L'ouverture des dossiers des quatre théoriciens de la Salafia Jihadia impliqués dans les événements du 16 mai a été reportée. La Cour d'appel de Casablanca a, par contre, repris l'audience des autres mis en cause. Mohamed Fizazi, Miloudi Zakaria, Omar Haddouchi et Abdelkrim Chadli ont comparu, hier matin, devant la Chambre criminelle près la Cour d'appel de Casablanca. Impliqués dans les attentats du 16 mai qui ont secoué Casablanca, ces quatre théoriciens et encadreurs de la Salafiya Jihadia ont qualifié la société d'«impie» et ont émis des Fatwas, appelant au Jihad en tant que nécessité impérative contre ce qu'ils appellent les «despotes et leurs émules» à l'intérieur de notre pays. Dans cette optique, ils ont autorisé le meurtre de ces personnes et donné leur feu vert aux attentats-suicides dans les différents objectifs. A leur demande, la cour a reporté leurs dossiers à l'audience du vendredi 1er août pour la constitution de la défense. La même Chambre a reporté à la même audience le dossier de trois autres «takfiristes» de la Salafiya Jihadia. Il s'agit de Mustapha Dhabet, Saïd Ghaïlane et Saïd Akmir. Ex-membre d'Al Adl Wal Ihssane, M. Dhabet a rejoint les rangs de la Salafiya Jihadia après avoir assisté à diverses séances encadrées par Abdelaziz Berraq, Omar Haddouchi, Issam Bachir, Abdelkrim Chadli, Mohamed Fizazi, Abdelouahab Rafiki, alias «Abou Hafs», ainsi que d'autres personnes. Après quoi, il a constitué la «cellule Chichane» au quartier Al Massira à Casablanca. Une cellule qui a pour principe le «Jihad». Quant à Saïd Ghaïlane et Saïd Akmir, deux ex-adeptes d'Assirate Al Moustakime (le Droit Chemin de Zakaria Miloudi), ont rejoint également les rangs de la Salafiya Jihadia pour se mettre à la disposition de Abdelhak Bentassir, alias «Moul Sebbate», l'émir national, pour perpétrer des actes terroristes. Par ailleurs, la Chambre a repris l'interrogatoire des mis en cause impliqués dans les attentats-suicide du 16 mai. A ce propos, elle a interrogé Mokhtar Baoud, né en 1978, célibataire, tôlier de son état. Ex-adepte de Daâwa Wa Tabligh, ce dernier a nié avoir rejoint les rangs de la Salafia Jihadia, avoir une relation avec ses adeptes, avoir fait allégeance à Mohamed Omari (qui a renoncé à la dernière minute pour se faire exploser à l'hôtel Farah) et être un kamikaze de réserve qui se préparait à participer à des attentats-suicide à Essaouira. Il a reconnu avoir seulement visionné, en compagnie de Khalid Chihab, Abdessamad El Oueld et un certain Ali, une cassette vidéo sur la biographie du prophète Sidna Mohamed. Appelé à la barre, Khalid Mourassil, né en 1974, marié, père de 4 enfants, herboriste de son état, a nié être un adepte de la Salafiya Jihadia. «Je suis, depuis 1994, membre de Jamaât Addâwa Wa Tabligh et ce n'est qu'une fois en détention que j'ai entendu perler de la Salafiya Jihadia et de Ahl Sunna Wal Jamaâ… », affirme-t-il à la cour. A l'instar de Mokhtar Baoud, Khalid Mourassil a nié avoir une relation avec Mohamed Omari. «Je le voyais seulement passer sur son chemin vers la mosquée…», précise-t-il. A propos d'Abdelhak «Moul Sebbate», il a nié lui avoir fait l'allégeance. «Je ne le connaissais pas du tout… », ajoute ce présumé émir de la cellule qui devrait perpétrer des attentats à Tanger. Il a affirmé également à la Cour qu'il a fondu en larmes quand il a entendu parler des événements sanglants du 16 mai. «Parce que le Maroc est un pays de la paix…», dit-il. Et d'ajouter que «l'absence de l'autorité» est la cause essentielle de ces opérations terroristes. La cour a poursuivi ses interrogatoires vers midi avec Abdessamad El Oueld, né en 1975, célibataire, sans profession. Ce dernier a nié également être un adepte de la Salfiya Jihadia et émir de la cellule chargée des opérations terroristes projetées à Essaouira. Abderrazak Rtiwi, présumé émir et coordinateur des 14 kamikazes avant sa destitution, est passé par la suite à la barre avant le report à l'audience de l'après-midi.