Hicham Temsamani Jad, alias Rouaïm, 32 ans, a été arrêté par la Guardia Civil à Vitoria, en Espagne. Par ailleurs, quelque 42 membres de Salafiya Jihadia, impliqués dans les attentats terroristes du 16 mai à Casablanca, viennent d'être déférés devant la justice à Tétouan, Tanger et Kenitra. L'arrestation de Hicham Temsamani Jad, alias «Rouaïm», à Vitoria, en Espagne, a été annoncée jeudi en début d'après-midi par l'agence espagnole Europapress. Membre de la Salafiya Jihadia, Temsamani, qui a été arrêté par une unité spéciale de la Guardia Civil espagnole, était l'objet d'un avis de recherche dans le cadre des attentats du 16 mai. Mais, il aurait fui depuis quelques mois déjà vers l'Espagne, apprend-on de sources proches de l'enquête. Ce Tangérois avait épousé la veuve de Souhaïb Zemzami, frère de Abdelbari Zemzami, le célèbre prédicateur de la mosquée Ouled Hamra à Casablanca. Dans le même cadre, il est notable de constater que, pour la première fois depuis le déclenchement de l'enquête sur les attentats, des groupes de «takfiristes», déférés jusque-là devant la Cour d'appel de Casablanca, ont été traduits devant les procureurs généraux près les Cours d'appel de Tanger, Tétouan et Kenitra. C'est ainsi que 22 membres de la Salafiya Jihadia ont été traduits, jeudi matin, devant la justice de Tanger, douze l'ont été à Tétouan et huit autres à Kenitra. Le groupe de Kenitra, constituant la «cellule Hancha» est composée de huit personnes. Il s'agit d'Ahmed Matou, Abdessamad Bensidi, Abdelhafid Bensidi, Abdelhak Boulaâtaresse, Hicham Lamlili, Saïd Choukri, Mohamed Safi et Hassan Safi. Cette cellule chapeautée par Ahmed Matou et démantelée à Kenitra, avait des relations avec des membres de la Salafiya Jihadia, impliqués dans les attentats-suicide et demeurant au douar Sékouéla, à Casablanca. Ces derniers avaient rendu des visites fréquentes à leurs «frères» de Kenitra afin de recruter de nouveaux futurs kamikazes, pour les préparer à perpétrer des opérations terroristes dans d'autres villes. Ahmed Matou, l'«émir» de cette «cellule Hancha» -du nom d'un douar près de Kenitra -, était en relation avec Abdelouaheb Rafiki, alias «Abou Hafs», Mohamed Fizazi et Hassan Kettani qui tenaient des réunions secrètes dans un local aménagé en mosquée, pour inciter des jeunes à l'adhésion au courant de la Salafiya Jihadia et organisaient des entraînements paramilitaires dans une forêt proche de douar Hancha. Les enquêteurs ont saisi chez les membres de la cellule «Hancha» des tracts appelant «au Jihad en Afghanistan et en Amérique». Ces huit «takfiristes» ont été présentés par le procureur général devant le juge d'instruction près la Cour d'appel, poursuivis en état d'arrestation pour constitution de bande de malfaiteurs, hébergement de membres de la Salafia Jihadia, non-dénonciation de criminels, incitation à la violence, atteinte aux institutions constitutionnelles et distribution de tracts de nature à déstabiliser l'ordre public et à ébranler la foi des musulmans. Sur un autre plan, le juge de la troisième chambre d'instruction près la Cour d'appel de Casablanca a mis fin, jeudi matin, à l'instruction détaillée avec Me Abdellah Ammari, l'avocat du barreau de Casablanca poursuivi dans le cadre du dossier de la Salafiya Jihadia pour dissimulation d'un criminel et divulgation du secret professionnel. Ce dernier, qui soutenait Youssef Fikri, Mohamed Damir et leurs complices, a nié toutes les charges retenues contre lui, apprend-on de sources concordantes. Ces mêmes sources ont précisé que les avocats qui le soutiennent ont protesté devant le procureur général pour la saisie du cartable de l'avocat mis en cause depuis le jour de son arrestation et contre les conditions de sa détention. Il leur a été promis de parvenir à une solution convenable. On apprend également que les avocats qui soutiennent Me Ammari devaient déposer, jeudi soir, devant le juge d'instruction une requête relative à sa mise en liberté provisoire. Les mêmes sources ont estimé que le dossier de l'avocat Ammari serait joint à celui de Damir, Fikri et leurs complices. Ce dernier dossier doit être ouvert, mercredi 25 courant. Concernant Îssa Acharki, le membre du conseil de la Choura d'Al Adl Wal Ihssane et responsable de la région du nord, il a été arrêté lundi dernier alors qu'il sortait d'une mosquée de Tétouan. Il est poursuivi pour appartenance à un groupe interdit, rassemblement dans un lieu public sans autorisation, outrage à fonctionnaire et collecte de donations sans autorisation. La première audience de son procès devait être ouverte, jeudi après-midi, devant la chambre correctionnelle près le tribunal de première instance de Tétouan. Par ailleurs, le juge d'instruction près la cour d'appel de Casablanca a entamé l'instruction détaillée avec un nouveau groupe de mis en cause, impliqués dans les attentats-suicide du 16 mai. Il s'agit de Rédouane Chaouki, 27 ans, pêcheur, célibataire, Abderrahim Madrak, 25 ans, poissonnier, marié, Rédouane Khettabi, 17 ans, marchand de légumes, célibataire et Saïd Amzil, 23 ans, tailleur dans une société, marié. Ces quatre membres de la Salafiya Jihadiya ont fait allégeance à Abdelhak Bentassir, alias «Moul Sebbate», décédé au cours de son transfert de Fès vers Ca sablanca. Il s'agit également de deux candidats-kamikazes Mohamed Mounaïm, 35 ans, tailleur, marié et Mohamed Al Ghafi, 40 ans, marchand ambulant, marié, ainsi que de Mohamed Laâtour. Agé de 20 ans, ce marchand ambulant, célibataire, cachait chez lui à Berrechid des membres de la Salafiya Jihadia en fuite et les mettait à l'abri de la traque de la police, leur accordant un soutien moral et matériel. Le huitième membre répond au prénom de Saïd, alias «El Moule». Signalons enfin qu'un onzième groupe de « takfiristes » devait être présenté jeudi ou vendredi soir devant le juge d'instruction près la Cour d'appel de Casablanca. Les interpellations, les arrestations et les recherches se poursuivent toujours à travers plusieurs villes marocaines.