Les quatre théoriciens de la Salafiya Jihadia, Fizazi, Miloudi, Chadli et Haddouchi, comparaissent à nouveau, aujourd'hui, devant la Chambre criminelle près la Cour d'appel de Casablanca. Cette dernière a achevé l'interrogatoire de 24 «takfiristes». «Oui, j'ai rendu visite à Abou Hafs (Abdelwahab Rafiki) quand il est sorti de prison. Le Cheikh Omar Haddouchi a assisté au baptême de l'un de mes fils et j'ai assisté aux cours de Mohamed Fizazi, Omar Haddouchi, Abou Hafs et du Cheikh Kettani…». C'est une partie des déclarations de Youssef Oussaleh, trésorier du Parti de la justice et de développement (PJD), section de Sidi Taybi, près de Kenitra. Barbu et vêtu d'une gandoura grise et d'une calotte blanche, cet entrepreneur de 47 ans, père de 8 enfants a tenté, lors de l'audience du lundi, dans l'après-midi, de se disculper et de qualifier son accusation de « coup monté par les adversaires politiques de la région». Il a affirmé que ces derniers déployaient de gros efforts pour l'écarter du champ politique. «Et ils y sont arrivés », a-t-il conclu. Cependant, sa rencontre avec Zakaria Miloudi, émir de «Assirate Al Moustakim»(le Droit Chemin) et avec Lahcen Boukafaoui, l'un des kamikazes de réserve qui s'apprêtait à se faire exploser à Essaouira, jettent la doute sur ses intentions. A propos de sa relation avec le premier, il a affirmé à la Cour lui avoir vendu un petit lot de terrain à Sidi Taybi sur lequel il a construit une maison, alors qu'à propos du second, il a précisé l'avoir aidé à passer deux mois au domicile de Miloudi Zakaria. Concernant son appartenance, Youssef Oussaleh a affirmé sur un ton plus ou moins convaincant : «j'appartiens au Parti de la justice et du développement, qui croit en la démocratie et participe aux élections…J'ai entendu parler d'Assirat Al Moustakim, mais je ne connais ni ses objectifs ni ses idées… Dans le même temps, je n'ai entendu parler du concept de Salafiya Jihadia que dans la presse et à la police… ». Il a nié avoir connu Abdelhak Bentassir, alias «Moul Sebbate», qualifié d'émir national, avoir soutenu moralement et matériellement les «takfiristes» de ce courant intégriste et avoir été mis au courant des attentats du vendredi 16 mai. Lors de la même audience, la Cour a poursuivi l'interrogatoire de 11kamikazes de réserve poursuivis dans ce dossier n°848/03 pour constitution d'une association de malfaiteurs, complicité dans l'atteinte à la sûreté intérieure de l'Etat en portant la dévastation, le massacre et le pillage dans plusieurs localités, complicité dans l'homicide volontaire avec préméditation et guet-apens et voies de fait entraînant des blessures. Il s'agit de Saïd N'kiri, Mohamed Sadouk, alias Abou Bilal, rachid Abdellah, Lahcen Boukafaoui, Hicham Wafik, Jawad Chahid, Othman Fares, Abdelhamid Farki, Abbès Lamkharbech, Driss Naouri et Adel Tamnaoui. Ils ont tous nié être des adeptes de la Salafiya Jihadia, être des kamikazes de réserve qui projetaient de se faire exploser à Essaouira, Marrakech et Agadir, avoir une relation avec Mohamed Omari, Abdessamed Oueld et autres émirs des cellules. Cependant, quelques-uns d'entre eux ont affirmé connaître d'autres «takfiristes», mais juste une connaissance du quartier. Vers 22h00, la Cour a levé l'audience pour la reprendre hier matin avec l'ouverture du dossier n° 849/03 concernant12 autres kamikazes de réserve. Après la présentation des requêtes pour vice de forme par les avocats de la défense, la Cour a entamé l'interrogatoire des mis en cause. Elle a commencé par Abdelhak Hamdi, Hassan Bakouche, Mustapha Zaoui, Khaled N'kiri, qui ont nié les accusations qui sont portées contre eux, avant d'ajourner l'audience pour la séance de l'après-midi. Lors de cette séance, la Cour devait examiner le dossier de Mustapha Dhabet et ses deux complices. Par ailleurs, la même Chambre entame aujourd'hui, mercredi, l'examen des dossiers de quatre théoriciens de la Salafiya Jihadia, à savoir Mohamed Fizazi, Miloudi Zakaria, Omar Haddouchi et Abdelkrim Chadli.