Hamid Chabat et Lahcen DaoudiLa guerre fait rage entre le PJD et l'Istiqlal à Fès. Les islamistes accusent Hamid Chabat de recourir à l'intimidation. Le maire de la ville affirme que ses détracteurs se sont engagés dans une campagne électorale avant l'heure. La guerre fait de nouveau rage à Fès entre le PJD et le Parti de l'Istiqlal. Les islamistes accusent Hamid Chabat, le maire PI de la ville, de recourir à l'intimidation par la violence via des "milices" qui perturbent leurs activités publiques. Ils en veulent pour exemple ce qui s'est passé, le 10 mai dernier, à Jnane El Ouard lorsqu'une dizaine de députés islamistes, menés par Lahcen Daoudi, s'étaient rendus dans ce quartier en guise de soutien à des centaines de familles "mal relogées". Dans un dernier développement, le PJD a saisi, par lettre, Abbas El Fassi pour lui demander de mettre fin aux agissements de Hamid Chabat. Ce mercredi, le PJD tient même une conférence de presse, à Rabat, autour des événements qui ont émaillé ladite visite de ses députés dans la capitale spirituelle. Le secrétaire général du PI est resté injoignable pour commenter la démarche du PJD, mais Hamid Chabat ironise en affirmant qu'il ne pouvait pas "offrir" une circonscription électorale aux islamistes. «Le PJD s'est engagé dans une campagne électorale avant l'heure et Lahcen Daoudi a eu le malheur d'être candidat dans la même circonscription que moi avec le nouveau découpage qui a scindé la ville en deux», ajoute M. Chabat. En effet, le nouveau découpage prévoit deux circonscriptions : Fès-Nord et Fès-Sud. Et plus de traces de la circonscription "Fès-Médina" où Lahcen Daoudi a été élu en 2002. «J'ai expérimenté les gens du PJD dans les affaires de gestion communale à Fès et je peux assurer qu'il n'y a pas pire même s'ils s'échinent à donner une autre image d'élus sérieux et honnêtes», accuse Hamid Chabat. Pour ce dernier, les "gesticulations" du PJD tentent également de "masquer les graves divergences" entre les dirigeants de ce parti à Fès. «Ils essaient de donner l'image d'une parfaite démocratie interne alors qu'ils s'entre-déchirent pour les candidatures. Allez demander à Lahcen Daoudi pourquoi il a déposé sa candidature dans les deux circonscriptions de Fès à la fois», conclut le maire PI. Ce dernier, à son tour, accuse le PJD de semer la zizanie parmi les populations. A l'en croire, les islamistes auraient eu affaire aux habitants de Jnane El Ouard à qui ils auraient demandé d'afficher des avis de vente sur les façades de leurs demeures, acquises dans le cadre du relogement des maisons menaçant ruines à Fès. Et au maire PI de critiquer l'attitude notamment de Lahcen Daoudi. «Il y a trois ans, il était parmi la délégation officielle qui avait remis les clés aux bénéficiaires. Lui-même en a remis quelques-unes. Pourquoi est-ce qu'il revient à ce sujet sur le ton de la critique?», s'interroge Hamid Chabat. Plus, à l'en croire, les islamistes auraient appelé à une sorte d'insubordination des populations concernées en leur demandant de s'abstenir de payer des mensualités ne dépassant pas, dans la majorité des cas, 300 DH. Ce n'est pas la première fois que le PJD et le PI atteignent une telle tension dans leurs relations à Fès. Rien que lors des derniers mois, les islamistes s'étaient plaints des "intimidations" de Hamid Chabat l'accusant d'avoir été l'instigateur d'une tentative d'agression contre Abdelilah Benkirane et d'avoir perturbé une activité du Moqri'e Abou Zaïd. A cela, il faudra ajouter d'éternelles empoignades entre les deux partis au sujet de la gestion des affaires de Fès. Pour le PJD, Hamid Chabat est soutenu par le PPS et l'USFP. Le nouveau découpage électoral a "privé" Fès de "Zouagha Moulay Yacoub" devenue une circonscription à part entière et dotée de deux sièges.