Quand on dit «Samaoui», on pense au chanteur populaire dont les aires remplissent l'atmosphère des souks hebdomadaires. Mais le mot a pris une autre connotation, tant chez la police que chez les particuliers. Il signifie une opération d'escroquerie avec hypnose en plein boulevard. Deux individus ont été arrêtés par la police judiciaire. Ils ont même tenté de faire la démonstration aux enquêteurs. C'est plus que magique ! Mustapha Mhindate et Abderrahim Khayal. Deux hommes approchant la cinquantaine se promènent dans les rues de la ville guettant des passants. Leur préférence était les jeunes filles et les femmes. Mais ils ne draguaient guère. Mustapha et Abderrahim étaient assistés par un certain Hafid Briouil. L'opération se déroule comme suit : Abderrahim ou Mustapha vise sa proie. Il accoste la bonne femme qui se trouve dans une ruelle ou sur un boulevard et commence à lui parler de son vécu et de ses malaises, des obstacles qu'elle rencontre dans sa vie et des malheurs qu'elle encourt. Une espèce de discours qui colle à toutes les situations et qui convient à toutes les dames. Au moment où la proie mord à l'hameçon, arrive Hafid qui se plie en quatre, embrasse la main du “fkih”, “chrif” et lui tend quelques billets en remerciements à ses bienfaits. L'homme disparaît. La proie, stupéfaite, en un laps de temps se donne entièrement à Mustapha ou Abderrahim. Car la méthode est la même. Une fois embobinée, la bonne femme, dans une inconscience totale, sort ce qu'elle a, tout ce qu'elle possède : argent, bijoux…Certaines sont même allées jusqu'à chez elles chercher leur petite fortune et la remettre à l'un de nos deux guérisseurs qui leur faisaient croire que ces mêmes biens étaient atteints par des esprits malsains. A la remise des biens, le Fkih demande à sa proie, pour qu'elle soit débarrassée des malédictions, de faire un certain nombre de pas en récitant un verset du Coran. Une fois la récitation finie et les pas comptés, la proie se réveille sur le vide. Le “fkih” a déjà pris la clé des champs, bijoux et argent aussi. Mustapha et Abderrahim ont été arrêtés en flagrant délit d'escroquerie au moment où ils tentaient de procéder à commettre leur acte délictueux au préjudice d'une certaine Fatna Annabi sur le boulevard du 2 mars, à Casablanca, à hauteur de la mosquée Assounna. Lorsqu'ils ont été conduits au commissariat de police, les deux «Smairias», ainsi surnommés, ont avoué leurs méfaits et énuméré les opérations qu'ils avaient effectuées un peu partout dans le Grand Casablanca. Au cours de leur interrogatoire, la police a pu repérer un dossier faisant l'objet d'une plainte déposée par une certaine Zahra Meftah, victime d'une opération similaire effectuée par ces mêmes «Smairias» sur l'avenue de l'armée royale. Zahra y avait perdu deux bracelets et cinq bagues en or ainsi que la somme de 3.800 DH. Les aveux de Abderrahim et de Mustapha conduiront les enquêteurs à des opérations similaires d'escroquerie perpétrées dans le Grand Casablanca, dans des souks hebdomadaires et dans la ville d'Azemmour. A noter aussi qu'il y a quelques semaines, un individu s'est pointé au service des annonces du groupe Maroc-Soir. Il a embobiné la caissière à sa manière et est sorti, sans être aucunement inquiété, avec la somme de 4.000 DH. L'employée a perdu son poste et a passé une journée au commissariat de police pour enquête.