À Dakhla, une délégation de sénateurs français constate les atouts commerciaux et économiques du Sahara    Position extérieure globale : Situation nette débitrice de 785 MMDH à fin septembre 2024    Le Maroc abrite le Green Impact Expo & Summit 2025 du 11 au 13 février    Kings World Cup : le Maroc en demi-finale après sa victoire face aux USA    CNSS. Dernière chance pour les entreprises débitrices    Charte de l'investissement. Bilan et perspectives    Morocco reaches Kings League semis with penalty win over US    « Pour la garantie de l'exercice du droit constitutionnel de grève »    Maroc : Des associatifs condamnés pour détournement de fonds destinés à la lutte contre l'abandon scolaire    Canada : Justin Trudeau contraint à la démission    Le Polisario compte ses jours    Abdellatif Ouahbi s'entretient avec l'ambassadrice du Danemark à Rabat    Snow-clearing efforts restore traffic on Targuist-Chakrane road in Al Hoceima province    Morocco's Social Security Fund announces openings for debt settlement initiative    Le Maroc plaide pour renforcer les usages de l'IA dans l'enseignement    Les autoroutes marocaines confrontées à des défis financiers, humains et infrastructurels majeurs, selon un rapport parlementaire explosif    Métapneumovirus humain: le professeur Afif s'élève contre les fausses informations    Abercrombie & Kent dévoile un nouvel itinéraire de voyage de luxe au Maroc pour 2025    Au MMVI, Chaïbia Tallal/CoBrA au croisement des Libertés et des affinités artistiques    « Les amoureux de Moulay Idriss Zerhoun »    Tiznit célèbre le Nouvel an amazigh    Fipar-Holding annonce la cession de sa participation dans Eviosys Packaging Maroc    Le départ de Trudeau signifie-t-il la fin du rêve canadien pour les Marocains ?    De nouvelles découvertes pour Aya Gold & Silver à la mine d'argent de Zgounder    DGAPR : Les prisons marocaines recensent 41 cas de rougeole    Assaad Bouab à l'affiche de la série franco-galloise "Minotaur" aux côtés de Natalie Dormer    L'Académie du Royaume du Maroc réalise un documentaire audiovisuel sur l'art du Malhoun    Réunion de suivi des travaux d'aménagement du Grand stade de Tanger    Neymar n'exclut pas de rejoindre Lionel Messi à l'Inter Miami    L'Indonésie rejoint le bloc des BRICS    Diplomatie : Talbi Alami et Bourita à Accra    Sao Tomé-et-Principe. Le président limoge le gouvernement    Guerre d'influence : La France face à la 5ème colonne algérienne [INTEGRAL]    Aide humanitaire au Liban: L'ONU a besoin d'un financement supplémentaire de 371 millions de dollars    Canada: L'Ontario renforce la surveillance à la frontière avec les Etats-Unis    Séisme en Chine: 400 personnes secourues, les recherches continuent    Ghana. John Mahama prête serment    Chambre des conseillers: Présentation du PL modifiant la loi relative à l'AMO et d'autres dispositions spécifiques    Real: Vinicius suspendu en Liga mais présent, ce jeudi, en Supercoupe !    Didier Deschamps quittera l'équipe de France après la Coupe du monde 2026    Botola D II: Aujourd'hui la J13, dimanche prochain la J14 (Programmes)    Arabie Saoudite. Quart de finale. Coupe du Roi : Benzema vainqueur de Bounou après les TAB    Industries culturelles et cinéma : Le Maroc veut passer à la vitesse supérieure    Edito. Blockbuster ou navet pitoyable ?    Chambre des conseillers : présentation du projet de loi modifiant et complétant la loi relative à l'AMO et d'autres dispositions spécifiques    La CAF augmente les primes du CHAN 2024 : 3,5 millions de dollars pour le vainqueur    La Bourse de Casablanca ouvre dans le vert    Remise gracieuse aux entreprises débitrices : ouverture exceptionnelle des perceptions de la CNSS en fin de semaine    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Doit-on suspendre la charia ?
Publié dans Aujourd'hui le Maroc le 08 - 04 - 2005

Le petit-fils de Hassan El Banna, Tariq Ramadan, a lancé un appel international à un moratoire immédiat sur les châtiments corporels, la lapidation et la peine de mort dans tous les pays majoritairement musulmans.
