Afin qu'ils soient transférés vers d'autres prisons du Maroc, pour être proches de leurs familles, 36 détenus islamistes observeront, dès le 16 juillet, une grève de la faim illimitée. L'association Annassir, des proches des détenus islamistes incarcérés dans le cadre de la loi anti-terroriste, a rendu public, le 11 juillet, un communiqué signé par 36 prisonniers islamistes. Ces derniers, incarcérés dans la prison centrale de Kénitra, ont décidé d'observer une grève de la faim illimitée, tant qu'ils n'ont pas été transférés dans une prison proche du lieu de résidence de leurs proches. Une revendication avancée par bon nombre d'autres détenus auparavant et à laquelle le ministère de la Justice avait répondu positivement. Aujourd'hui, c'est une nouvelle vague de détenus islamistes qui montent au créneau. Dans cette lettre adressée à l'opinion publique, et dont une copie est parvenue à La Gazette du Maroc, les 36 détenus ont rappelé et condamné les conditions dans lesquelles ils ont été arrêtés, jugés et incarcérés. Sans revenir sur les détails de leur parcours judiciaire et sécuritaire, au lendemain des attentats de Casablanca le 16 mai 2003, les auteurs de la lettre se sont contentés d'affirmer que toute cette affaire «a sérieusement terni l'image du Maroc qui crie haut et fort, qu'il construisait un Etat de droit. «Nos proches et nous-mêmes, souffrons profondément, moralement et matériellement de ces détentions», assurent les signataires. Et d'ajouter: «la plupart de nos familles sont pauvres et ne possèdent même pas leur pain quotidien, encore moins les frais de transport et de voyage pour venir nous rendre visite quelques minutes seulement dans la prison de Kénitra». Qu'est-ce qui empêche les autorités de nous rapprocher de nos familles ? Une question que les grévistes de la faim se posent et à laquelle ils n'ont manifestement aucune réponse. Pour faire entendre leur voix et transmettre leurs doléances, les 36 prisonniers qui revendiquent leur transfert vers d'autres prisons du Royaume, ont saisi le ministère de la Justice, l'Administration pénitentiaire ainsi que le CCDH : aucune réponse ne leur a été envoyée. S'en est suivi une série de communiqués et de grèves préventives. Aujourd'hui, ils ont décidé de passer à l'étape supérieure. «Nous allons cesser de nous nourrir, jusqu'à ce que notre voix soit entendue», lancent-ils. La grève de la faim débutera le lundi 16 juillet. Les grévistes exhortent également les associations de Défense des droits de l'homme à intervenir en leur faveur, afin que leur situation soit définitivement réglée.