Le 31ème Festival international du film du Caire (du 27 novembre au 7 décembre) risque de battre son propre record de films et sans doute de fréquentation. Présence en force des cinéastes algériens avec des films faits dans les Aurès, à Alger et Tlemcen. Toute une géographie. Le public du Festival du Caire pourra voir au moins trois grands films algériens : La Maison Jaune de Amor Hakkar, Délice Paloma de Nadir Moknèche et Cartouches gauloises de Mahdi Charef. Signe que l'axe culturel algéro-égyptien, même via Paris, redevient résolument réel. Il le fut du temps où Youssef Chahine était produit par la télévision algérienne. C'est sans doute un nouveau pas vers des coproductions entre les deux pays qui est franchi pour voir des cinéastes algériens tourner dans les studios du Caire et des Egyptiens venir capter les rumeurs de La Casbah d'Alger. On peut rêver. Omar Sharif en président d'honneur, le programme de ce 31e opus (le Festival du Caire est dans la meilleure catégorie A) s'appuie sur le cinéma arabe. Les trois films algériens cités, l'hommage à Lakhdar Hamina, les films du Maroc, de la Syrie, du Liban (avec le délicieux film de Nadine Labaki Caramel). Du Maroc, trois représentants au moins parmi d'autres sont attendus : Farida Benlyazid, Ahmed Boulane, Daoud Ould Sayed. Il faut aussi prévoir quelques bousculades devant les salles du Caire quand passent les nouveaux films égyptiens avant leur sortie commerciale. Pas de Chahine dans le programme mais des films d'Ahmed Atef, Amr Bayouni, Saad Hendawi... Personne ne parle plus de crise de production dans les studios d'Egypte. On tourne à toute vitesse. Films, feuilletons, vidéos. On annonce même la candidature du nouveau film de Mohamed Khan tourné à Alexandrie pour le concours des Oscars des films étrangers. Le cinéma égyptien survit assez bien sans toutefois atteindre ses grandeurs passées. Le public est toujours sous influence. La moindre production avec Adel Imam bat tous les records de recettes. Nour Al Charif, Yousra, Mohsen Mohieddine maintiennent aussi ces recettes à leur haut niveau. Le piratage vidéo, la télévision familiale n'ont pas tué le cinéma. Le Caire possède plusieurs studios de tournage, des salles de montage, des laboratoires de développement et de sous-titrage. Par peur de la censure, des cinéastes font leur post-production en Europe, ce qui est pourtant interdit en principe. Youssef Chahine fait sortir sa pellicule du pays en secret. Côté salles, de plus en plus de multiplex accueillent des audiences records (Hollywood a déjà ses écrans au bord du Nil). La programmation du 31e Festival du Caire s'appuie aussi sur le cinéma anglais (grand panorama british dans les salles). Tandis que la compétition internationale présente des films de Turquie, Inde, Egypte, Espagne... Cette année encore, le Festival du Caire aura son port d'attache dans le magnifique complexe de l'Opéra House situé au bout de Kubry Ettahrir, sur l'île de Gézira. L'inépuisable magie de ce lieu, on la doit sans doute à la superbe statue d'Oum Kaltoum. Dans son port souverain et son regard malicieux, la diva est vraiment l'âme de ce vaste espace dédié à tous les arts. Azzedine Mabrouki elwatan.com