Le week-end dernier, les forces de l'ordre ont organisé une vaste action dans les milieux des détenus islamistes. Samedi dernier, les Forces de l'ordre ont opéré une vaste opération dans les prisons où séjournent les détenus islamistes incarcérés dans le cadre de la loi antiterroriste. C'est ce qu'a annoncé "Annassir", l'association des familles de ces détenus. Le but de cette opération était apparemment double. D'une part, il s'agissait de confisquer tous les téléphones portables en possession des détenus et qui servaient, entre autres, à assurer une coordination de la grève de la faim observée par au moins 1.500 prisonniers islamistes depuis le 2 mai. D'autre part, les éléments des Forces de l'ordre, habillés en tenue de combat, des treillis verts ont délogé plusieurs détenus et les ont transférés vers d'autres prisons du pays. Cette vaste opération a donc commencé, selon l'association Annassir, le vendredi soir à 21 heures environ dans la prison d'Outita 2. Et c'est également aux alentours de 22 heures que les Forces de sécurité ont investi les quartiers de la prison civile de Salé. Quelques heures plus tard, le samedi matin à 5 heures, ce fut le tour de la prison centrale de Kénitra. A Outita 2, trois prisonniers islamistes, considérés comme les meneurs de la grève de la faim, ont été transportés vers un lieu non encore identifié par l'association Annassir. Et pour cause, les communications téléphoniques entre les détenus et leurs familles ont été interrompues dès le début de l'opération. Tous les portables ont été confisqués et les forces de l'ordre ont installé, près des prisons, des antennes pour brouiller les communications téléphoniques. En tout cas, parmi les trois prisonniers d'Outita 2 transférés ailleurs, figure Jalal Lamoudden. A Salé, plusieurs détenus ont été également conduits vers des prisons proches du lieu de résidence de leur famille. A Kénitra, plus d'une quinzaine de détenus ont subi le même traitement. Parmi eux, figure Mohamed Rafiki, alias Abou Houdaïfa, qui n'est autre que le père d'Abdelouahab Rafiki, alias Abou Hafs. C'est ainsi qu'Abou Houdaïfa est emprisonné, depuis samedi dernier, dans la prison d'Oukacha à Casablanca. Pour leur part, Mohamed Fizazi et Omar Haddouchi ont également quitté la prison centrale de Kénitra dans le cadre de cette même opération. Le premier a été transféré vers la prison de Tanger et le second vers celle de Tétouan. Quelques heures plus tôt, c'est-à-dire jeudi matin, les membres de l'association Annassir s'étaient rendus à Rabat devant le siège du Conseil consultatif des Droits de l'Homme (CCDH) afin d'observer un sit-in de 10 heures du matin à 18 heures du soir. Après avoir pris position en face de la porte d'entrée du Conseil, les membres de l'association, dont plusieurs femmes et enfants, ont commencé à scander des slogans pour la libération de leurs proches détenus dans le cadre de la loi antiterroriste. A cet effet, ils ont fustigé le ministre de la Justice, Mohamed Bouzoubaâ et son directeur de l'Administration pénitentiaire, Mustapha Meddah, coupables, selon les membres de l'association, "des pires injustices que le Maroc a connues dans toute son histoire". Quelques heures après le début du sit-in, les Forces de l'ordre sont intervenues pour mettre fin à l'attroupement des manifestants. "Lors de cette intervention, des manifestants, dont la plupart observaient déjà une grève de la faim, ont été sérieusement blessés", assure le président d'Annassir, Abderrahim Mohtade. Soupçonné fortement d'être la cheville ouvrière de cette fronde, celui-ci a d'ailleurs été interpellé par la police avant d'être relâché. Toutefois, pour empêcher l'estafette qui le transportait de quitter les lieux, les 300 manifestants se sont couchés à même la chaussée. Le bras de fer a duré plusieurs minutes et plusieurs manifestants ont été transportés vers l'hôpital. S'en est suivi l'ouverture de négociations entre les Forces de l'ordre et les membres de l'association. Ces derniers ont fini par décréter la fin du sit-in. Ils ont effectué une longue marche silencieuse de quelques kilomètres, du siège du CCDH jusqu'à la gare routière d'El Qamra. "Notre passage dans une des plus importantes artères de la capitale a suscité la curiosité de tous les passants", a assuré Abderrahim Mohtade.