Les deux partis, PJD et Istiqlal, s'échangent les accusations. Le premier accuse le maire de Fès d'user de la violence et le deuxième poursuit le PJD en justice. La ville de Fès est le théâtre d'une rude tension entre le Parti de l'Istiqlal et celui du PJD. Et pour cause, Hamid Chabat, maire de Fès et homme fort de l'Istiqlal dans la capitale spirituelle du royaume, a l'intention de poursuivre en justice Lahcen Daoudi et Saâd Eddine El Othmani, respectivement député à Fès et secrétaire général du PJD. Hamid Chabat, qui a organisé une conférence de presse le 13 juin au siège de l'Istiqlal à Rabat, s'estime victime d'une diffamation, en l'occurrence quand El Othmani a déclaré, lors de l'émission Hiwar sur TVM, que «Hamid Chabat, à la tête de milices, semait la terreur contre les militants du PJD». Tous les parlementaires istiqlaliens de la ville, ainsi qu'Abdellah Bakkali, membre du comité exécutif et secrétaire général de la Jeunesse de l'Istiqlal, et des membres du Conseil de la ville de Fès, étaient présents à cette rencontre, qui fait suite à une autre rencontre avec la presse organisée par le PJD il y a deux semaines. En fait, tout a commencé il y a deux mois environ, lorsqu'une délégation du PJD a été interceptée dans le quartier Attaj de Fès, où plusieurs habitants mécontents ont été relogés alors qu'ils habitaient dans des maisons menaçant ruine. Plusieurs membres du secrétariat général du PJD ont été malmenés. C'est le cas notamment d'Abdelilah Benkirane et Moqrie Idrissi Abou Zaïd. «A chaque fois que des responsables du PJD tentent de pénétrer dans le quartier Attaj, ils sont repoussés par les habitants», a reconnu le maire de Fès, qui a expliqué que Lahcen Daoudi effectuait ainsi une campagne électorale anticipée. A cela, Lahcen Daoudi répond : «Les habitants relogés ont été mis dans la même maison d'un peu plus de 20m2, c'est inconcevable surtout que dans certaines maisons, ils sont deux ménages à devoir y vivre». Et d'ajouter : «Hamid Chabat m'accuse de faire une campagne électorale anticipée, mais il oublie que je ne me présente même pas dans cette circonscription». Enfin, Daoudi refuse de considérer ce problème comme un litige personnel entre lui et Chabat. «C'est un problème de sécurité que les autorités doivent prendre au sérieux», a-t-il lancé. En tout cas, le torchon brûle sérieusement entre le PJD et l'Istiqlal. D'ailleurs, Saâd Eddine El Othmani avait saisi, par lettre, le secrétaire général Abbas El Fassi sur ces incidents. Mais ce dernier n'a pas répondu à cet appel. Ce silence a été considéré comme un soutien clair à Hamid Chabat. Présentés, depuis plusieurs années par les observateurs politiques, comme d'éventuels alliés car ils partagent quasiment les mêmes référentiels, ces deux partis, l'Istiqlal et le PJD, sont devenus de véritables ennemis, du moins à Fès. Cet incident risque-t-il de remettre en cause cet éventuel rapprochement entre les deux partis au lendemain des législatives de septembre prochain ? Difficile de trancher. Ce qui est certain c'est que les partis de la Koutla, USFP et PPS, se frottent les mains.