Présence du RNI au gouvernement A défaut d'occuper un grand poste, Ahmed Osman s'est résigné à couper la poire en deux en reconduisant trois ministres sortants et trois ministres anonymes. Une façon de tirer son épingle d'un jeu qui commence à le dépasser. Le Rassemblement national des indépendants est en train de vivre des moments intenses, où s'entremêlent la suspicion et la contestation, au lendemain de la désignation de ses représentants au sein du gouvernement. Bon nombre de militants et de notables de ce parti n'hésitent pas à exprimer leur désapprobation quant aux choix faits. Ceci s'illustre amplement au niveau de son groupe parlementaire dont certains membres n'y vont pas de main morte pour dénoncer la politique de parachutage opérée par le Président Osman. Mais cette nouvelle situation n'est qu'un épisode parmi toute la série des soubresauts politiques vécus par ce parti. Lesquels soubresauts ont été le résultat des tiraillements entre différentes ailes du parti par rapport à la ligne politique globale. Si Ahmed Osman a mis son parti initialement sur la voie du centre, il n'en demeure pas moins qu'il a tout fait pour que son parti soit un allié incontournable de la Koutla. Une ligne qui lui a généré des gains politiques considérables mais qui se confronte à l'autre option de Alaoui Hafidi et Taïeb Bencheikh, qui essaie de confirmer le caractère de droite du rassemblement et son alliance objective avec le Wifaq. Le premier devait, selon une source parlementaire, être parmi le peloton de tête qui a conduit la scission et constitué le PND ou tout au moins aux côtés de ses amis de l'UC. Le deuxième est au contraire un ex-communiste et marxiste qui a fait un virage à 180° pour devenir l'un des plus farouches adversaires de ses anciens camarades. Toutefois, les deux ont usé de toutes les techniques pour pousser le RNI vers la droite. A maintes reprises, donc, et devant les turbulences qui allaient anéantir le RNI, le dernier mot revenait à Ahmed Osman qui a su tout au long de deux décennies à redresser la barre de sa formation. Contestation Mais les résultats du scrutin du 27 septembre allaient sonner le glas à ces deux personnalités et du coup le RNI commença à retrouver ses repères politiques. Pas pour longtemps, puisque la désignation de ses représentants au gouvernement allait rouvrir les plaies. Et tout le monde de se rappeler que Ahmed Osman postulait au poste de Premier ministre ou tout au moins à un poste de haute responsabilité. Mais la nomination de Driss Jettou allait lui barrer la route. En effet, Osman et les RNIstes espéraient beaucoup profiter des querelles USFP–Istiqlal pour servir de soupape au pouvoir. Peine perdue, le pouvoir a eu ses propres calculs. La grogne n'a fait que s'amplifier au sein de ce parti qui, au lendemain du 27 septembre, allait sceller une alliance stratégique avec l'USFP. Mais en fin de compte, les vents ont tourné et toutes les alliances se sont effritées comme des châteaux de sable. Résultat, le RNI, quatrième formation selon le décompte des voix, n'a pu obtenir ni la Primature, ni la présidence du Parlement. Une situation tant décriée par les opposants d'Osman qui lui reprochent d'avoir précipité l'alliance avec l'USFP scellée par la publication d'un communiqué commun qui n'aurait pas été très apprécié en haut lieu. Mais, c'est la liste des ministres qui a été la goutte qui a fait déborder le vase. Le Président Osman, tout le monde le sait, a présenté une liste de candidats, dont lui-même, mais Jettou a préféré des personnes quasi anonymes. Plus grave, le choix a fait ressortir une prédominance d'appartenance orientale, excepté Najib Zerouali de Fès et Rachid Talbi El Alami de Tétouan. Tous les autres, notamment Najima Tay Tay Ghozali d'Oujda, Mohamed Aujjar d'Al Hoceima, Mohamed Taïeb Rhafes de Jerrada et Mustapha Mansouri de Nador font figure de préférés du Président. Les contestataires vont plus loin pour dire que la désignation de Zerouali et Mansouri a été imposée par des milieux proches du pouvoir et donc au parti également. Mais le cas de Malika Sarroukh demeure une énigme, puisque cette militante de la première heure du RNI a toujours été écartée pour des raisons incompréhensibles. En effet, pour la troisième fois consécutive, le nom de Malika Sarroukh est rayé des listes. En revanche, Najima Tay Tay Ghozali semble être née sous la bonne étoile. L'autre point de discorde concerne Rachid Talbi El Alami qui occupe le poste de ministre du commerce et de l'industrie. Ce ministre est un promoteur connu de la région de Tétouan où il a créé des sociétés spécialisées dans l'industrie du cuir. Cependant, les affaires n'ont, semble-t-il, pas assez bien tourné poussant le dirigeant à les mettre en veilleuse. Les Rnistes relèvent à juste titre que les contre-performances de l'homme d'affaires Talbi El Alami risquent de se reproduire dans un département ministériel aussi vital que celui du commerce et de l'industrie où les faux pas ne sont pas permis. Satisfait Mais il n'y a pas que les contestataires, heureusement. Bon nombre de députés du RNI sont fiers de l'équipe qui les représentera au gouvernement et argumentent leur fierté par le fait que les ministres reconduits l'ont été grâce à leur sérieux et abnégation au travail. En effet, trois des six ministres du RNI ont repris des postes ministériels tels Zerouali, Aujjar et Mansouri respectivement ministres de la modernisation des secteurs publics, des droits de l'Homme et de l'emploi, des affaires sociales et de la solidarité. Trois secteurs importants qui dénotent la place qu'occupe ce parti sur l'échiquier politique national. De même que le poste de ministre des pêches maritimes qu'occupe désormais Mohamed Taieb Rhafès démontre que la participation du RNI au gouvernement est loin d'être de la figuration. C'est même le troisième parti après l'USFP et l'Istiqlal. Cependant, la grogne qui ne fait que commencer a déjà valu au RNI la défection de trois de ses députés qui ont rallié l'UD. C'est dire qu'Osman qui est habitué à gérer les situations difficiles n'est pas sorti de l'auberge. C'est la liste des ministres qui a été la goutte qui a fait déborder le vase. Le Président Osman, tout le monde le sait, a présenté une liste de candidats, dont lui-même, mais Jettou a préféré des personnes quasi anonymes.