Mohand Laenser, secrétaire général du Mouvement Populaire, dévoile dans cette interview, les grandes lignes du programme électoral de son parti. Il revient également sur les futures alliances et manœuvres politiques au lendemain du scrutin législatif du 7 septembre 2007. La Gazette du Maroc : Dans votre dernière présentation, lors de la conférence de presse sur votre programme électoral, vous étiez assez critique envers l'action gouvernementale ainsi que le gouvernement dont vous faites partie. Est-ce à dire que les ministres du MP n'ont rien à se reprocher ? Mohand Laenser : Nous ne critiquons pas le gouvernement et encore moins ses membres. Nous disons que le programme du gouvernement actuel est valable, mais qu'il n'a pas donné sa pleine mesure à cause de certains obstacles que nous proposons de lever à travers des mesures concrètes, efficaces et réalisables. Le programme électoral du MP que vous avez dévoilé lors de la conférence, comporte plus de 60 mesures. Peut-on savoir comment votre parti compte les financer ? Le mode de financement des mesures du Mouvement Populaire est fondé sur trois axes majeurs. Le premier vise à créer 100 000 emplois par an, avec les retombées importantes qui seront générées sur la part de l'impôt sur le revenu dans les recettes de l'Etat. Le second se base sur une gestion saine mettant en avant les résultats et l'efficacité, qui nous permettra de réaliser des économies importantes. Enfin, pour le troisième axe, nous prévoyons une moyenne de croissance de 5 à 6 %, tout en prenant en considération qu'une année sur trois, le Maroc est frappé par la sécheresse. Cette croissance nous permettra d'augmenter les recettes fiscales et douanières d'au moins 4 % par an. Plusieurs points que vous avez cités dans votre programme électoral figurent déjà dans le programme gouvernemental. C'est quoi au juste la valeur ajoutée du MP ? Tout d'abord, un grand nombre de nos mesures sont originales et ne figurent pas dans le programme du gouvernement. Cela dit, ce que nous proposons, ce sont des mécanismes qui nous permettent de rendre applicables les programmes ambitieux du gouvernement actuel. Car dans l'ensemble, les mesures sont valables mais c'est leur lenteur d'application et la recherche d'un unanimisme impossible vu la composition du gouvernement qui a empêché qu'elles donnent leur pleine mesure. Le MP se dit lésé dans les deux précédentes expériences gouvernementales ( vous n'avez pas eu suffisamment de portefeuille alors que vous êtes la plus importante force politique dans le pays ). Quel est le minimum requis pour participer au prochain gouvernement ? Il ne s'agit pas d'une question de minimum. Les conditions dans lesquelles nous sommes entrés en 2002 sont différentes de celles de 2007. Aujourd'hui, après la fusion opérée entre le Mouvement Populaire, le Mouvement National Populaire et l'Union Démocratique en 2006, nous représentons le premier groupe parlementaire du Maroc. Cependant en tant que parti responsable, le Mouvement Populaire ne voulait pas entraîner l'éclatement de la majorité actuelle à une année des élections législatives. Vous reprochez au gouvernement d'être disparate et formé de plusieurs formations politiques. C'est quoi, à votre avis, le chiffre raisonnable de partis qui peut vous pousser à participer dans le prochain gouvernement? Il ne s'agit pas véritablement d'un problème de chiffres, mais d'avoir un gouvernement composé de formations politiques qui partagent les mêmes convictions et les mêmes principes. Ceci dit, plus le nombre est réduit, plus la coordination est bonne. Nous regrettons également que le système électoral ne permette pas de dégager des coalitions fortes et ramassées. Lors de votre dernière présentation, vous avez dit que l'amazighe n'a pas atteint ses objectifs ( médiatisation, enseignement… ). Pensez-vous que c'est délibéré ? Si oui, qui est derrière ? Nous ne pensons pas qu'il y ait une volonté délibérée de qui que se soit. La décision concernant l'Amazigh est une décision royale, mais son application manque de détermination et de force. On a entendu parler d'un éventuel rapprochement entre le MDS et le MP. Est ce le début d'un regroupement politique de la famille haraki ? Nous sommes en discussion avec toutes les composantes MP et les décisions seront annoncées quand elles seront mûres. Ce qu'il faut saluer, c'est cette tendance réunificatrice qui vise la recomposition du champ politique tant attendu par tous les acteurs au niveau national. Est ce que vous avez tranché par rapport à la liste nationale ? Si oui quels sont les quatre premiers noms ? Nous n'avons pas encore tranché. La décision sera prise incessamment.