Plusieurs évènements importants ont marqué, ces deux dernières semaines, l'actualité politique nationale et régionale, caractérisées par des ballets diplomatiques de chefs d'Etat au Maghreb et de Ministres et Personnalités politiques au plan bilatéral, notamment, entre le Maroc et les Etats-Unis d'une part et l'Espagne d'autre part. Il est évident que ces «chassés croisés» entre responsables gouvernementaux de premier plan, s'appliquent à faire face à des menaces terroristes planant sérieusement sur certains pays, décrétant le niveau d'alerte maximum, dont le Maroc. Ce faisant, il faut reconnaître aux stratèges du Royaume, une rupture radicale avec l'opacité d'avant en optant résolument pour une nouvelle méthode de «communication moderne et transparente», pour citer Taïeb Fassi Fihri. Mais si menace terroriste il y a, il faut mettre au crédit du Premier ministre Driss Jettou et des ministres Chakib Benmoussa et Fouad Ali Al-Himma en charge du portefeuille de l'Intérieur, qui viennent de décliner la nouvelle stratégie sécuritaire du Royaume, le mérite de la modernisation d'un espace réorganisé et intégré dans le fonctionnement normal du pays. Mieux encore, le souci qui a inspiré la démarche de rendre public, dans ses détails, le plan d'alerte adopté par l'Etat, relève d'une volonté démocratique, d'associer étroitement le peuple marocain à une normalisation de la vie générale dans le pays, dont la réactivité est mesurée selon le niveau d'alerte et le degré de gravité des menaces pressenties. Ce qui met un terme à toutes les sirènes d'appel et autres Cassandres et entristes, qui s'acharnent à faire paniquer les foules, en prédisant l'apocalypse. Et si l'alerte anti-terroriste a été décrétée au niveau 3, c'est-à-dire maximum, c'est que cette stratégie, loin de condamner le Royaume à être la cible exclusive des réseaux dormants et de ses ramifications dans la région maghrébine, procède d'une planification préventive soigneusement tissée par la concertation étroite entre tous les services de sécurité de plusieurs pays également menacés. En d'autres termes, si la probabilité d'attentats s'avère, elle ne peut qu'être le fruit de «commandos barbares» infiltrés de l'étranger et plus précisément du Nord-Est, car les «virus» criminels ont été extirpés du corps social marocain. D'ailleurs, Jettou l'a bien expliqué : «la menace terroriste est globale et vise plusieurs pays au Maghreb, en Afrique du Nord, en Europe et ailleurs. Mais nous ne pouvons pas affirmer avec certitude que c'est le Maroc qui est le plus menacé ou visé en premier». C'est pourquoi la réunion de très haut niveau de Madrid entre les patrons de la sécurité des deux Royaumes, au lendemain de la décision de notre pays de relever l'état d'alerte, a retenu l'attention de l'opinion publique, finalement rassurée sur le degré d'efficacité d'une coopération sécuritaire, dans le cadre de la lutte contre le terrorisme et l'immigration clandestine. Le très haut niveau de représentativité de la délégation marocaine, conduite par le ministre de l'Intérieur, Chakib Benmoussa, comprenant des «poids lourds», avec Fouad Ali Al Himma, Taïeb Fassi-Fihri, Yassine Mansouri, ainsi que les Généraux Hosni Benslimane et Hamidou Laânigri, atteste parfaitement du sérieux des défis de sûreté à relever et de l'engagement total de tous les services de sécurité du Royaume, dans la nouvelle bataille contre la barbarie et la violence extrémiste. Ce branle-bas de combat des deux côtés du détroit, vise à renforcer les mesures préventives dans un combat commun contre la nébuleuse, tout en livrant un message de sérénité à tous les MRE et touristes, se rendant au Maroc. D'ailleurs, les arrivées et les nuitées sont en hausse et les destinations les plus prisées toujours de plus en plus fréquentées. Ce qui est un cinglant revers aux barbares et aux extrémistes de tous bords, qui espéraient porter l'estocade à notre pays, en promettant un été «apocalyptique» sur les sites touristiques du Royaume. Ces mêmes mesures préventives ont été prises dans toutes les régions du Royaume où la vigilance de nos forces de sécurité est à l'extrême, bien épaulées par tous les citoyens qui sont sur le qui-vive, pour faire échec à toutes les tentatives suspectes, en collaborant étroitement avec la police. Ce renforcement de la coopération bilatérale, dans un contexte jugé dangereux, est encore plus corroboré par les entretiens réunissant Benmoussa et Al Himma, avec Frances Fragos Townsend, assistante du Président Georges W. Bush pour la Sécurité intérieure et la lutte contre le terrorisme. Les Etats-Unis et le Maroc, tout comme ce dernier et l'Espagne, sont déterminés à combattre le terrorisme et le crime transnationaux et à garantir la stabilité et la sécurité de nos pays partenaires. Mieux encore, les pouvoirs publics ont, également, mobilisé les opérateurs économiques publics et privés du pays, lundi dernier, dans l'objectif de les sensibiliser sur les dangers terroristes et les inciter à mettre en place des cellules de surveillance et de crise. Et le premier à en être agréablement surpris, est le Président de la CGEM, Moulay Hafid Elalamy qui a apprécié l'initiative en soulignant que «pour la première fois, les opérateurs économiques sont impliqués dans la gestion de la sécurité. Les opérateurs économiques ne peuvent plus se permettre le luxe de décider seuls de leur niveau de sécurité». Au même titre, le secteur des transports, tous modes confondus, a été mis au pas de charge, en décrétant une batterie de mesures en concertation avec les autorités de l'Intérieur, qui s'est traduite par la mise en place de mesures spéciales de surveillance et de contrôle dans les aéroports, les ports, les navires, les gares et les gares routières et ferroviaires, les trains et autres. Accès sévèrement contrôlés, fouilles préventives des personnes et des bagages, identification des sites les plus stratégiques et les plus sensibles, à l'instar de l'ONE qui a inventorié 173 postes réseaux et centrales électriques, radars, caméras, déclaration de sûreté, auprès de la Direction des ports pour les voyages maritimes…. Bref, c'est bien une «révolution» dans les annales de la lutte contre le terrorisme qui implique activement toutes les forces vives de la nation, acteurs économiques, société civile, citoyens, Sûreté nationale, Gendarmerie Royale, institutionnels, Forces Auxiliaires et autres services de renseignements à l'intérieur et à l'extérieur du Royaume. Et si nos braves soldats des vaillantes FAR veillent sur l'intégrité pérenne de nos frontières, alors qu'elles sont en état de guerre sous la condition du cessez-le-feu onusien de 1991, les forces civiles et paramilitaires, sont tout autant prêtes à déjouer tous les plans de sabotage et de déstabilisation, que les ennemis du Maroc tentent désespérément de perpétrer. En démantelant les réseaux de terroristes et en multipliant les arrestations de membres présumés d'Al Qaïda, la Sûreté marocaine a porté un cuisant échec à tous ceux qui prédisaient l'enfer pour notre pays.