Le trésorier et député du PJD de Salé, Abdelkader Amara, nous parle des mécanismes de choix des candidats du PJD. Il explique les débats internes et revient sur la participation du PJD au prochain gouvernement. La Gazette du Maroc : Cette semaine, votre parti organisera les primaires dans votre circonscription. Qu'attendez-vous de ce rendez-vous ? Abdelkader Amara : D'abord, il faut expliquer les mécanismes internes du parti. Chaque député est appelé à se présenter devant les militants de sa circonscription et de passer un oral où il revient sur ces cinq dernières années de travail. Dans votre cas, comment cela s'est passé ? J'ai présenté le bilan de mon travail. D'abord, j'ai exposé toutes les propositions de loi sur lesquelles j'ai travaillé. Ensuite, j'ai parlé des questions que j'ai posées au gouvernement. Le but est de montrer l'effort déployé pour le contrôle de l'action du gouvernement. Et évidemment, les militants nous jugent sur les efforts fournis pour régler les difficultés de notre circonscription. En plus, le côté humain joue énormément. Si on est disponible et modeste, les militants apprécient ces qualités. Dans mon cas, j'ai fait appel aux dirigeants du parti à Salé pour exposer avec moi, notre bilan. Après cet oral, que se passe-t-il réellement ? Tous les militants de la circonscription sont appelés à choisir leur candidat. Ils votent sans aucune restriction. Ils ont le choix entre tous les militants du parti. Après le dépouillement, le classement est établi et un nouveau vote est entamé pour déterminer la tête de liste. Finalement le choix est validé par les structures régionales, provinciales et le secrétariat général du parti. Quatre membres sont choisis de l'assemblée pour veiller au bon déroulement du choix du candidat. Pourquoi faire intervenir le secrétariat général du parti ? Tout simplement pour vérifier si le candidat choisi par les militants a respecté ses engagements envers le parti. C'est à dire au niveau de la cotisation annuelle, la présence, etc. Cette démarche ne permet pas à quelqu'un en dehors d'«Attawhid Wal Islah» d'être candidat du PJD. Bien au contraire. Plusieurs de nos parlementaires n'ont jamais milité au sein de l'association. Je pense notamment à Karoumi et Chaïbi, entre autres. Ces deux personnes ont-elles été mises en avant pour des calculs politiques ? Non. Houssine Karoumi nous a rejoints en 1997 et Chaïbi nous l'avons contacté pour qu'il se présente au nom du PJD. D'ailleurs, on l'a présenté à Kenitra à la place de Abdelaziz Rebbah qui est un militant du parti depuis plusieurs années. Pour quelles raisons ? D'abord, il est vice-président de l'un des plus grands groupes industriels marocains. L'avoir parmi nous, nous a permis de comprendre les difficultés des entrepreneurs marocains. Mais vous restez un parti très cloisonné ? Non. Mais les gens qui choisissent de rejoindre le PJD doivent comprendre que le parti attend d'eux de s'engager et de militer. Travailler honnêtement est la clé de la réussite au PJD. Tous les sondages vous donnent vainqueurs des élections législatives de 2007. Est-il difficile d'entamer une élection dans ces conditions ? Je ne le crois pas. Il est vrai que les sondages sont favorables au PJD. Le ministère de l'Intérieur fait des sondages périodiques et je crois qu'ils ont été interpellés par les chiffres. D'ailleurs le découpage a été fait dans ce sens… Quel sens ? Celui de revoir à la baisse l'ampleur de la victoire du PJD. Surtout dans les grandes villes. Nous avons l'impression que le découpage a été fait pour ne pas permettre au PJD de remporter plus d'un siège par circonscription. D'ailleurs, à Casablanca et Tanger cela est très flagrant. Mais nous espérons que les élections soient transparentes et que l'utilisation de l'argent soit combattue réellement. Ce qui s'est passé lors du renouvellement du tiers de la deuxième chambre est désolant et a entaché le processus démocratique dans notre pays. Comment expliquez-vous votre position à l'échelle nationale ? Est-ce la résultante de votre virginité politique ? Il est évident que le pouvoir use. Mais le PJD a d'autres atouts. Sa présence sur le terrain. Nous avons plus de 70 bureaux provinciaux, des centaines de bureaux locaux, 15 bureaux régionaux. Cela fait trois ans que notre caravane sillonne le Maroc. À chaque rendez-vous, les dirigeants du parti ont été présents. Cette proximité avec les Marocains est notre force. De plus, le bilan du gouvernement est un atout pour nous… Comment ? Les dernières sorties de Karim Ghellab nous donnent raisons. Imposer des lois contre tous les avis, affaibli le gouvernement. Etes-vous pour une participation au gouvernement ? La grande majorité des cadres du parti ne sont pas contre. Mustapha Ramid et Abdelali Hamiddine sont contre. Pour eux, il n'y a pas de garanties constitutionnelles pour réussir les réformes prônées par le PJD. Mais le débat est ouvert au sein du parti. Je crois qu'il est possible de participer si les conditions le permettent. Lesquelles ? Une coalition forte et un programme clair. Quels sont les partis qui vous semblent prêts à travailler avec vous ? Plusieurs. On verra après l'annonce des résultats des législatives. L'USFP ? Oui. Pourquoi pas ? Le RNI semble intéressant aussi. L'Istiqlal ? Malheureusement, ces leaders ne pensent qu'à la Koutla Démocratique. Pensez-vous que les derniers attentats entacheront l'image du PJD ? Absolument pas. Les Marocains savent, pertinemment, que le PJD condamne les actes de violence. Les erreurs de 2003 ont été dépassées. Personne ne fait de lien entre le PJD et ces actes ignobles.