Pour le 31è mardi consécutif, les étudiants algériens ont battu le pavé pour dénoncer les mesures prises par Gaid Salah, notamment l'organisation de la présidentielle le 12 décembre prochain. Ils étaient quelque 2.000 étudiants à manifester à Alger, investissant la place de la Grande poste, point de ralliement des manifestations contre le pouvoir depuis le 22 février. « Pas de vote », « Un Etat civil, pas militaire », ont-ils scandé, référence faite à l'armée et à son rôle dans l'appareil de pouvoir, incarné par l'actuel chef d'état-major, Ahmed Gaïd Salah, devenu l'homme fort du pays depuis la démission du président Abdelaziz Bouteflika début avril. Les manifestants réclament le départ de l'ensemble du système au pouvoir ces dernières décennies avant tout scrutin, et une précédente présidentielle prévue début juillet pour élire un successeur à Bouteflika, a été annulée, faute de candidats. Les manifestants algériens s'étaient fixé l'objectif d'évincer les 4B ennemis du peuple. Deux sont partis poussés par la rue à la démission, mais deux autres sont toujours au pouvoir, à savoir le président par intérim Abdelkader Bensalah et le Premier ministre Noureddine Bedoui. Leurs noms reviennent systématiquement dans la bouche des manifestants, tous les vendredis et mardis. Point marquant de la manifestation de ce mardi, une présence sécuritaire allégée. Et pendant ce temps... Alors que se déroulait cette manifestation, pacifique comme à l'accoutumée, dans la capitale Alger, la ville de Blida avait rendez-vous avec un tout autre événement, qui se déroulait à l'abri des regards : le procès de quatre personnalités proches de Abdelaziz Bouteflika. Ainsi, Saïd Bouteflika, frère de l'ancien, et ses coaccusés, les généraux Toufik et Tartag, et Louisa Hanoune, chef du Parti des travailleurs (PT), comparaissent depuis lundi 23 septembre devant le tribunal militaire de Blida, notamment pour «complot». Incarcérés depuis le 5 mai (le 9 pour Louisa Hanoune), les accusés doivent répondre des mêmes chefs d'accusation, à savoir « complot dans le but de porter atteinte au commandant d'une compagnie militaire », passible de 5 à 10 ans de prison conformément à l'article 284 du Code de justice militaire, et « complot pour changer le régime », puni par l'article 77 du Code pénal, de la peine capitale. Toutefois, selon le quotidien El Watan, qui cite des avocats, le dossier « est vide », l'instruction « n'a rien apporté pour démontrer le contraire », et « leur seul crime, c'est d'avoir voulu démettre Gaïd Salah ».