L'inspection générale de la société Axa-Assurances Maroc a relevé certains éléments douteux dans des dossiers de dégâts corporels dans des accidents de circulation. Le nom de certains victimes revenaient souvent. L'affaire remonte au 18 février 2006. Le 23 octobre, la police des frontières de l'aéroport Mohammed V a livré un certain Bouchaib N. à la brigade judiciaire suite à un avis de recherche qui date de février dernier. Bouchaib venait d'être refoulé d'Italie. C'est le doute d'une part et l'acharnement des présumés escrocs, d'autre part qui ont été à l'origine de l'éclatement de cette affaire durant la dernière semaine du mois de février dernier. Nous avions, en son temps, donné l'information sur ces mêmes colonnes. Grâce à l'arbitrage et à l'arrangement à l'amiable, les bénéficiaires d'indemnités, sur des dégâts corporels dus à des accidents de la circulation, donnaient l'impression que le mauvais sort s'est jeté sur eux, parce qu'ils sont à chaque fois victimes d'un accident. Ça ne ratait presque jamais. C'est ainsi que les choses se présentaient. Mais l'inspection générale de la société d'assurance a également relevé la présence de certificats médicaux qui émanent du même médecin exerçant dans un hôpital public à Casablanca. Des certificats qui permettaient aux intéressés de percevoir des sommes considérables pour leur incapacité de travail. Une plainte a été déposée au Parquet qui a ordonné une enquête. La police a commencé par l'audition du représentant juridique de la société d'assurances en question qui a livré des données précises sur l'affaire en s'appuyant sur le nombre d'accidents, en peu de temps, dont les personnes intéressées disent qu'elles ont été victimes. Le bien fondé de ces données, selon l'enquête menée par la P.J. a conduit les enquêteurs à deux frères, Bouchaib et Abderrahmane exerçant respectivement à l'arrondissement urbain des Roches noires et El Fida. Aussitôt avisés, ils se sont enfuis et font actuellement l'objet d'avis de recherche. Quatre de leurs complices, Abdelmajid, Hicham, Ahmed et Rachid ont été arrêtés et ont avoué qu'effectivement, ils simulaient des accidents de circulation se basant sur des certificats médicaux de complaisance. Ainsi, il suffisait d'attendre quelques semaines, le temps que les procédures aboutissent, pour toucher le montant de la combinaison dans…l'ordre. Mais il restait un complice. Bouchaib N., né en 1970, marié et père d'un enfant. Il était fonctionnaire à la commune des Roches Noires. Lorsque l'affaire a éclaté au mois de février et qu'il a vu ses complices sous les verrous, il a pris la fuite. Une motobécane Refoulé d'Italie, Bouchaib s'est retrouvé entre les mains de la police judiciaire suite à un avis de recherche lancé contre lui depuis le déclenchement du scandale. Bouchaib avouera qu'effectivement, avec la complicité de son frère Abderrahmane, ils utilisaient une motobécane de marque Peugeot 103, qui était la propriété de la commune des Roches Noires. Ils guettaient les véhicules devant les panneaux des Stop. Lorsque les conducteurs s'apprêtaient à démarrer, Bouchaib ou l'un de ses complices, chacun à son tour, tombaient devant le véhicule et prétendaient avoir eu des blessures. Le constat d'usage est fait, le dossier est présenté devant le tribunal et, grâce à un arrangement à l'amiable, ils percevaient des indemnités. Bouchaib niera la complicité du médecin qui leur délivrait les certificats d'incapacité. Pourtant, c'est le même nom qui revient dans tous les dossiers que Axa Assurances a relevés. Bouchaib, comme pour justifier ses méfaits, parlera longtemps de son passé. Il dit avoir grandi au milieu de huit frères et sœurs. Son défunt père, qui travaillait à la base militaire américaine de Nouaceur, s'était retrouvé au chômage. Lorsque son père rendit l'âme, Bouchaib avait 16 ans et il devait se débrouiller pour subvenir aux besoins de sa mère, de ses frères et sœurs. Ils habitaient un bidonville à Sidi Othmane, bien que les frères aînés contribuent à la bonne marche de la famille. Bouchaib, qui avait suivi un parcours scolaire normal l'ayant conduit jusqu'au célèbre lycée Al Khawarizmi, en 3ème année. Bouchaib a dû quitter le lycée à cause de la pauvreté, dit-il. Sa famille, bénéficiant du recasement des bidonvillois, a déménagé au quartier Attacharouk. En 1992, Bouchaib quitte le Maroc pour aller s'installer en Tunisie à la recherche d'un travail. Il y est resté trois mois sans en trouver un. Il retourne au Maroc et passe un concours d'huissier. Il est alors engagé par la commune des Roches Noires pour devenir par la suite huissier au tribunal de première instance de Hay Mohammadi-Ain Sebâa. En l'an 2000, il est engagé au service des Travaux publics de la même commune qu'il quitte pour immigrer clandestinement en Italie. Là-haut, il se fait arrêter au cours d'un contrôle de routine et se fait refouler au Maroc. Bouchaib s'est retrouvé avec 11 faux sinistres.