Pour empocher indûment l'argent des sociétés d'assurances, un homme, la quarantaine a engagé une bande composée d'hommes et de femmes, spécialisée dans la simulation des accidents de la circulation. C'est au service des accidents de la circulation (SAC) à la sûreté de Ben M'sik-Sidi Othman, Casablanca qu'une affaire de faux accidents a éclaté. Plusieurs rapports et procès-verbaux ont mis la puce à l'oreille des éléments de ce service. D'abord parce que, selon les PV, les scénarios des accidents de la circulation se ressemblent ainsi que les identités de ses auteurs et ses victimes, et les voitures qui y sont signalées sont identiques. S'agit-il d'un hasard ? En effet, le hasard ne peut en aucun cas mettre à chaque accident de la circulation les mêmes véhicules, les mêmes chauffeurs et les mêmes victimes dans des accidents de la circulation. Et pourquoi sur les mêmes lieux à Ben Msik-Sidi Othmane et non pas dans d'autres lieux ? Un tas de questions ont hanté l'esprit des éléments du SAC au point qu'ils se sont plus ou moins convaincus qu'il s'agit d'une affaire louche. A titre d'exemple, M.K, un jeune homme était, le 1er mars 2003, au volant de sa voiture, à bord de laquelle il y avaient quatre autres personnes. Tout à coup, son véhicule a été heurté par un petit taxi, marque Peugeot 205, à bord duquel il y avait trois voyageurs. La même voiture, le même petit taxi, les mêmes chauffeurs et les mêmes victimes font l'objet d'un autre procès-verbal dressé suite à un autre accident de la circulation daté du 22 février 2004. Quel hasard permet à ces mêmes personnes d'être à bord du même petit taxi ? Cela dépasse l'imaginaire. Ces remarques ont fait l'objet aussitôt d'un rapport dressé par le SAC et mis à la disposition de tous les services de la sûreté de Ben Msik-Sidi Othman. Des investigations qui ont ciblé au départ seulement les PV ont permis aux limiers de constater que toutes les victimes qui étaient à bord des deux voitures se présentaient au service, à chaque fois qu'il y avait eu un accident de circulation pour remettre des certificats médicaux pour les joindre au dossier. Ces certificats attestaient que les victimes présentent des blessures leur permettant une incapacité temporaire d'une durée variant entre 25 et 40 jours. Ils ont remarqué également que les victimes sont issues soit de Beni Mellal soit d'Oued Zem. Une fois tous les éléments et les informations recueillis, le rapport a été mis entre les mains du procureur du Roi. En l'examinant, ce dernier leur a donné ses instructions d'approfondir leur enquête afin d'arriver aux résultats convenables. Les enquêteurs de la police judiciaire se sont penchés sur l'affaire en convoquant en premier lieu M.K, l'un des chauffeurs de voitures signalées dans les procès-verbaux. Au départ, ce dernier a expliqué que les deux accidents de la circulation avaient eu lieu par hasard et que les personnes qui étaient à bord de sa voiture sont membres de sa famille. En convoquant les personnes qui étaient en sa compagnie, ainsi que sa femme, les policiers l'ont mis entre l'enclume de sa disculpation et le marteau de sa femme. Cette dernière a affirmé aux enquêteurs qu'elle n'a jamais connu les personnes qui se tenaient devant elle. Bref, elles ne sont pas membres de leur famille. Qui sont-ils donc ? Et comme si la terre s'est écroulée sous ses pieds, il a décidé de cracher le morceau. Il a déclaré avoir été sollicité par un certain S.B pour participer dans des accidents de circulation fictifs et ce, contre une somme d'argent. Sans hésitation, il a accepté. Il a affirmé ne pas être la seule personne qui y a participé. Il y a effectivement d'autres personnes, mais qu'il ne connaissait pas. “Je ne connais que S .B,“, précise-t-il. Ce dernier se chargeait des certificats médicaux et de toutes les procédures nécessaires pour la composition d'un dossier face à la société d'assurance. C'est lui qui organisait tout, aussi bien les simulations des accidents de circulation que la préparation des certificats médicaux et d'autres documents nécessaires pour rembourser les indemnisations auprès des sociétés d'assurances. Avec un travail de fourmi, les enquêteurs de la police judiciaire sont arrivés à conclure qu'il s'agit d'une bande de malfaiteurs composée d'une dizaines de malfrats dont des femmes. Ils sont arrivés à mettre hors d'état de nuire neuf personnes dont quatre femmes et le cerveau de la bande à savoir S.B. Ce dernier n'a pas hésité d'avouer avoir pensé depuis belle lurette de simuler des accidents de la circulation pour empocher des indemnités. Il a affirmé avoir réussi plusieurs accidents fictifs. C'est lui, selon ses déclarations devant la PJ qui finançait les opérations en payant ses comparses et veillait sur la composition des faux dossiers qui seraient remis aux sociétés d'assurances. Ils ont été traduits devant la justice à Casablanca, poursuivis pour constitution d'une association de malfaiteurs, faux, usage de faux et escroquerie.