L'Algérie connait un mouvement de contestation sans précédent. Depuis le 22 février, des millions d'Algériens ont investi les rues pour dire « NON au 5ème mandat » du président sortant, Abdelaziz Bouteflika, qu'ils ont qualifié de « mandat de la honte« . Ils ont dit «Oui à la démocratie» et«NON au régime» qui l'entoure, à savoir sa famille et le corps militaire. En revanche, ce qui a étonné et surpris les analystes et l'opinion publique, c'est le caractère pacifique qu'a pris le « Hirak algérien ». Aucun incident ou acte violent n'a été déclaré depuis son lancement, mais plutôt des manifestations impressionnantes bien organisées qui se déroulent dans le calme. Voici ce qu'en pensent les analystes et l'opinion publique sur ce mouvement historique en Algérie. Plus qu'une affiche#Algerie_manifestation pic.twitter.com/OZpvyGhiac — Mohammed B (@Mo_hammedb) March 15, 2019 L'éveil de la jeunesse algérienne Tout à commencer quand le président algérien sortant, Abdelaziz Bouteflika avait «annoncé», le 11 février, sa volonté de briguer un 5ème mandat à l'élection présidentielle de 2019. Agé de 82 ans, et au pouvoir depuis 20 ans déjà, avec de sérieux ennuis de santé. Le peuple algérien est sorti de son silence, qui a duré bien longtemps, d'après les analystes, pour dire «NON au 5ème mandant de Bouteflika», et dans l'espoir d'un changement du régime qui a plongé la jeunesse algérienne dans le « chômage » et l'Algérie dans la « crise » malgré les richesses du pays. Alors que les manifestations sont formellement interdites à Alger depuis 2001, des dizaines de milliers de manifestants, principalement des jeunes, sont sortis massivement dans la capitale et d'autres villes du pays, un vendredi 22 février, pour manifester leur colère, suite à un appel anonyme sur les réseaux sociaux. Le DJ rue Didouche grande attraction avec un magnifique KASAMAN entonné par des milliers de personnes GENIALISIME #Algerie #15mars2019 pic.twitter.com/ckwdldECIO — Mikka (@MikMikka987) March 15, 2019 Depuis, chaque vendredi est un jour de manifestation en Algérie. Le nombre des manifestants est passé, en quelques semaines seulement, de quelques milliers à plusieurs millions de manifestants. Le peuple algérien, principalement sa jeunesse a montré « qu'elle n'a plus peur du régime, et qu'elle en a assez », soulignent les analystes. Dans un climat pacifique, les Algériens n'ont pas manqué de créativité, côté slogans et banderoles, pour faire entendre leurs revendications, impressionnant ainsi l'opinion publique. Les analystes laissaient craindre un dénouement des événements vers une révolution semblable à celle de la Syrie ou la Libye, plongeant le pays dans le Chaos. Mais, le peuple algérien a «montré un self control, et pacifisme remarquable», affirme Hubert Védrine, l'ancien chef de la diplomatie française. Le #hirak historique est en route en #Algérie pic.twitter.com/6ms0oWrRut — Le Rifain ? (@abdelM9) March 15, 2019 Védrine, considéré comme l'un des meilleurs experts français en politique internationale, a notamment fait remarquer que ce qui se passe en Algérie, «signe le début d'un dégel du système, qui était figé depuis l'arrivée au pouvoir de Houari Boumediane en 1965». Le « Hirak Algérien » a même poussé le président Bouteflika à réagir aux réclamations des manifestants, le 3 mars dernier, affirmant «avoir entendu les protestations des Algériens qui l'ont interpellé pour l'avenir» du pays. Une première en Algérie. NON c'est NON Toutefois, Bouteflika ne renonce pas à son 5ème mandat, mais s'engage en revanche, s'il est élu, «d'organiser une conférence nationale inclusive, suivie d'une élection présidentielle anticipe à laquelle il ne sera pas candidat», dont la date n'a pas été communiquée. Toutefois, la «confiance est brisé» entre le pouvoir et le peuple algérien, laissent entendre les analystes. Les Algériens sont sortis le soir même de la lecture de la lettre de Bouteflika, pour dire encore une fois «NON, c'est NON au 5ème mandat». CE N'EST PAS UN HIRAK.. MAIS UNE #REVOLUTION #حراك_8_مارس#Algerie#France#non_au_5eme_mandat #Bouteflika #لا_للعهدة_الخامسة @afpfr pic.twitter.com/xJMcfiYCF9 — HOUARI MARSEILLE (@MarseilleHouari) March 8, 2019 Ali Benflis, président du parti Talaie El Hourriyet, a estimé que la lettre de Bouteflika adressée au peuple algérien est «provocatrice et en décalage profond par rapport aux objectifs fixés par les Algériens». Il faut noter que les manifestations en Algérie se sont poursuivies pacifiquement, alors que le président Bouteflika s'est rendu en séjour médical à Genève en Suisse début mars. Le contexte très tendu dans le pays l'a poussé à revenir le 10 mars et à renoncer à son 5ème mandat. Une annonce qui a réjoui les Algériens, mais pas pour longtemps. En effet, cette annonce a été suivie par l'amorce d'un nouveau processus institutionnel, annoncé par Bouteflika lui-même. Cette annonce a été dénoncée par le « Hirak Algérien », en réclamant haut et fort cette fois-ci, «la chute du régime» tout entier. Beaucoup d'événements se sont succédés depuis, principalement la nomination de Bouteflika d'une nouvelle équipe gouvernementale menée par le nouveau premier ministre, Noureddine Bedoui, à la Place d'Ahmed Ouyahia qui a démissionné le 11 mars dernier. La « non-ingérence » du Maroc Du côté du Maroc, le Royaume a pris une décision qualifiée de « sage » par les analystes, en décidant de se tenir à une attitude de «non-ingérence par rapport aux récents développements en Algérie et s'est abstenue de tout commentaire à ce sujet». Comme affirmé par le ministre des Affaires étrangères et de la coopération internationale, Nasser Bourita, samedi 16 mars, suite aux nombreuses rumeurs avancées par plusieurs médias étrangers qui «cherchent obstinément à impliquer le Maroc», «le Maroc n'a ni à se mêler des développements internes que connait l'Algérie, ni à les commenter de quelle que manière formelle ou officieuse». Mais, les Marocains ont fortement réagi à ce qui se passe chez nos frères Algériens. Dans plusieurs micros-trottoirs réalisés par des médias marocains, les nationaux ont exprimé leur «solidarité» et leur «soutien» à la cause du peuple algérien. Ils ont même été « impressionnés », comme le reste du monde, du caractère pacifique du « Hirak Algérien » qui a enregistré, vendredi 16 mars, la sympathie des policiers, qui ont rejoint les manifestants, en assurant le maintien du calme et de l'ordre dans la manifestation. La police et le peuple unis pour une Algérie libre et démocratique ❤?? pic.twitter.com/0edNELsQnb — امير (@ritalgerie) March 15, 2019