La tension monte entre le ministère de l'Education nationale et les enseignants recrutés par contrat auprès des AREF, et ce sont les élèves marocains qui en payent les frais. Alors que ces derniers se plaignent de l'absentéisme de leurs profs, en grève depuis déjà deux mois, et se retrouvent à 60, voire plus en classe, avec un programme scolaire inachevé et les examens à la porte, le ministre de l'Education nationale, Said Amzazi se veut rassurant et affirme que «la possibilité d'une année blanche est inenvisageable ». Du côté des enseignants, le son de cloche est tout autre. Ils confirment le maintien de leur mouvement de lutte jusqu'à ce que le département d'Amzazi cède et les intègre dans la fonction publique, et prévoient une seconde « marche des bougies » à Rabat et une nuit blanche devant le Parlement. Le point. On est bien à la fin du mois d'avril, c'est-à-dire la fin de l'année scolaire 2018-2019, et le ministère de l'Education nationale et les enseignants recrutés par contrat auprès des Académies, n'ont toujours pas trouvé un terrain d'entente. Ainsi, marches et sit-in rythment le quotidien des contractuels, attachés qu'ils sont à leur revendications, notamment « l'intégration à la fonction publique ». Ils ont toutefois concédé un premier compromis en faisant part de leur disposition à intégrer les AREF, « mais avec les mêmes conditions et statuts que leurs confrères de la fonction publique (retraite, sécurité sociale, avantages sociaux, sanctions ...) ». Du côté du département d'Amzazi, on ne l'entend pas de cette oreille. Suite à la première réunion tenue avec la coordination des enseignants recrutés par contrat, le ministre a clairement déclaré qu'il n'est pas question d'intégrer les grévistes dans la fonction publique dans le cadre du projet de la régionalisation avancée, Cependant, des modifications seront apportées à leur contrat avec les AREF, et leur situation sera réexaminée, avait-il tenté. À coups de communiqués et de déclarations et contre-déclarations, les deux camps continuent de s'affronter. Et comme pour compliquer davantage la situation, les enseignants de la « Cellule9 » et les enseignants diplômés, ont rejoint le mouvement des contractuels. La réunion prévu avec le ministre a finalement été annulée, pour enfin aboutir à une situation d'impasse pure et simple. Les parents d'élèves en médiateurs L'association des parents d'élèves est également rentrée sur la ligne, en essayant de jouer le rôle d'intermédiaire dans cette affaire, après les plaintes formulées par plusieurs parents d'élèves en raison de la situation de leur enfants, qui sont en surnombre ou n'ont carrément pas de professeur. Mais en vain ! L'état de blocus est toujours là. Pour le ministre de tutelle, la responsabilité en incombe totalement à certains « contractuels », coupables, selon lui, de « non-respect de quelques cadres de l'académie aux engagements tenue par leurs représentants à la réunion du 13 avril 2019 », à savoir la reprise es cours le 15 avril, en contrepartie de la suspension des procédures administratives à l'encontre de certains enseignants-cadres des AREF, le versement des salaires gelés, le réexamen de la situation des enseignants suspendus et le report de l'examen de qualification professionnelle. Mais en aucun cas, le ministère de l'Education n'a mentionné leur intégration dans la fonction publique, qui la revendication phare des grévistes, souligne un enseignant au micro de Hespress Fr. « Comment se fait-il que quelques minutes après la réunion avec notre représentant qui est la coordination des enseignants recrutés par contrat, le ministère de l'Education nationale sort un communiqué disant qu'il a conclu avec nous la reprise des cours le 15 avril, alors qu'on ne s'est même pas réunis avec nos représentants pour écouter les propositions du ministère et réagir à cela », nous a expliqué Abdelfatah membre de la Coordination. Et de poursuivre : « On a un conseil national qui devait se réunir, le soir même de la réunion avec le ministère, pour écouter les propositions sur la base desquelles se fera le vote si oui ou non nous allons reprendre les cours, mais ça ne s'est pas passé comme ça puisque le ministère a annoncé via un communiqué qu'on a accepté leurs conditions à travers nos représentants, ce qui est faux ». « Ça d'un, ajoute notre interlocuteur. De deux, les enseignants qui ont repris les cours lundi 15 avril se sont retrouvés face à un document à signer pour justifier leur absence, alors que le ministère sait exactement pourquoi ils étaient absents. Ce document a une seule explication pour nous, c'est qu'une procédure disciplinaire sera déclenchée une fois le document signé par les enseignants, et nous refusons cela ». Une première marche a donc été organisée mardi et bloquée par les forces de l'ordre au niveau de boulevard Hassan II, pour empêcher les manifestants d'arriver Boulevard Al-alaouiyine « afin de ne pas bloquer les grands axes de la ville et engendrer des embouteillages», a confié une source policière à Hespress Fr. Les enseignants contractuels ne baissent pas le bras. Dans le cadre de leur mouvement de lutte pour faire valoir leur « droit » à l'intégration à la fonction publique, la coordination nationale des enseignants recrutés par contrat organise ce mercredi une énième marche, qui démarrera à 15h30 depuis la gare d'Agdal à Rabat en direction du Parlement, mais pas que. La marche, souligne la coordination, sera une « marche des bougies », puisqu'une nuit blanche est prévue devant le Parlement.