La cheffe de file de la gauche radicale en Algérie, Louisa Hanoune est revenue sur le contexte de son arrestation en pleine crise politique dans le pays qui a entraîné la « chute » du président Abdelaziz Bouteflika. Alors qu'en février l'Algérie commençait le Hirak, des manifestations pacifiques de tout un peuple exigeant un changement de système vers plus de démocratie, la fin de l'oligarchie et appelant à une distribution plus juste des richesses, les dirigeants du pays n'imaginaient pas que le mouvement allait prendre de l'ampleur. Mais le ras le bol des Algériens était tel, qu'un mois après, la contestation battait toujours son plein, et le peuple exprimait son refus du scénario d'un cinquième mandat poussif où Abdelaziz Bouteflika, très diminué par sa maladie devait prendre la tête du pays. « Makach l'khamsa » (il n'y aura pas de 5 ème fois, ndlr) criait-ils en février 2019 à l'approche du scrutin. Alors qu'officiellement l'ancien président algérien qui a occupé cette fonction pendant 20 ans a démissionné le 2 avril, Louisa Hanoune, connue pour être proche du cercle présidentiel sans pour autant en partager les valeurs, a annoncé que l'ancien chef d'Etat avait annoncé sa démission le 23 mars à Gaid Salah, l'ancien chef militaire, décédé peu de temps après. Il s'agissait donc d'un mois après le début de la contestation dans le pays. Selon la cheffe du PT, M. Bouteflika devait annoncer officiellement sa démission après que les différents clans du pouvoir se mettent d'accord sur la façon d'assurer la transition. Mais cette idée n'avait pas été du goût de l'ancien chef d'état major qui, lui, voulait un cinquième mandat. Voyant que Bouteflika voulait se retirer de la course, Gaid Salah aurait coupé l'herbe sous le pied de l'ancien dirigeant en prenant le rôle de celui qui a libéré le pays d'un Bouteflika qui voulait s'accrocher au pouvoir. Ainsi Gaid Salah tournait la situation à son avantage, se présentant comme un héros et sauvant sa peau. C'est comme cela que les règlements de comptes au nom de la chasse à la Issaba (la bande, ndlr) de corrompus à commencé. Louisa Hanoune rencontrait le 27 mars le frère du président qui était son conseiller, et le général Mohamed Médiène dit Toufik quelques jours suivant la décision d'Abdelaziz Bouteflika de démissionner, cela, dans l'idée de « trouver une issue à la crise ». Toujours selon Louisa Hanoune, Saïd Bouteflika et le général Toufik avaient expliqué leur idée de la transition consistait à se débarrasser du général Gaïd Salah et proposer à l'ancien président et ancien militaire Liamine Zeroual d'assurer l'intérim. « En réalité on n'était pas sur la même longueur d'onde, dès le départ », a déclaré dans son interview accordée à l'une des rares radios indépendantes en Algérie. « Si moi je militais pour une Assemblée constituante, Saïd et Toufik cherchaient une personnalité pour assurer une transition de six mois, le temps de préparer de vraies élections. Plusieurs noms ont été avancés, avant qu'ils ne s'accordent sur celui de Liamine Zeroual », a-t-elle ajouté. Et c'est à cause de cette réunion avec ces deux poids lourds que la dirigeante du PT a été jugée pour complot contre l'institution militaire et l'Etat et qu'elle a dû passer 9 mois en prison à Blida. Sortie de détention en février, elle est toujours poursuivie.