On se rappelle que Pierre Robert avec les membres des cellules de Tanger et de Fès avaient sillonné la région du Nord à plusieurs reprises en y aménageant des camps d'entraînement non loin de Chefchaouen. Cette partie du Nord avait été cadenassée par la suite par les autorités marocaines qui y avaient découvert les fameux camps. Sans oublier que beaucoup de membres du GICM sont originaires de l'Oriental et notamment de la région de Berkane où l'implantation du mouvement islamiste est tenace. Cette même zone du Maroc où certaines recherchés dans le cadre des attentats de Casablanca ont trouvé refuge avant de dealer avec les passeurs de drogue et d'homme pour leur faciliter la sortie du pays vers l'Algérie ou l'Espagne. Le même Pierre Robert qui a déjà organisé un solide réseau de vente de voitures en provenance d'Europe revendues sur le sol marocain en toute légalité. Ce trafic légal qui permettait à plusieurs membres de la cellule de circuler librement entre la Belgique, les Pays-Bas, la France, l'Espagne. Finalement, Sebta était une couverture idéale pour le transit de l'argent et de la drogue dont on a toujours découvert des quantités importantes dans le port du préside occupé. Haschich et autres substances qui trouvaient là de bonnes aides pour leur circulation. Faire passer des tonnes de cannabis permet par là même de faire passer des hommes, de leur trouver refuge, de les accueillir, de faire passer l'argent par leur biais. Bref, quand une voie pour le trafic est ouverte, elle est perméable à tout. C'est cette voie qu'avait suivi le Français et aussi le groupe Hanouichi, Rebaa et Bourafa et d'autres grands noms du terrorisme transfuges d'abord de leur passé de dealers avant de mettre la soutane et d'enfiler la barbe. Quoi qu'il en soit, le réseau du Français avait été monté avec un Marocain de Sebta qui s'appelle Abdelaziz Hichou, arrêté après le 16 mai. Un autre Marocain de Sebta, Abdelilah Fouad, est arrêté dans la foulée du 11 mars et officiellement inculpé. Il avait eu des contacts réguliers avec Hichou. On le considère comme un financier potentiel des attentats de Madrid, dont les activités seraient liées à un réseau parisien. Selon les enquêteurs, les investigations ouvertes à Sebta cherchent à savoir si « les ressources économiques des terroristes s'appuient sur le trafic de drogues qui transitent vers les côtes andalouses ». Les mêmes sources affirment que : « l'objectif est de déterminer si l'argent des activités narcotiques a financé certaines opérations terroristes et notamment l'achat d'explosifs ». Plusieurs maisons ont été fouillées à Sebta dans le cadre de ces premières investigations. Il a été révélé que plusieurs des arrêtés ont transité entre Madrid, Algésiras et Sebta à plusieurs reprises et avaient des relations avec des noms déjà écroués en Espagne pour trafic de drogue et pour activité terroriste. L'un d'entre eux aurait eu des rapports prolongés avec l'un des accusés des attentats du 11 mars. Il se serait rendu à la maison Morata de Tajuna où les explosifs du 11 mars avaient été préparés, louée par Jamal Ahmidan avec l'aide de Serhan Ben Abdelmajid, le Tunisien. Il connaissait également d'autres détenus qui sont arrêtés actuellement en Espagne. Par ailleurs, l'un des terroristes immolés à Léganes, Abdennabi Kounjaa, alias Abdallah, a été reconnu par la police de Sebta comme ayant déjà été arrêté et expulsé de Sebta pour conduite de voiture sans papiers. Quelle piste suivre aujourd'hui ? Et comment démêler l'écheveau de cette toile d'araignée qui sait que sa survie réside dans des alliances de ce type. Des alliances dont les multiples ramifications défient les lois des jeux de pistes puisque les cartes dés le départ misent sur le brouillage des traces. Reste que le plus important qui ressort du nouveau dossier traité par l'Audience national, c'est que des noms oubliés depuis le 16 mai casablancais et le 11 mars madrilène ont refait surface. «Ce sont les mêmes personnes recherchées depuis 2004 qui nous posent problème. Et selon certains témoignages de plusieurs prévenus, c'est le nom d'El Azizi et de Berraj qui nous intéressent le plus ». Amer El Azizi et Saîd Berraj, deux grandes figures de la cellule espagnole d'Al Qaïda, toujours en fuite, seraient les financiers du groupe de Sebta. Affaire à suivre.