Cette journée du 23 févier, fixée par Juan Guaido, le président autoproclamé du Venezuela, pour faire entrer les aides humanitaires stockées, principalement, sur la frontière colombienne, a, par ailleurs, été rythmée par un mouvement de désertion de militaires et policiers vénézuéliens. L'armée, qui était jusque là, le dernier rempart du président toujours en exercice, Nicolas Maduro, serait-elle en train de le lâcher? Tout semble prêter à le croire, car outre les désertions annoncées par le service d'immigration, et qui totaisent pour le seul samedi près d'une vingtaine entre militaires, policiers et membres de la Garde nationale bolivarienne (GNB), cette même armée qui était sensée empêcher l'entrée des aides, objets de toutes les tensions entre les camps Maduro et Guaido, a finalement « laissé faire », et la première cargaison a effectivement traversé la frontière colombienne et entrée au Venezuela. Guaido, a en effet donné le coup d'envoi de l'acheminement de l'aide humanitaire vers son pays, depuis le pont frontalier Tienditas, de la ville colombienne de Cúcuta. Selon des comptes-rendus de la presse locale, 14 camions chargés de 280 tonnes de vivres et de médicaments fournis par les Etats-Unis et les pays de la région au peuple vénézuélien ont quitté vers 09h du matin locales Cúcuta à destination de la frontière avec le Venezuela. Rupture avec la Colombie En réaction, Maduro a tout bonnement annoncé la rupture de toute relation diplomatique avec Bogotá, en dénonçant l'appui que le président Ivan Duque apporte à son opposant Juan Guaido pour faire entrer l'aide humanitaire au Venezuela. « J'ai décidé de rompre les relations politiques et diplomatiques avec le gouvernement fasciste de Colombie dont les ambassadeur et consuls ont 24 heures pour quitter le Venezuela », a déclaré M. Maduro devant un rassemblement de ses partisans à Caracas. Pour Maduro, « la patience est à bout, nous ne pouvons continuer de supporter que le territoire de Colombie se prête à une agression contre le Venezuela ». De son côté, la vice-présidente de Colombie, Marta Lucia Ramirez, a réagi à cette annonce de Maduro en répondant qu'il ne pouvait rompre des relations inexistantes, et a de nouveau qualifié le président Nicolas Maduro de « dictateur ». Ramirez a affirmé sur Twitter que « Maduro ne peut rompre des relations diplomatiques que la Colombie n'a pas avec lui », ajoutant que le dirigeant chaviste « n'est qu'un dictateur qui occupe de force Miraflores », le palais présidentiel à Caracas. Querida @patriciajaniot Maduro no puede romper relaciones diplomáticas que Colombia no tiene con él. Nuestro gobierno no ha nombrado embajador allá ni reconocemos embajador de Maduro pues su mandato terminó el 9 de enero. Es un simple dictador que ocupa por la fuerza Miraflores https://t.co/ze1NGfVfng — Marta Lucía Ramírez (@mluciaramirez) February 23, 2019 Violences à la frontière Des violences ont éclaté à la frontière entre les deux pays samedi, notamment quand quatre camions ont tenté de forcer le passage, soutenus par la foule qui exigeait le libre passage de l'aide humanitaire envoyée principalement par les Etats-Unis. Des camions chargés d'aides ont même été incendiés les militaires encore à la solde de Maudro, un acte dénoncé par la vice-présidente colombienne qui a tweeté à ce propos: Uno de los camiones incinerados por los colectivos por orden de Maduro. Prefiere destruir comida y medicamentos que alimentar y sanar las enfermedades de su pueblo. pic.twitter.com/7tFQKZQLll — Marta Lucía Ramírez (@mluciaramirez) February 23, 2019 « L'un des camions incendiés sur ordre de Maduro, qui préfère brûler les vivres et les médicaments, plutôt que de nourrir et soigner son peuple ». Nicolas Maduro ne veut pas de cette aide. Il ne s'agit pas, selon lui, d'aides humanitaires, mais plutôt d'une «invasion» purement « américaine » et d'un « cadeau empoisonné ».