Le secrétaire général du PPS, Moulay Ismail Alaoui, se dit optimiste. Il table sur la présence de son parti lors des législatives et annonce des candidatures communes avec les partis de la Koutla démocratique. Mais rejette toute alliance avec le PJD. La Gazette du Maroc : Le numéro deux du PJD, Lahcen Daoudi, a déclaré sur nos colonnes que votre parti ne représente pas grand-chose sur le terrain. Qu'en pensez-vous ? Moulay Ismail Alaoui : C'est une question légitime. Monsieur Daoudi a le droit de penser ce qu'il veut du PPS. D'ailleurs, les leaders du PJD ne ratent pas une occasion pour dire du mal du PPS. Mais cela importe peu. Nous sommes très sereins et nous travaillons sur le terrain pour convaincre les Marocains d'adhérer à notre projet. Maintenant, un peu de retenue et de modestie doivent être de mise au sein de notre classe politique. Êtes-vous offensé Non. Je reste honnête avec moi-même. Au PPS, nous sommes contre tout rapprochement avec le PJD. Il y a une dichotomie dans l'approche du PJD. Parfois, ils ont un discours rassurant, alors que dans leurs actes ils restent contre le progrès de notre société. Dois-je rappeler qu'un de leurs députés a attaqué une journaliste au Parlement, qu'un autre a fait une déclaration contre les festivals et le pire, c'est qu'ils ont voté pour le code de la famille et à la sortie de la séance plénière l'un d'eux a clairement dit : «il n'est jamais trop tard pour mal faire». Cette attitude me dérange. Je ne crois pas que le PJD ait évolué. Un autre point important qu'on doit soulever, c'est qu'ils ont diminué leur participation lors des élections législatives de 2002 après l'intervention de certains membres du gouvernement. Je trouve qu'ils ne sont pas sincères. Et je ne crois pas qu'ils aient les capacités pour gérer les affaires d'une nation. Certains dirigeants du PJD ont clairement dit qu'ils sont prêts à gouverner avec l'USFP. Et on dit qu'au niveau du Parlement, des discussions ont déjà commencé… Je ne commente pas les rumeurs. Nos amis de l'USFP ont le droit de consulter qui ils veulent. Mais je ne pense pas qu'ils s'allieront avec le PJD. Bien au contraire. Dans tous les cas, si cette information est bien réelle, elle sera publique. Et à ce moment, je dirais ma position. Aujourd'hui, on remarque que votre parti a une tendance rurale. Est ce un changement de cap ? Je crois qu'il y a des idées toutes faites. On a toujours eu une présence rurale. Il est vrai que nous restons un parti élitiste, puisque la majorité de nos adhérents sont des cadres, mais nous avons une présence très importante dans le milieu rural. Avec Abdelaziz Blal, nous avons effectué une tournée dans plusieurs régions du pays dans le début des années 1960. Depuis, le PPS a une présence et des militants dans toutes les régions du Maroc. Il est vrai que lors des prochaines élections, nous pensons atteindre un très bon score dans les zones rurales. N'oubliez pas que Haj Ahmed El Madi avait installé le parti à Tadla juste après l'indépendance. Si nous arrivons à enregistrer un bon score lors des législatives, nous confirmerons cette donne. Mais nous tablons, également, sur les villes. Justement, le ministre de la Communication et membre de votre bureau politique, Nabil Benabdellah, a déclaré que vous allez remporter une vingtaine de sièges. Vous êtes optimistes ? Plus précisément entre 25 et 30. Je confirme les dires de Nabil Benabdellah et je suis très optimiste. Nous avons un plan de travail cohérent et je crois que nous avons les moyens de réaliser ce score. Nous avions des cadences au niveau de notre communication, nous sommes en train de les dépasser. Il est vrai que plusieurs personnes et surtout les jeunes ne connaissent pas le PPS, notre but est d'être un parti ouvert et connu. Notre score dépendra également du choix de nos candidats. À cet égard, qu'allez-vous faire ? C'est localement que le choix se fera. Les sections proposeront des candidats et les régions trancheront et s'il y a un litige, le comité central statuera. C'est un système démocratique qui permet à chaque membre du PPS de se présenter. Nous voulons mettre en avant des candidats honnêtes et travailleurs. Le plus important est d'être présent et de réaliser un bon résultat qui nous permettra de peser dans la balance politique. Question d'alliances. Qu'allez-vous faire ? Avec nos partenaires de la Koutla, l'Istiqlal et l'USFP, nous sommes d'accord sur le fait de présenter des listes communes dans certaines circonscriptions. L'objectif est de remporter des sièges là où nous sommes très faibles. Est-ce une stratégie pour contrer le PJD ? C'est une stratégie qui rentre dans le cadre de la Koutla démocratique. Et le pôle de gauche ? Nous avons de bons rapports avec le PSU, d'ailleurs nous avons créé une commission mixte pour discuter plusieurs points. Je pense que nous pouvons, également, nous réunir pour trouver un compromis concernant les élections. Le PSU, le PADS et le CNI ont décidé de présenter des listes communes. Et c'est une bonne chose. Le PPS est prêt, également, à présenter des listes communes avec ce groupement. N'y a-t-il pas une contradiction dans votre raisonnement ? Vous vous alliez avec l'Istiqlal et l'USFP et vous cherchez des listes communes avec le PSU, le PADS et le CNI. Non. Je ne crois pas que c'est antinomique. Je pense que toutes ces formations politiques se retrouvent sur plusieurs points et peuvent travailler ensemble. Qu'en est-il du Parti Travailliste de Benatiq ? Il a réussi son entrée politique. D'ailleurs, Nezha Skalli et Nabil Benabdellah ont assisté aux deux manifestations que le parti a organisées. Nous sommes ouverts à cette formation qui fait partie de la famille de la gauche. Le parti travailliste, le PSU, le PADS et le CNI ont un conflit avec l'USFP. Ne trouvez-vous pas que votre approche est fantaisiste ? Au contraire. Les querelles d'hier sont dépassées et je pense que l'avenir de la gauche passera par-là.