C'est officiel. La France vient d'appliquer formellement la loi relative à la hausse des frais d'inscription à l'université pour les étudiants étrangers. Elle entrera en vigueur à la rentrée prochaine, 2019-2020, comme mentionné dans les deux textes publiés dimanche 21 avril au Journal officiel. Explications. La mobilisation des étudiants et des universités françaises contre la décision du gouvernement d'augmenter les frais d'inscriptions pour les étudiants extra-européens, n'aura pas empêché l'entrée en vigueur de la loi. Publié dimanche 21 avril au bulletin officiel, le décret énumère plusieurs cas pour lesquels les étudiants originaires de pays hors UE, pourraient être exonérés, en cas de « situation personnelle » par exemple, ou s'ils répondent « aux orientations stratégiques de l'établissement ». Pour les étudiants non concernés par cette hausse, il y a ceux qui ont d'ores et déjà entamé leurs études dans l'Hexagone ainsi que les doctorants étrangers, qui ont été exemptés de cette hausse puisqu'ils « jouent un rôle essentiel dans les laboratoires de recherche », avait annoncé, le 24 février dernier, la ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, Frédérique Vidal. La ministre a par ailleurs, refusé d'augmenter « le pourcentage d'étudiants que chaque université peut décider d'exonérer de frais, et qui est fixé à 10% » par un décret datant de 2013. Ce taux, rapporte Le Monde, permettra aux établissements qui le souhaitent, d'après les calculs du ministère, de dispenser de frais l'ensemble de leurs nouveaux étudiants étrangers à la prochaine rentrée, mais pas les années suivantes. Universités et étudiants contestent cette hausse, la DG de l'Institut français du Maroc s'explique C'est en novembre dernier que le Premier ministre français, Edouard Philippe, avait lancé un pavé dans la marre en annonçant la hausse des frais d'inscriptions pour les étudiants étrangers passant de 170 euros à 2770 euros en licence, et de 243 et 380 euros en master et doctorat à 3770 euros. Une décision qui n'a pas été au goût de plusieurs Universités françaises, notamment l'Université Lyon 2, qui avait réagi en février dernier via un communiqué en déclarant que la décision du gouvernement n'est« ni pertinente ni juste, car elle concerne des étudiants parmi les plus fragiles et bat en brèche le principe d'égalité de traitement entre usagers du service public de l'enseignement supérieur et de la recherche ». La DG de l'Institut français du Maroc, Clélia Chevrier Kolačko, s'est confié sur le sujet à Hespress Fr, en déclarant que la décision du gouvernement français « s'inscrit dans le cadre d'une nouvelle stratégie basée sur l'amélioration des conditions d'accueil des étudiants internationaux et de la politique des visas, mais aussi pour offrir davantage des bourses, notamment aux étudiants du Maghreb et de l'Afrique francophones ». Interrogée sur l'initiative de ces universités d'exonérée les étudiants extra-européens, la Directrice générale de l'IFM a précisé à Hespress Fr que « la ministre de l'Enseignement supérieur, Mme Vidal, a rappelé aux universités lors d'une question au Sénat le 16 janvier qu'elles sont des établissements publics, opérateurs de l'Etat [qui] portent les politiques publiques décidées par l'Etat ». Autrement dit, ces établissements seraient dans l'obligation de mettre à exécution cette décision. Notons que les étudiants marocains souhaitant poursuivre leurs études en France sont également concernés par cette nouvelle mesure. À en croire les réseaux sociaux, les Marocains ne sont pas du tout contents de cette hausse des frais, et annoncent carrément un « changement de destination » si toutefois la loi entre en vigueur, ce qui est le cas aujourd'hui. Même la PEEP, Association des Parents d'élèves de l'enseignement public français au Maroc, s'est mobilisée le 16 janvier à Casablanca pour dénoncer cette mesure prise par le gouvernement de Paris, en précisant que «le plus grand nombre d'étudiants extra-européens en France vient du Maghreb et plus précisément du Maroc ». Interrogé sur une probable baisse des candidatures marocaines à la procédure Campus France pour l'année universitaire 2019-2020, à savoir que les Marocains sont classés parmi les premiers étudiants étrangers en France, hors Union européenne, avec 38.000 candidats, Clélia Chevrier Kolačko a estimé que « c'est normal», relevant que le gouvernement français s'attend bien sûr à « une baisse du nombre de candidats ». Elle a également expliqué à Hespress Fr que « les réformes génèrent toujours des périodes de rééquilibrage. Seules les inscriptions en 1ère année de licence sont actuellement enregistrées, et les chiffres sont encore provisoires». «Ces inscriptions ne constituent en outre qu'une partie du flux de candidats marocains vers la France. Les chiffres les plus pertinents pour analyser l'impact de la réforme seront obtenus en fin de processus, sur le nombre d'étudiants effectivement sélectionnés par les universités et ayant rejoint leur faculté à la rentrée universitaire», a-t-elle dit Rappelons que les étudiants Tunisiens souhaitant poursuivre leurs études en France seront exonérés par cette hausse des frais d'inscriptions. En effet, en février dernier, le ministre tunisien de l'Enseignement et de la recherche scientifique, Slim Khalbous, avait déclaré que son département avait « demandé une exonération importante pour les étudiants tunisiens qui font leurs études en France », à savoir qu'ils sont comptés parmi les étudiants extra-européens.