Un parti politique est une organisation articulant une action locale et nationale dont les dirigeants ont pour volonté la conquête et l'exercice du pouvoir, voilà pour la définition académique. Posez la question à n'importe quel citoyen marocain, à quoi associez-vous un parti politique au Maroc ? Les réponses : escroquerie, magouille, corruption... "Chez nous, il n'y a pas de parti d'opposition, parce que nous pensons qu'une opposition pourrait troubler les rapports affectueux qui unissent le gouvernement au peuple" disait une grande figure de la tyrannie URSS. A l'image de notre royaume où l'opposition n'a jamais vraiment existé, hormis l'expérience élitiste de l'USFP dans les années 70, et qui a fini par être domptée par le système. Ce mouvement d'éveil s'était fait bousculer par d'autres ‘pseudo' partis du makhzen, qui ont profité du cafouillage politique et de l'appui de l'administration pour s'installer. Par ailleurs, on s'interroge sur l'utilité de plus de 40 partis politiques financés par l'argent public. Personne n'est capable d'énumérer tous ces partis qui ne jouent qu'un rôle de bouclier, un torchant sur lequel tout le monde peut s'essuyer les pieds et épargner ainsi le réel pouvoir politique, le tout puissant Makhzen, qui tisse ses toiles à tous les niveaux économique, social et politique. Ceci n'est pas un secret de polichinelle, les origines des blocages économiques et sociaux que vit aujourd'hui le Maroc, gangrené par une corruption omniprésente, sont dues à la faillite des partis politiques qui ont belle et bien choisi leur camp : celui des plus forts, le Makhzen et non celui du faible, le peuple. Cela dit, il ne faut pas chercher loin si l'on veut comprendre l'abstention des Marocains vis-à-vis des partis et de la politique en général. Ce sont les partis qui ont laissé pour compte le peuple et non pas l'inverse. Ce sont eux qui devraient faire renaître leur crédibilité en remodelant leurs actions. La multiplication des partis politiques au Maroc depuis l'indépendance fut une bonne stratégie pour asphyxier l'opposition de l'époque. En théorie, le Maroc a un système politique multipartiste, les différents partis doivent le plus souvent former des coalitions pour pouvoir gouverner, d'accord mais quand est-ce que avez-vous vu des partis politiques au Maroc choisis par les citoyens au pouvoir ? L'expérience vécue avec M. El Youssfi reste inédite malgré cette alternance de supercherie. Le peuple a espéré le changement. Quand est-ce que cette traversée du désert grouillante de désillusions va-t-elle finir ? De toute façon, il y a toujours une fin, donc soit on anticipe le choc en commençant dès que possible à bâtir les réformes conséquentes, soit on reste assis à attendre la collusion… Il faut le clamer haut et fort, le Maroc était et l'est toujours sous tutelle du Makhzen, qui considère les citoyens comme des brebis incapables de prendre leurs vies en main. Cette gigantesque structure est incarnée par une multitude de personnages hiérarchisés dont le Moqadem et le Cheikh, sans oublier le socle économique joué avec brio par la classe bourgeoise composée d'une poignée de familles. Le système parlementaire n'est qu'un placebo. Il ne faut pas s'étonner que les gens n'y croit pas, mais ils sont obligés de se plier et accepter en restant fidèles au fatalisme ancré dans la mémoire collective par les misères causées par le makhzen. Cette attentisme est plutôt positif en dépit des désenchantements successifs et vaut mieux qu'une résignation totale. La juxtaposition des deux systèmes, d'un coté l'archaïque Makhzen, usé et discordant avec le temps et l'espace actuels, et de l'autre moderne, relique de la période coloniale qui penne pour l'emporter sur le vieux, résultat : un grand désordre à tous les niveaux. Cette dichotomie nous rend schizophrène, avec un régime largement féodal sans féodalité et un système moderne sans démocratie, ce contexte met le pays en instance de divorce éternel. On attend un véritable changement de cap, on attend une décision historique et courageuse pour modifier la constitution et mettre le pays sur les railles de la démocratie et des droits de l'homme, et pour cela, il faudra faire un travail de fond pour éduquer les citoyens et leur apprendre leurs devoirs mais surtout leurs droits. Les Marocains doivent arrêter de se plaindre et prendre leurs responsabilités en main, sortir leurs têtes du gouffre, militer pour changer leurs quotidiens. Le cadre démocratique permet un minimum d'efficacité si on accepte de jouer selon les règles actuelles et essayer de changer les choses de l'intérieur. Ce qui nous manque c'est l'esprit combattant et persévérant, notre foi en la nation doit être plus forte. Mais la plus grande difficulté n'est pas de persuader les gens d'accepter de nouvelles idées, mais de les persuader d'abandonner les anciennes... Changeons !