Abdelwahab Rafiki, alias «Abou Hafs», et Hassan Kettani, deux théoriciens de la Salafiya Jihadia, doivent comparaître ce lundi à Casablanca. Dans le même temps, les procès et les comparutions devant les juges d'instructions se poursuivent. Les deux théoriciens de la Salafiya Jihadia, Abdelwahab Rafiki, alias «Abou Hafs» et Hassan Kettani, doivent comparaître ce lundi 4 août devant la Chambre criminelle près la Cour d'Appel de Casablanca. Un moment fort dans le déroulement du procès de la Salafia, du fait de l'envergure des deux hommes et de l'ascendant qu'ils avaient sur leurs disciples. Autres révélations-clé, celles de Saïd Akmir, qui doit comparaître mardi devant la même Chambre. Celui-ci avait affirmé aux enquêteurs de la Police Judiciaire qu'une scission avait eu lieu, en 1997, dans les rangs du courant «Assirate Al Moustakim» («Le Droit Chemin» de Zakaria Miloudi)». C'est ce qui a été révélé par Saïd Akmir devant les enquêteurs de la Police Judiciaire. Akmir a précisé aux policiers que la scission a été menée par un groupe de «takfiristes» à la tête duquel se trouvait Abdelali Kricha. Ce dernier comparaît, aujourd'hui lundi, devant la même Chambre, en compagnie de 24 mis en cause. Saïd Akmir, né en 1977, cordonnier de son état, marié et père d'un enfant, a affirmé aux enquêteurs que le nouveau groupe a proposé de constituer un «Conseil de coordination» avec les Cheikh de la Salafiya Jihadia dans l'intention de former un nouveau noyau de ce courant intégriste. A ce propos, le chef de la scission, Abdelali Kricha, a partagé le Grand Casablanca en six régions, dont chacune est présidée par un chef ; régions des carrières Sekouila, présidée par un certain Saïd, celle de Lahraouiyine, présidée par Mohamed Bejaoui, celle d'El Oulfa, présidée par un certain Abou Kaâkaâ, celle de Hay Mohammadi, présidée par Abdessamad Moubkar et enfin la région d'Aïn Sebaâ présidée par Abdellah Brahma. Un tel partage avait pour objectif d'accueillir des Cheikhs de la Salafiya, tels que Mohamed Fizazi, Îssam Bachir, Abou Hafs et d'autres encore pour l'encadrement des nouvelles recrues qui viendraient renforcer les rangs des «takfiristes» et leur préparation à perpétrer des attentats-suicide au nom du Jihad. Par ailleurs, la même Chambre entame, aujourd'hui, l'interrogatoire de 24 nouveaux mis en cause dont Youssef Oussaleh, alias «Sahraoui», entrepreneur, trésorier du Parti de la justice et du développement (PJD), à la section de la commune Sidi Taybi, dans la province de Kenitra. Ayant assisté aux cours de Abdelwahab Rafiki, alias «Abou Hafs», de Îssam El Bachir, Hassan Kettani, Abdelaziz Berraq, Mohamed Fizazi et Omar Haddouchi, et influencé par leurs idées appelant au Jihad et prônant la violence, Oussaleh a commencé à soutenir matériellement et moralement le courant de la Salafia Jihadia. Un soutien qui n'était pas arbitraire, mais qui avait pour objectif de financer et de faciliter à ce courant intégriste les attentats terroristes contre des sites dans diverses villes marocaines telles que Casablanca, Essaouira, Agadir, Tanger et Marrakech. On compte également parmi ces 24 mis en cause 21 kamikazes de réserve. Il s'agit de Abdelhaq Hamdi, alias Abdelhaq Al Kharraz, Hassan Bakkouch, Khalid Nkiri, Saîd Faris, Rachid Riahi Idrissi, M'hamed Mamouni, Driss Boukheir, Youssef Makour, Zouheir Alouat, Saîd Nkiri, Mohamed Sadouk, alias «Abou Bilal», Rachid Abdellah, alias «Ouled Maskini», Lahcen Boukafaoui, Hicham Ouafik, alias «Al Kazdiri», Jaouad Chahid, alias «Abou Salama», Othmane Fares, alias «Othmane Sebbagh», Abdelhamid Farki, Abbès Lamkharbech, alias «Chouay», Driss Naouri alias «Abou Zoubair» et Adil Tamnaoui, âgés entre 20 et 36 ans. D'un autre côté, la même Chambre a achevé, vendredi dernier, l'interrogatoire de Hassan Taoussi, l'un des kamikazes qui a renoncé à se faire exploser lors du vendredi 16 mai, et 18 kamikazes de réserve. Si Hassan Taoussi a reconnu être parmi les 14 kamikazes de ce vendredi sanglant avant de renoncer, les kamikazes de réserve ont tous nié s'être préparés à commettre des attentats-suicide comme ceux de Casablanca. Certes, ils n'ont pas nié avoir des relations entre eux. Seulement, expliquent-t-ils, ce sont des relations de voisinage qui ne dépassent pas les salutations lors de leurs rencontres à la mosquée en fin de la prière. La Cour, qui entamera le 11 août courant les plaidoiries des avocats soutenant Mohamed Omari et Rachid Lahnech, deux des kamikazes qui ont renoncé à se faire exploser le 16 mai, a reporté le dossier du Hassan Taoussi et des 18 kamikazes de réserve au 12 courant également pour les plaidoiries des avocats de la défense. Signalons enfin, que les investigations concernant les attentats du 16 mai se poursuivent encore. A ce propos, un ressortissant britannique répondant au nom de Jansen Antonny Perry, a été arrêté et déféré devant le juge d'instruction près la Cour d'appel de Fès. Converti à l'islam en 1994, et âgé de 37 ans, ce natif de Londres, arrivait de Grande-Bretagne lorsqu'il a été arrêté en juin dernier à l'aéroport Fès-Saïss pour être déféré en justice à Rabat et à Casablanca, souligne la MAP. Jansen A. Perry est soupçonné d'appartenance au mouvement radical islamiste international et aurait des contacts avec les chefs de file marocains du mouvement de la Salafia Jihadia. Par ailleurs, le juge d'instruction près la Cour d'appel de Rabat a interrogé, vendredi dernier, 34 mis en cause dont le Français Pierre Robert, impliqués dans les attentats de Casablanca.