Le sport est une sphère tellement révélatrice de l'opportunisme ''idéologique" des Marocains et de leur chauvinisme, parfois, très mal placé. Le football en particulier, en est une bonne et significative illustration. Grâce à ce sport on s'est trouvé des attaches identitaires un peu partout dans le monde. C'est un excellent moyen pour stimuler le sentiment de fraternité « arabe », aussi mal placée que nos tendances patriotiques envers des nations auxquelles on n'appartient même pas. On a longtemps assisté –et on continue d'ailleurs - à des scènes de compatriotes zélés des victoires des autres équipes nationales. Depuis que l'Egypte fut finaliste face à la Côte d'Ivoire lors la Can 2006, ce n'était plus notre antagoniste juré. Tant de hurlements et de voix exaltés dans nos cafés après la valeureuse victoire pharaonique ! Quelques mois après, la Tunisie s'opposait à l'Espagne pendant la première phase de la coupe du monde. Et voilà que l'arbitre devint le bouc-émissaire de toute une nation ; la nôtre ! On se complimentait du score tunisien, pourtant, peu satisfaisait (3-1 en faveur de la Roja). Alors que l'Algérie disputait les éliminatoires de la coupe du monde 2010, l'aversion qui lui était éternellement vouée fut égarée dans l'oubli. C'étaient devenus « des frères » ! On ne s'empêchait pas de décharger notre aversion sur l'Egypte cette fois, qui se proclamait toujours notre mère fraternelle. Ainsi, entre mère et frères les émotions furent séparées. Les frères s'étaient emparés de la majorité finalement. On osait espérer une qualification des fennecs pour le deuxième tour au Mondial. Le 0-0 devant les anglais fut une fierté « nationale » pour nous ! Tout cela donnait l'impression d'être tel un devoir patriotique à accomplir. Tout marocain digne de son identité « arabe » se devait d'éprouver de l'ardeur envers ces nations à chaque match disputé. Avoir une opinion différente -quoique fondée- que celles des « experts » qui philosophent du football dans les cafés, dans les bus, dans les taxis etc. était dans les limites de l'injure, un préjudice quant à notre chère identité « arabe » ! Affirmer que le football n'est après tout qu'un loisir, que si on fait le choix de se placer dans le camp d'une équipe quelconque c'est uniquement par quête du bon spectacle, loin de tout courant politique ou doctrine « panarabisante » et que c'est le jeu qui décide, ne rentrait pas dans la logique de nos honorables « experts ». Cela est constatable aussi quand il s'agit de joueurs marocains d'origine ou juste de nom (à vérifier), évoluant dans d'autres équipes nationales, sous une autre nationalité évidemment. On se réjouit de la victoire des néerlandais, on se l'approprie même, pour l'insignifiante raison qu'un néerlandais de nom marocain y joue. Le peuple brésilien avait-il ressenti de l'enthousiasme quand la Tunisie fut championne d'Afrique ? Dos Santos Silva est pourtant brésilien, de nom est de naissance et fut naturalisé tunisien en 2003. Remarquons que même s'agissant du prix Nobel, la France ne s'approprie guère celui accordé à Debreu (prix Nobel d'économie en 1983), qui est né français et fut naturalisé américain, après avoir immigré aux Etats-Unis et notamment du fait de ses importants apports dans le domaine. Je vous laisse imaginer si Debreu était né marocain... —Meryem KAGHATE—