Tariq Ramadan, professeur universitaire en Suisse, puis aux Etats-Unis, et surtout petit-fils de Hassan El Banna, fondateur des Frères musulmans, a lancé le 30 mars 2005 un "Appel international à un moratoire immédiat sur les châtiments corporels, la lapidation et la peine de mort dans tous les pays majoritairement musulmans".
Cet appel a fait réagir énormément de personnalités musulmanes et non musulmanes.
Un savant marocain comme Abdelbari Zemzami a estimé que cet appel ne sert strictement à rien. Certaines soutenant l'idée développée par Tariq Ramadan et d'autres y voyant un moyen de faire diversion.
En tout cas, Ramadan assure que cette idée d'appeler à un moratoire s'est formalisée au cours des multiples rencontres pendant ces cinq dernières années. "Lors des différentes rencontres avec des Oulémas de Jordanie, d'Egypte, du Maroc ou d'Indonésie, il est apparu qu'il était impératif d'intervenir au nom même des principes de l'islam", assure-t-il. Ramadan tient également à préciser qu'il s'agit d'un "appel de l'intérieur non pas contre les textes scripturaires islamiques mais en leur nom et dans la fidélité de leur exigence de justice et d'égalité".
Partant du principe que les avis concernant l'application des "Houdouds" sont divergents, Ramadan rappelle dans l'introduction de son appel que "le débat de fond à l'intérieur des sociétés musulmanes est quasiment absent et que les positions demeurent très vagues, voire souvent nébuleuses, des femmes et des hommes subissent l'application de ces peines vis-à-vis desquelles il n'y a pas de consensus parmi les musulmans". En somme si l'existence même des châtiments corporels n'est jamais remise en cause par la Doctrine musulmane, les divergences apparaissent, par contre, entre les divers courants de pensée, notamment les littéralistes, les réformistes et les rationalistes. Ces divergences, selon Ramadan, "tiennent essentiellement à l'interprétation d'un certain nombre de ces textes et/ou aux conditions de l'application des peines relatives au code pénal islamique (nature des infractions commises, témoignages, contextes sociaux et politiques, etc.) ou, enfin, plus globalement et plus fondamentalement à leur degré de pertinence à l'époque contemporaine".
En somme, le petit-fils d'El Banna constate qu'à travers l'histoire, et jusqu'à aujourd'hui, la majorité des Ouléma estime que "ces peines sont bel et bien islamiques mais que les conditions exigées pour leur application sont quasiment impossibles à réunir donc quasiment jamais appliquées.
Or, Tariq Ramadan relève, à juste titre d'ailleurs, que le peu de fois que ces Houdouds sont appliqués, elles le sont "aux femmes et aux pauvres, doublement victimes, jamais aux riches, aux gouvernants ou aux oppresseurs".
L'analyse de Tariq Ramadan va plus loin. Il épingle également la communauté internationale, responsable selon lui de "dénonciation sélective des Houdouds" au gré des intérêts économiques et géostratégiques. "Un pays pauvre, d'Afrique ou d'Asie, essayant d'appliquer les Houdouds ou la Charia fera face à des campagnes internationales de mobilisation… Il n'en est pas de même pour les pays riches, les pétromonarchies et/ou les pays considérés comme "alliés" que l'on dénonce timidement, ou pas du tout, malgré une application constante et connue de ces peines à l'encontre des segments les plus pauvres ou les plus fragilisés de leur société. L'intensité des dénonciations est inversement proportionnelle aux intérêts en jeu".
Par ailleurs, Ramadan souligne qu'à travers les nombreux voyages qu'il a eu l'occasion de faire aux quatre coins du monde, bon nombre de musulmans souhaitent farouchement l'application des Houdouds. C'est un moyen, pour eux, d'affirmer leur identité. En clair, "l'opposition farouche de l'Occident est une preuve suffisante de caractère authentiquement islamique de l'application littérale des Houdouds". Ramadan se presse de dire que nous sommes là devant "un raisonnement antithétique, simple et simpliste".
Le comble c'est que face à cette "passion", pour ne pas dire dérive, "la majorité des Ouléma craint de confronter les revendications populaires parfois simplistes, peu savantes, passionnées et binaires de peur de perdre leur statut et d'être considérés comme trop compromis, pas assez stricts, trop occidentalisés, pas assez islamiques". En somme, l'appel de Tariq Ramadan, indépendamment de la suite qui lui sera réservée, aura le mérite de soulever deux questions fondamentales : le dialogue des Ouléma au sein du monde musulman, et le rapport de ces derniers avec les masses populaires. En agissant sur ces deux leviers, le blason de l'Islam n'en sera que redoré.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.