site Internet du Parti qui a été stoppé quelques jours, pour cause de piratage. Mais après son lancement, le nombre de visiteurs a atteint les 35.000 (contre 10.000 à peine auparavant). «En somme, nous voulons montrer, à travers cette campagne, que le parti de l'Istiqlal vibre par une dynamique interne, mais en même temps, nous assumons le bilan gouvernemental, car la démocratie signifie rendre des comptes aux citoyens». Les NTIC au service du PJD Au PJD, c'est Jamaâ El Moatassim, un parlementaire de la deuxième Chambre (le seul que compte le parti d'El Othmani chez les Conseillers) qui assure pour la deuxième fois la direction de la campagne électorale. De prime abord, El Moatassim, qui se balade avec deux téléphones portables à la main, assure que le PJD compte énormément sur les Nouvelles technologies de l'information dans son travail. Et pour cause, pas moins de 1600 portables fonctionnent en réseau chez le PJD. Ces portables sont distribués sur l'ensemble des 95 circonscriptions du Royaume. «Le but est de rester en contact permanent avec le candidat en tête de liste, le secrétaire provincial du PJD, le directeur de campagne dans la circonscription, le responsable des médias de la circonscription, et le conseiller juridique du candidat», explique Jamaâ El Moatassim. Par ailleurs, chaque soir, tout ce beau monde rédige un rapport adressé à la commission centrale, en y consignant les moindres faits survenus au cours de la journée. Le siège du PJD grouille comme une fourmilière. Et pour cause, 40 personnes travaillent chaque jour dans cette villa du quartier des Orangers à Rabat. «Nous avons même une cuisine qui prépare des dizaines de plats par jours pour les employés et les cadres ainsi que pour tous les visiteurs qui affluent vers le siège du parti», explique El Moatassim. A l'USFP, les choses sont également aussi bien organisées que chez les deux premiers partis politiques. Là aussi, on retrouve quatre cellules. La première est juridique. «Elle a travaillé, en amont, bien avant le début de la campagne électorale», explique Abderrazak Hannouchi, véritable cheville ouvrière au sein de la Commission nationale de suivi des élections. Aujourd'hui, cette cellule juridique est composée de jeunes avocats du parti et apporte, bénévolement, tout le soutien nécessaire dans la rédaction des plaintes en cas d'infractions relevées par les candidats de l'USFP dans les circonscriptions. La deuxième cellule est dédiée aux meetings. En contact direct et régulier avec les candidats, cette cellule coordonne avec les autres instances du parti (jeunesse, secteur féminin, …) pour assurer une bonne couverture des meetings organisés un peu partout à travers le pays. La troisième cellule, poursuit Abderrazak Hannouchi, est en fait un observatoire de la campagne dans sa globalité. Sa mission est de recueillir, via plusieurs canaux (presse, vaste réseau de militants, …), toutes les informations concernant l'action des candidats de l'USFP et leurs concurrents. Par la suite, un rapport est rédigé afin de rectifier les erreurs commises ou en revanche, généraliser sur le territoire national une expérience réussie dans une circonscription donnée. Enfin, la dernière cellule de l'USFP concerne les médias et les relations avec la presse. Les multimédias sont, pour elle, un outil indispensable. Cette cellule est également responsable des spots télévisés, réalisés en étroite collaboration avec une agence de communication, de la conception des imprimés et leur contenu, du training pour les cadres du parti qui passent à la télévision, sans compter la conception d'un dossier de presse complet contenant toutes les informations sur les candidats du parti. En somme, ces trois partis politiques prennent les choses au sérieux. Bien évidemment, certains sont plus efficaces que d'autres. Notamment sur le plan de la célérité de la circulation des informations de la circonscription jusqu'au siège du parti, sur la beauté esthétique des spots télévisés, sur l'ampleur de l'utilisation des technologies de l'information... Mais cela est une autre question. Nous ne procèderons pas à un comparatif entre telle ou telle cellule, ou tel ou tel directeur de campagne. D'ailleurs, il n'y a aucun intérêt à pratiquer cette gymnastique intellectuelle. Ce qui est certain, c'est que tous croient en une cause et tous travaillent de manière professionnelle et sérieuse. Pour l'électeur, c'est le plus important. Le reste ce n'est que du goût, qui ne se discute pas, comme tout le monde sait.