Achoura sera célébrée le 10 septembre, correspondant au 10 Moharram, au Maroc. Une fois de plus, cette occasion sera fêtée avec des jouets, des fruits secs (fakia), gâteaux traditionnels, mais aussi, des pétards de tout genre. Une célébration qui devait à priori être joyeuse, finit souvent en larmes à cause d'explosifs supposés être festifs. Tour d'horizon. Comme pour chaque année, le Marocain se retrouve pris d'assaut par une multitude d'événements, notamment les vacances d'été, Ramadan, Aïd Al-Adha, la rentrée scolaire et Achoura. Il se retrouve dans une impasse financière, où il doit bien se délester de sommes conséquentes pour garder la face devant les autres, mais surtout pour égayer le visage de sa progéniture. En effet, entre un minimum de 6400 dirhams pour des vacances correctes, 2500 dirhams pour un mouton « présentable », et 1600 dirhams pour les besoins scolaires de chacun de ses enfants, le Marocain se retrouve une fois de plus obligé de dépenser les quelques sous qui lui restent pour acquérir des jouets, fakia, vêtements et occasionnellement, des explosifs festifs, pourtant interdits par les autorités. Hespress FR a dans ce sens fait le tour du marché à Rabat, afin de constater les prix pratiqués, la disponibilité des produits, mais surtout le contrôle vis-à-vis de certaines marchandises saisonnières. Une offre riche en couleurs Que ce soit pour les amuses-gueule, les vêtements ou les jouets, l'offre est bien présente, et tout le monde y trouve son compte. Les petits gâteaux salés sont proposés à des prix allant de 20 dirhams la petite boite, à 150 dirhams le kilo pour une qualité supérieure de gourmandise. Ces petits salés ont d'ailleurs la côte auprès des consommateurs, comme nous avons pu le constater au sein du marché central de Rabat. Cela dit, la recette est toujours la même, quoiqu'il y'ait une différence de goût, due à la « touche personnelle » du chef, ce qui fait que certains marchands ont plus de demande que d'autres. Pour ce qui est des fruits secs et de la fakia, le mélange normal de pépites noires et blanches, maïs grillé, cacahuètes et raisins secs est proposé à 13,80 dirhams les 100 grammes, le mélange dit « japonais » est moins cher avec 8,80 dirhams/100G, les cacahuètes à 5,50 dh/100G, 4,95 dh/100G pour les cacahuètes sucrées, 5 dh/100G pour les pépites noires, 10 dh/100G pour les pépites blanches, 5,30 dh/100G pour le maïs grillé de petite taille, 8 dh/100G le, mais grillé de grande taille et 5,40 dh/100G pour les dragées au chocolat. Pour ce qui est des fruits secs confits, les bananes, pommes, papaye, kiwi et pamplemousse sont proposés à 14,90 dh/100G, alors que l'ananas est à 16,30 dh/100G, 17 dh/100G pour les oranges et le melon. Concernant les prix pratiqués, un marchand nous a indiqué qu'il n'y a pas de grand changement par rapport à l'année dernière, si ce n'est quelques dirhams. Cela est justifié par le fait que les marchands s'approvisionnent depuis Casablanca maintenant, contrairement à ce qui se faisait auparavant. De plus, « les produits turcs sont de bonne qualité, et ne coûtent pas beaucoup, ce qui nous permet de réaliser un bénéfice correct », nous a déclaré notre interlocuteur. Par ailleurs, celui-ci nous a expliqué que les services de l'Office National de Sécurité Sanitaire des produits Alimentaires (ONSSA) effectuent des rondes aléatoires pour contrôler la qualité des produits mis à la vente durant cette période, afin de garantir la sécurité des consommateurs. Les jouets et pétards de la discorde Il est bien connu qu'Achoura est souvent accompagnée de l'achat de jouets et de pétards en provenance de Chine. Une fois de plus, l'offre est bien présente du côté des marchands de jouets. On peut faire plaisir à son enfant à partir de 5 dirhams pour des petites babioles qui sauront occuper son imagination pendant un moment, ou aller même à des produits dépassant les 5000 dirhams, notamment des reproductions de voitures célèbres en version électrique téléguidée, entièrement opérationnelles. Cela dit, le problème des jouets made in china refait toujours surface, notamment pour ce qui est de la présence de certaines matières pouvant être cancérigènes dans certains cas. Dans ce sens, nous avons contacté Bouazza Kherrati, président de la Fédération Marocaine des Droits des Consommateurs (FMDC), qui nous a déclaré que les consommateurs devraient faire attention à la présence du label « CMIM ». Kherrati nous a expliqué que l'objectif de ce label est de garantir la qualité des jouets vendus sur le marché, indiquant de « n'acheter que des produits portant ce label. Le ministère de l'Economie devrait par ailleurs communiquer plus sur celui-ci, afin de rassurer et d'informer les consommateurs nationaux ». De plus, les parents devraient prendre en considération l'âge de leurs enfants lorsqu'ils procèdent à leurs achats, mais aussi de fixer un temps donné, pour ne pas tomber dans l'excès. Concernant la question des pétards festifs, le président de la FMDC nous explique que malgré l'interdiction de l'importation de ces produits, ceux-ci finissent toujours par être vendus localement. Une situation qui est bien « bizarre », surtout que la législation vis-à-vis de ce type de produits est bien claire, mais l'on ne sait toujours pas où cela bloque exactement. En effet, la loi n° 22.16 concernant les produits explosifs à usage civil, des artifices de divertissement et des matériels contenant des substances pyrotechniques, indique clairement que les personnes en possession illégale de produits explosifs ou de météores artificiels, peuvent être visés par une peine d'emprisonnement de 2 à 5 ans, en plus d'une amende oscillant entre 50.000 et 500.000 de dirhams. Cette peine concerne, par ailleurs, les personnes derrière l'importation et la fabrication clandestine de matériaux pyrotechniques. Par, ailleurs nous nous sommes entretenus avec le Dr Adib Choukaili, ophtalmologue, qui nous a déclaré que le nombre de blessures par pétards connait une hausse importante durant cette période. Celui-ci nous a évoqué notamment des cas d'éclatements de globes oculaires, des lésions des paupières, ainsi que des explosions au visage, du fait de l'usage inconscient et non supervisé auquel certains enfants s'adonnent, lors du maniement de ces objets dangereux. Le Dr Choukaili nous a par ailleurs indiqué que les parents devraient être plus vigilants vis-à-vis de l'achat de ces produits, mais que cela relève surtout du pouvoir des autorités, qui permettent à ce que ces explosifs finissent sur le marché.