Ahmed Osmane, président du RNI, a rassemblé les chefs des partis de la majorité pour sauvegarder l'unité de leurs rangs à l'occasion des élections des présidents des communes. Une cellule de travail a été créée pour étudier tous les cas litigieux. Juste après l'annonce des résultats du 12 septembre 2003, les tractations ont commencé dans pratiquement toutes les communes du Maroc, entre les différents conseillers communaux. Les candidats au fauteuil de la présidence ont commencé à approcher tous les élus. Parfois, des alliances contre-nature ont été formées. Dans "la bourse des élections", le prix de la voix a grimpé de manière spectaculaire. Une voix décisive peut valoir jusqu'à un million de DH. En outre, les partis de la majorité gouvernementale se sont avérés incapables de se mettre d'accord sur un candidat, essentiellement dans les grandes villes. C'est le cas à Casablanca et à Marrakech où les deux plus grands partis de la majorité, l'Istiqlal et l'USFP, se livrent une bataille sans merci pour la présidence de la commune urbaine. Face à ces dérapages multiples, un homme a fini par prendre les devants: Ahmed Ossman, président du RNI. En effet, ce dernier a entrepris de rencontrer, en tête-à-tête, le secrétaire général du Mouvement Populaire (MP), Mohand Laenser. Cette entrevue, qui s'est déroulée en début de semaine, avait pour but de trouver les moyens de sauvegarder l'alliance gouvernementale. Le MP a, rappelons-le, de fortes chances de remporter la mairie de Rabat (Moulay Omar Bahraoui) et de Salé (Driss Sentissi). Laenser a fait part à Ahmed Ossman, lors de leur entretien, des contraintes du MP ainsi que les autres formations de la mouvance populaire, le MNP de Mahjoubi Ahardane et l'UD de Bouâzza Ikken. Mercredi, Ahmed Ossman a reçu dans son domicile le premier secrétaire de l'USFP, Abderrahmane Youssoufi et le secrétaire général de l'Istiqlal, Abbas El Fassi. Les trois personnes ont été rejointes par le secrétaire général adjoint de l'USFP, Mohamed El Yazghi. Les discussions qui ont eu lieu à bâtons rompus ont essentiellement porté sur les litiges que l'USFP et l'Istiqlal ont dans plusieurs grandes villes. En tout cas, les quatre hommes ont convenu que les différents litiges doivent être réglés par consensus. Résultat: un seul critère doit primé, en l'occurrence, le nombre d'élus dans le conseil. En clair, le parti qui a obtenu le plus grand nombre de sièges doit être soutenu par les autres. Ainsi, une cellule de travail a été créée pour se pencher sur les cas les plus difficiles. La première réunion a eu lieu le jour même, le mercredi 18 septembre, au siège du RNI. Cette cellule est composée de neuf personnes, trois de chaque parti, l'USFP, l'Istiqlal et le RNI. Le MP n'y siège pas. Ses intérêts devraient être défendus par le RNI à la lumière de la rencontre entre Laenser et Ossman. De même pour l'Alliance socialiste (PPS, PSD et Al Ahd) dont les intérêts sont représentés par l'USFP. La cellule de travail a traité ville par ville. Un consensus a été trouvé pour bon nombre d'entre elles. Ainsi, à Taza, Mohamed Bouddas du RNI sera soutenu par l'USFP et l'Istiqlal. A Fès, c'est le candidat de l'Istiqlal qui devrait occuper la présidence. Le poste de 1er vice-président reviendra, en principe, à l'UISFP. Le RNI, qui a obtenu un nombre limité de voix, se contentera de la troisième ou la quatrième vice-présidence. Toutefois, plusieurs cas demeurent irrésolus. C'est le cas de Casablanca, de Rabat et de Salé. A ce sujet, d'autres réunions auront lieu, dans les prochains jours, entre les différents membres de la cellule de travail. Cependant, la grande inconnue demeure l'étendue du poids de ces partis sur leurs propres élus. Réussiront-ils à leur imposer des consignes de vote? Nul ne peut être catégorique, surtout que certains élus ont miraculeusement disparu. Leurs états-majors sont incapables de les joindre pour leur signifier les décisions du parti. C'est le cas de certains élus de l'USFP à Salé.