Abou Hafs et Hassan Kettani ont été déférés, hier devant le juge d'instruction près la Cour d'appel de Casablanca. Ce dernier, qui a reporté d'hier à aujourd'hui l'instruction de l'avocat Ammari a, par ailleurs, entamé l'instruction détaillée de huit nouveaux candidats-kamikazes. Abdelouahab Rafiki, alias «Abou Hafs» et Hassan Kettani, deux théoriciens de la Salafiya Jihadia, qui étaient instruits jusque-là par le juge de la Cour d'appel de Rabat, ont été conduits, hier matin, devant le juge d'instruction près la Cour d'appel de Casablanca pour être interrogés sur leur relation avec les mis en cause impliqués dans les attentats-suicide du 16 mai. De même, Me Abdellah Ammari, l'avocat de Youssef Fikri et ses complices, arrêté pour avoir aidé un suspect recherché à s'enfuir et avoir violé le secret professionnel, a été déféré, le même jour, devant la troisième Chambre d'instruction, soutenu par six avocats, dont deux constitués par le barreau de Casablanca. L'audience de cette instruction détaillée a été reportée à aujourd'hui, jeudi, afin de permettre à la défense de lui rendre visite, hier soir, à la prison d'Oukacha et d'étudier le dossier. Par ailleurs, huit mis en cause impliqués dans les attentats terroristes ont été soumis, hier matin, à l'instruction détaillée après avoir été soumis à l'interrogatoire préliminaire lors d'une précédente audience. Concernant la poursuite de l'enquête policière, le procureur général près la Cour d'appel de Casablanca, Me Abdellah Alaoui Belghiti, précise, dans un communiqué remis, avant-hier soir, aux représentant de la presse, que huit nouveaux mis en cause impliqués dans les attentats-suicide du 16 mai ont été traduits devant le juge d'instruction, qui devait les interroger préliminairement. Il s'agit de Hassan Khaddaoui, alias «Yasser», 31 ans, marié, marchand ambulant, Khalid Chaoui, 20 ans, célibataire, cordonnier, El Houcine Hachimi, 25 ans, marié, tailleur, et Youssef Khammal, 28, marié, agriculteur. La liste comprend également Mohamed Zaïdi, 29 ans, célibataire, tôlier, Abdelhaq Rédouane, 39 ans, marié, libraire, Adelhaq Zghaidi, alias «Abou Lhouda», 25 ans, marié, cordonnier et Hicham Hamzi, alias «Abou Jaber», 26 ans, célibataire, journalier. Selon le communiqué, ces suspects qui ont constitué, avec d'autres adeptes de la Salafiya Jihadiya, deux cellules à Fès et à Tanger, qui ont par la suite fusionné, ont fait allégeance au Français Pierre Robert alias «Lhaj», alias «Abou Abderrahmane». Toujours selon le communiqué, cet émir de «la cellule Oussoud Khalden», du nom du camp Khalden, en Afghanistan, où il avait suivi un entraînement paramilitaire, a décidé d'approvisionner cette cellule en armes et en explosifs et de mettre en place un camp paramilitaire pour que ses adeptes puissent y suivre un entraînement physique et des cours sur le maniement des armes, ainsi que sur la fabrication des explosifs. Le procureur général affirme ainsi que «les membres de la cellule de Tanger ont suivi, à cet effet, dans la forêt de la région de Gueznaya, dans la périphérie de la ville du Détroit, un entraînement militaire sur le maniement des pistolets et la confection d'explosifs. Quand à la cellule de Fès, celle-ci avait pour objectif de s'attaquer aux banques de la ville, afin de réunir les fonds nécessaires au financement de ses opérations terroristes. A ce propos, ajoute le procureur général, le Français Pierre Robert a demandé à la cellule de Fès de repérer un endroit convenable pour l'entraînement et on lui a proposé à cet égard la région retirée d'Al Kifan à Ras Al Maa, où se trouvent plusieurs grottes isolées. Un autre camp d'entraînement militaire a été également aménagé dans les montagnes avoisinant la ville de Chefchaouen pour préparer les membres de la cellule de Fès à perpétrer des agressions contre des personnes et certains sites, apprend-on également dans le communiqué. Ces agressions devaient permettre de réunir les fonds nécessaires au financement des opérations terroristes. Le communiqué signale, par ailleurs, que les membres de la cellule du ressortissant français ont décidé de solliciter des trafiquants de drogue pour les aider à se procurer des armes nécessaires aux attaques des éléments des forces de sécurité et de s'emparer de leurs munitions pour s'en servir lors d'attaques projetées contre des casernes militaires. Le procureur général ajoute que le Français a fait part à ses adeptes de son intention d'établir un camp qui servirait de base arrière au lancement des attaques contre les barrages sécuritaires et les convois militaires. Me Abdellah Belghiti Alaoui affirme également que l'enquête a tiré au clair l'affaire du meurtre de Khaddouj El Omari, perpétré le 8 août 2002 à Tanger. L'enquête a révélé que le mis en cause Hassan Khaddaoui, membre de la cellule de Tanger, a avoué être l'auteur du meurtre avec la complicité du Khalid Chaoui. Le mobile de leur acte criminel était le vol de l'argent de la défunte. Toujours selon le communiqué du procureur général, 100 personnes au total ont été, jusqu'à mardi dernier, déférées devant le juge d'instruction. En conclusion de son communiqué, Me Abdellah Alaoui Belghiti signale qu'un autre groupe soupçonné d'être impliqué dans la préparation de l'exécution d'actes terroristes a été appréhendé et sera présenté au parquet une fois l'enquête achevée. L'enquête concernant ce dossier se poursuit toujours et à ce propos, les autorités publiques ont diffusé, mardi soir, les noms et les photos de Abdeslam Dachraoui, Rachid Aharez et Brahim Hamdi. La photo et l'identité de ce dernier, ainsi que ceux de plusieurs autres, que les autorités publiques n'ont pas encore diffusées, ont été déjà publiées par ALM.