À partir de ce numéro, La Gazette du Maroc publie, dans le cadre d'une syndication avec The Economist, l'hebdomadaire londonien, et en même temps, une série d'articles d'ordre économique et international pour approcher son lectorat de l'actualité mondiale telle qu'elle est vue par cette publication. Dans ce numéro, nous vous proposons, d'une part un article sur le vieillissement de la Banque mondiale et le FMI, et d'autre part, une analyse sur les incertitudes qui pèsent sur le marché pétrolier. La Banque mondiale et le FMI prennent le taureau par les cornes. Conscients de leur vieillesse, ils se cherchent de nouveaux rôles dans un contexte de stabilité économique mondiale. Raymond Mikesell est un professeur de sciences économiques à l'université de l'Orégon décédé le jeudi 14 septembre à l'âge de 93. Sa vieillesse est aussi un accomplissement remarquable. On pense qu'il est le dernier économiste survivant à la conférence de Bretton Woods en 1994, qui a vu l'avènement du régime économique de l'après-guerre et avec elle la naissance du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale (BM). Alors que se déroule la session d'automne des deux établissements à Singapour, la mort de Mikesell est un rappel aux vieux mammouths de la finance internationale qu'ils peuvent également avoir une durée de vie normale. Les Institutions de Bretton Woods ont vu le jour dans un monde déchiré par la guerre. Les économistes qui se réunissaient dans la localité du New Hampshire avaient encore la mémoire fraîche sur la crise financière internationale des années 30. Les politiques mercantilistes et l'échec du système monétaire international ont dévasté le commerce mondial. Ils espéraient prévenir de futures crises en installant ces établissements multilatéraux pour agir en tant que force stabilisante pendant la reconstruction de l'après-guerre. Le premier travail de la BM était de reconstruire l'Europe ; le FMI avait pour rôle de surveiller le système de change fixe établi à Bretton Woods. Plus tard, le vieux couple a cherché de nouveaux rôles en tant qu'administrateur du développement économique global et de la stabilité financière internationale. A présent, la BM et le FMI ont peu de travail à accomplir. Les marchés fonctionnent mieux, de même que d'autres institutions financières. Grâce à la théorie économique améliorée, le monde s'est développé, est devenu plus riche et plus stable. Quant à l'aide aux plus pauvres, le modèle multilatéral de soutien financier et de conseil aux moins avancés pour soutenir leurs économies est sous le feu aussi bien de la gauche que de la droite. Les conservateurs de droite arguent que de telles interventions posent plus de problèmes qu'ils n'en résolvent. La gauche se plaint du fait que les pays en voie de développement obtiennent trop peu d'argent, mais aussi du faible contrôle sur la façon dont l'aide financière est dépensée. Qu'il s'agisse de la droite ou de la gauche, chacune estime que la structure des institutions est désuète et laisse entendre, de plus en plus, que le glas a sonné. Lors de la rencontre de cette semaine, le vieux couple insistera violemment sur le fait qu'ils ont toujours un rôle à jouer. Dans son dernier rapport sur l'économie mondiale, le FMI estime que la situation est bonne, bien que subsiste "des risques de plus en plus importants d'aller sur la mauvaise pente". Parmi ces risques, les plus menaçants sont l'inflation, le choc qui guette l'approvisionnement sur les marchés de matières premières, particulièrement pour le pétrole et les déséquilibres globaux persistants, surtout en Amérique. Au pays de l'Oncle Sam, le déficit de la balance des paiements continue de monter en flèche. Les chiffres du 18 septembre montrent que le déficit s'était élargi rapidement au deuxième trimestre, à 218 milliards de dollars. Ces déséquilibres ont poussé des taux de change asiatiques au-delà du concevable. L'Europe et l'Amérique veulent, toutes les deux, que les pays asiatiques cessent de stocker des dollars afin de garder leurs devises faibles face à la monnaie américaine, rendant ainsi les exportations asiatiques bon marché. De cette manière, la consommation américaine insoutenable continuera à résister malgré un contexte difficile. En théorie, ce déséquilibre monétaire connexe pourrait être le domaine d'intervention pour lequel le FMI est souhaitable. La lutte de puissance entre les économies riches et montantes pousse le débat dans le champ de la gouvernance de ces institutions. Le FMI a franchi la première étape pour l'approbation d'une révision de ses statuts. Ces derniers donnent désormais un nombre de voix légèrement plus grand à la Chine et à d'autres pays émergents. Mais beaucoup de pays plus pauvres veulent également plus de voix. Cependant, il ne s'agit que d'un rafistolage qui ne résoudra pas des conflits situés en profondeur. Le FMI a promis une révision plus fondamentale d'ici 2008. L'espace libre ce qui pourrait remplacer le « consensus de Washington » une fois large-soutenu, qui a guidé l'excédent d'interventions la décennie passée mais tombe hors de la faveur. Il ne remplacera pas le “Consensus de Washington”, alors largement soutenu et qui a mené à l'excès de l'interventionnisme dans les années 1990 et aujourd'hui désapprouvé. Et il ne reformera pas non plus le bouclier de la Banque mondiale. Son président, Paul Wolfowitz, semble vouloir entreprendre une réforme semblable de son institution. Mais des questions persistent à propos de la faiblesse du marché pour les prêts bancaires envers les pays à revenus intermédiaires dont la solvabilité aide à financer le développement. Les deux institutions ont un besoin pressant de parer à leur vieillesse. Syndication The Economist-La Gazette du Maroc / Traduit de l'anglais par Mar Bassine Ndiaye