L'homme qui fait l'histoire, ou l'histoire qui fait l'homme ? Quand on est le petit fils de Hassan el-Banna fondateur du premier mouvement islamiste dans le monde- les frères musulmans. Quand on est le fils de Saïd Ramadan penseur de la reforme en islam et Quand on est fils d'un réfugié politique, fuyant la répression nassérienne, tout cela donne une personne du nom de Tariq Ramadan. Il est philosophe, islamologue et spécialiste de...Nietzsche. Un essai de cerner le personnage. Du haut de ses 47 ans, il se présente dans les salles de conférences toujours avec la barbe bien taillée, une veste au col Mao, et une petite valise de cuir qui donne l'impression que cette personne est toujours en voyage et c'est le cas. Ce suisse de résidence est devenu un globe trotter. Depuis l'époque qu'il était impliqué dans les mouvements de coopération internationale en Amérique latine jusqu'à aujourd'hui comme professeur d'islamologie à Oxford, Ramadan était un grand voyageur. Sauf qu'aujourd'hui, il parcoure le monde pour faire entendre une voix discordante dans l'analyse de l'islam et des musulmans. Et surtout d'écouter les musulmans d'occident, afin qu'ils expriment leurs frustrations et inquiétudes. Pour prendre du recule, il n'hésite pas à avoir des moments de plaisir en jouant à son sport favori le football avec sa femme et ses deux filles. L'islamologue suisse a publié plus d'une vingtaine de livres, cependant le tournant dans sa réflexion intellectuelle reste le 11 septembre 2001. Depuis ce jour fatidique, il s'est senti investir par une mission, entendre une voix musulmane réformatrice et libérale sans être défaitiste. L'amour des nuances, et le rejet du simplisme lui ont valu les foudres de la presse, des intellectuelles, des politiques hexagonaux. Frère Tariq, comme se plaise l'appeler les nouveaux philosophes a passé les deux dernières années péniblement. Mais il se dit être maintenant plus solide intellectuellement et plus aguerri personnellement. La grande question qui hante Tariq Ramadan est le poids de son histoire. Il a une appartenance familiale chargée de sens. Sera-t-il capable de surmonter ce poids pour ne plus être le petit fis de et le fils de pour de devenir lui-même ? Être lui-même pour lui est se construire une réflexion solide sur l'islam, les musulmans et le monde.