Le Bénin est plongé dans une crise sans précédent depuis mercredi, à cause de l'encerclement par les forces de l'ordre de la résidence de l'ancien président béninois Boni Yayi à Cotonou. Jeudi 2 mai, deux manifestants venus dénoncer l'encerclement du domicile de l'ancien président ont succombé à leurs blessures par balles. Les manifestations en soutien à l'ancien président Boni Yayi débutées mercredi se sont poursuivies tard dans la nuit et dès la matinée de jeudi, les béninois ont barricadé la résidence de l'ancien chef d'Etat avec des pneus enflammés, pierres et gris-gris vaudou. Dans la nuit de mercredi à jeudi, des tirs de balles réelles ont été entendus et deux manifestants ont été blessés. Jeudi, une femme a succombé à ses blessures tandis qu'un homme restait hospitalisé à Cotonou, après avoir reçu une balle dans le dos. « Sur les personnes amenées à l'hôpital dans la nuit -de mercredi à jeudi- une femme a succombé à ses blessures, un homme blessé par balle est toujours soigné et un homme, blessé en voulant ramasser une grenade a dû être amputé du bras », a expliqué une source à l'Afp au sein du CHU de Cotonou. La veille, la résidence de l'ancien président qui s'est désormais retranché dans l'opposition a été encerclée par la police. Et des centaines militants du FCBE, le parti de Boni Yayi ont afflué pour protéger le domicile du leader. Le quartier de Cadjehoum où réside l'ex-chef d'Etat, qui bénéficie d'une large popularité chez les béninois, n'a pas fermé l'œil de la nuit, a confié un militant du FCBE à l'Afp. Des feux ont été allumés autour de la résidence par les manifestants. L'Intérieur dément le projet d'arrestation de Boni Yayi De son côté, le ministre béninois de l'Intérieur et de la Sécurité publique, Sacca Lafia a démenti l'existence d'un projet d'arrestation de l'ancien président béninois Boni Yayi à son domicile, ce que soutiennent les manifestants. « Je peux vous assurer qu'aucun projet de l'arrestation de l'intéressé n'a existé contrairement à ce qui est relayé », a-t-il déclaré au cours d'un point de presse mercredi à son cabinet à Cotonou. « Nous avons appris qu'un attroupement se formait au domicile de l'ancien président, Boni Yayi, en vue d'un mouvement de foule de l'opposition à travers la ville de Cotonou. Aucune manifestation de rue n'ayant été déclarée, nous avions envoyé des éléments de la police républicaine sur le terrain afin de contenir ce mouvement qui se préparait. Le devoir de la police étant aussi d'empêcher des troubles à l'ordre public », a-t-il ajouté. Ces récents événements ont eu lieu sur fonds de tensions électorales auxquelles l'opposition a été interdite de participer. Mercredi matin, la Commission électorale (CENA) avait dévoilé les résultats préliminaires des élections législatives de dimanche que les béninois ont boycotté en nombre puisqu'elles ont enregistré un taux d'abstention de l'ordre de 80%. A cet effet, les deux anciens présidents Boni Yayi (2006-2016) et Nicéphore Soglo (1991-1996) avaient lancé un ultimatum au chef de l'Etat Patrice Talon pour annuler le scrutin, le qualifiant de « coup d'Etat électoral ».