Contentieux hispano-marocain Alfonso de la Serna, historien espagnol renommé et ancien diplomate de carrière de 1948 à 1987, ayant servi, entre autres, en tant qu'ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire d'Espagne au Maroc de 1977 à 1983, puis en tant que président du Conseil supérieur espagnol des Affaires étrangères, est un fin connaisseur très avisé des relations hispano-marocaines et un appréciable et bienveillant ami du Maroc. Alfonso De la Serna est auteur d'une multitude de publications d'importance dont un éminent essai intitulé : «Au Sud de Tarifa» publié en mai 2001. Dans cette publication d'environ 350 pages, ce déférent diplomate a dépeint intelligemment et richement les épisodes et les vicissitudes ayant caractérisé les relations hispano-marocaines à travers l'histoire. Son séjour au Maroc et les rapports qu'il entretenait avec les responsables marocains, lui ont permis de vivre intensément le paradoxe des méconnaissances réciproques et de méditer, constamment, sur les barricades qui entravaient l'épanouissement et le rayonnement de l'entente mutuelle entre les deux pays. Aussi, s'était-il fixé, pour objectif une série d'évidences qui étaient, à son sens, négligées ou ignorées ayant sécrété une suite d'images fictives, assorties d'hostilité, réitérées réciproques et d'incompréhension subjective injuste. Son essai, en effet, traite de faits géographiques et d'événements historiques, à travers des siècles, entre le Maroc et l'Espagne, et d'un cumul de problèmes, de sentiments et de visions entièrement contradictoires. L'image, notait-il, des conquêtes et de la domination, des guerres et de la vie commune, de la fascination et des refus, de l'influence réciproque et de l'éloignement culturel, des mémoires exaltantes et des souvenirs amers, qui avaient donné lieu à des clichés ambigus, aussi bien en Espagne qu'au Maroc, rendirent l'entente et la compréhension difficiles et épineuses, voire inaccessibles et inaudibles, entre les deux peuples, leurs relations historiques ont été, de tout temps, intimes et profondes, mais conflictuelles et tiraillées. Par ce travail de réflexion, Alfonso De la Serna s'est attaché, enfin et à fond, à faire admettre à ses concitoyens ibériques, les valeurs sanctifiées des Marocains quant à leurs principes religieux et sociaux, indépendamment de leurs traditions et cultures farouchement secourues, car la société marocaine a été jugé par la société espagnole suivant sa propre échelle de valeurs assombrie par l'incompréhension et les effets négatifs, insistant, par ailleurs, sur l'obstination manifeste des deux pays d'approfondir le fossé des malentendus et de la confusion entre eux. Et d'ajouter que, si ses concitoyens pouvaient faire l'effort de reconnaître les discordances et les dissimilitudes qui séparent les deux pays, de raviver l'histoire circonstancielle de leurs conjonctures et de se mettre «chacun à la place de l'autre», probablement ce fossé d'incompréhension pourrait être résorbé. Enfin, l'auteur s'est dit convaincu de l'amitié hispano-marocaine qui est, du reste, la meilleure garantie pour la paix et la convivialité mutuelle. Le Maroc, disait-il, n'est pas seulement à la frontière physique et géographique de l'Espagne, mais aussi à sa frontière historique et culturelle depuis déjà mille deux cents ans. Et de conclure qu‘«au Sud de Tarifa» il assiste à un grand pays habité par un grand peuple.