Dans sa dernière sortie publique sur le bilan de son équipe, le Premier ministre a réitéré l'engagement de présenter un rapport exhaustif retraçant les réalisations d'un quinquennat bien garni. Mais au-delà de cette perspective, c'est un Driss Jettou serein et confiant qui a tenu le devant de la scène en confirmant son profil chevronné d'homme « Programmes » disposé à rendre des comptes chiffrés à la Nation. Le Premier ministre a énuméré, lors d'une rencontre publique, le mardi 23 janvier, les réalisations et les perspectives de l'action gouvernementale. En particulier, Driss Jettou a évoqué les principaux acquis relatifs au maintien d'une croissance économique enregistrant un taux de plus de 5% en moyenne sur le dernier lustre avec une prévision de 7,3 % à 7,5% en 2007, une inflation contenue à 3% et un déficit budgétaire inférieur à 2% malgré le poids de la caisse de compensation et la baisse des recettes des privatisations. Les secteurs qui ont porté les grands chantiers de l'économie nationale intéressent le BTP, l'habitat, les infrastructures de transport, la relance du textile, le tourisme, le phosphate ainsi que la productivité des établissements publics. Les exportations ont enregistré une hausse à l'instar des recettes fiscales. Jettou «jusqu'auboutiste» Les autres actions ciblent le désenclavement du monde rural, l'éducation et la formation ainsi que l'organisation des prochaines échéances électorales.D'autres grands chantiers attendent le gouvernement cette année: destruction des bidonvilles au rythme de 25 000 unités, construction de 2600 km de routes rurales, engagement d'un budget de 34 milliards DH pour l'enseignement, initiative 10 000 ingénieurs à l'horizon 2010… Jettou a souligné que les grands chantiers que connaîtra cette année intéressent, entre autres, l'accélération de la réforme de l'administration, l'adoption des lois sur la moralisation de la vie publique dont celles relatives au blanchiment d'argent, la lutte contre la corruption et la déclaration de patrimoine. Comme il a rappelé les grands projets liés aux défis de l'énergie et de l'environnement, la mise en place d'une nouvelle politique de gestion des ressources hydriques, le grand chantier d'assainissement liquide au bénéfice de 10 millions d'habitants répartis dans 260 communes pour une enveloppe de plusieurs milliards DH. L'habitat social n'est pas en reste tandis que l'objectif initial de construction de 100.000 unités par an se trouve aujourd'hui largement franchi. La relance dynamique du secteur BTP a requinqué l'économie des grandes infrastructures dans le Royaume avec une progression de 11% du ciment tandis que les chantiers d'habitat et les villes nouvelles nécessiteront d'édifier une nouvelle cimenterie chaque année d'une capacité productive de 1,5 million de tonnes. La nouvelle stratégie énergétique vise la maîtrise des énergies renouvelables et la réduction de moitié de la consommation d'électricité par les administrations. Au volet social, l'INDH atteindra sa vitesse de croisière pour sa deuxième année de mise en œuvre mobilisant un budget de 2,5 milliards DH destiné à la lutte contre l'exclusion urbaine, la pauvreté dans le monde rural et la précarité sociale. Tout comme l'AMO, couvrant près de 8 millions de bénéficiaires, et qui sera accompagnée, dans les prochaines semaines, par l'entrée en vigueur du RAMED pour les économiquement faibles et Himaya destiné aux professions libérales, commerçants et artisans. On aura découvert un Premier ministre «jusqu'auboutiste» lorsqu'il persiste et signe en assurant que «ma mission sera accomplie jusqu'au bout». Et que jusqu'au bout, toujours, Jettou assumera les «lauriers» de réalisations ambitieuses et structurantes dans le développement économique et social du pays, mais aussi les «critiques» rivées sur les déficits persistants, notamment aux volets de la lutte contre le chômage et la pauvreté et la moralisation de la vie publique. Mais, il faut bien se résoudre à l'admettre, le chef de la primature a séduit et convaincu les esprits et l'opinion publique en homme de parole qui a tenu et bien rempli les engagements inscrits dans le programme d'investiture de son équipe. Et c'est toujours en homme de parole qu'il a mis un point d'honneur à promettre que les prochaines élections seront «propres et transparentes». Sans craindre un virtuel «raz-de-marée» islamiste ni une majorité absolue d'une poignée de formations politiques pour le motif que le mode scrutin établi avec la nouvelle loi électorale ne permet de gouverner qu'avec des coalitions négociées entre plusieurs partis. Offensive tous azimuts Seulement, lui, Jettou n'en fera plus partie selon ses dires puisqu'il a décidé de ne pas se déclarer candidat aux législatives de septembre 2007. Sauf que ses résultats probants ont tellement convaincu que le scénario d'une reconduction de Driss Jettou animait les débats dans le microcosme politique national. Et que les citoyens voyaient en lui un responsable compétent et tenu aux obligations de résultats. Mais la décision du chef de la primature est autre, sauf un revirement pour raisons de nécessité et de continuité des grands chantiers initiés, sait-on jamais ? Tout en restant sur la polémique tenace autour de la problématique de la réforme constitutionnelle dont il ne voit pas l'urgence dans les conditions actuelles : «il faut un consensus sur cette question», ce qui est loin d'être le cas. Mais, surtout il assure qu'il «existe de grandes marges manœuvres dans la loi suprême actuelle pour l'exercice de la charge de Premier ministre». Enfin, priorité est toujours accordée à l'intégrité territoriale du Royaume qui se lance dans une offensive tous azimuts dans le but de faire accepter le plan d'autonomie du Sahara marocain dont le projet sera finalisé et transmis aux instances onusiennes compétentes dans les semaines qui viennent. Et là, c'est une autre grande bataille que le gouvernement Jettou devra mener au mieux avant de «faire ses valises». Affaire Nichane