Après le refus des enseignants de se soumettre au système de contrat, c'est aux futurs infirmiers de dire « NON » à la contractualisation, et « NON » à la privatisation du secteur de la Santé. Ce jeudi 25 juillet, quelque 100 étudiants en infirmerie aux Instituts supérieurs des professions infirmières et techniques de santé (ISPITS) du Maroc ont tenu un sit-in devant le ministère de la santé suivi d'une marche nationale jusqu'au siège du Parlement pour faire entendre leurs voix. Photo : Mounir Mehimdate Encadrés par la commission nationale de coordination des étudiants, lauréats et infirmiers des ISPITS, ces futurs infirmiers ont scandé devant le ministère d'Anass Doukkali leur « refus total de toutes les formes de contrat », pour accéder à la fonction publique au sein des établissements de santé publique, qui représente, selon eux, « un droit ». Qualifiant le ministre de la Santé Anass Doukkali de « schizophrène qui tient un double discours, puisqu'au sein de l'Hémicycle il confirme adopter le système de contrat avec les nouveaux infirmiers diplômés, mais dehors il déclare le contraire« , les futurs infirmiers exigent de leur ministère de tutelle la création de postes financiers adéquats à l'ensemble des lauréats de l'ISPITS, « sans exception« . « Aujourd'hui, plus de 5000 diplômés des instituts supérieurs d'infirmeries du Maroc sont au chômage. Comment se fait-il qu'on forme des infirmiers pour qu'à la fin ils se retrouvent sans travail, sachant qu'il y a une pénurie d'infirmiers dans nos hôpitaux publics », a déclaré à Hespress Fr Amina Hmani, membre de la commission de coordination. Photo : Mounir Mehimdate En effet, l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) avait prévenu le Maroc de la pénurie aiguë en personnel de santé au sein des hôpitaux et établissements de santé du Royaume, qui disposent de 32.000 infirmiers, soit 9,2 infirmiers pour 10.000 habitants, selon les statistiques 2017 du ministère de la Santé. Un nombre très faible par rapport à ce qu'exige l'OMS qui a tiré la sonnette d'alarme en demandant au Maroc d'injecter 64.000 infirmiers supplémentaires. Outre l'intégration dans la fonction publique sans contrat, les futurs infirmiers refusent l'enrôlement des étudiants du privée dans les hôpitaux publics et dans la fonction publique, et réclament l'accélération de l'élaboration du Master spécialisé à côté du Master pédagogique, le versement d'indemnités pour les stages hospitaliers et les gardes de nuit aux étudiants et l'équité dans la prime de risques. Mais pas que ! Les futurs infirmiers diplômés du secteur public demandent pareillement au ministère de la Santé la création de l'Ordre national des infirmiers et techniciens de santé et la création du référentiel d'emploi et de compétences (REC). Photo : Mounir Mehimdate Interrogé sur le refus des infirmiers du public à ce que leurs confrères des écoles privées intègrent les hôpitaux publics vu la pénurie de personnel de santé, notre interlocutrice nous explique que « pour intégrer l'ISPITS il faut d'abord avoir une bonne note (14 – 15) et passer un concours de présélection. Une fois admis, on étudie trois ans un cursus très dur entre cours et stages hospitaliers, alors que les étudiants du privé étudient entre 1 an à deux ans maximum». En gros, les futurs infirmiers du secteur public refusent « la privatisation des hôpitaux publics« . Amina Hmani nous fait savoir qu'on leur a toujours dit qu'une fois diplômés, les étudiants des ISPITS intégreront la fonction publique sans aucun problème puisqu'ils sont issus d'un institut étatique. « Et aujourd'hui avec ce nouveau ministre, on entend parler du système de contrat, sachant que que nos confrères dont le nombre dépasse les 5000 sont toujours au chômage », s'est-elle indigné. Photo : Mounir Mehimdate