Les récentes fermetures des maisons de sept membres d'Al Adl Wal Ihsane (quatre dans la région de l'Oriental et trois à Kénitra, Casablanca et Inezgane) par les autorités est » une mesure hostile, vindicative, politiquement et juridiquement injustifiée », a notamment déclaré le président du cercle politique de la Jamaâ, Abdelouahed El Moutaouakil ce vendredi 8 janvier à Salé. Explications. A travers une conférence de presse donnée à l'occasion, Al Adl Wal Ihsane a souhaité « apporter à l'opinion publique la vérité sur la guerre déclarée par le Makhzen contre elle ». Les mots sont durs, leur résonance aussi. Revendiquant « le pacifisme » dans son communiqué, la Jamaâ se place comme un collectif « attaché aux causes du peuple marocain, aux cotés des forces réclamant la liberté, la justice et la lutte contre la corruption et le despotisme ». Photos Mounir Mhimdat AWI: Légaliste mais pas légale S'exprimant en présence des dirigeants de la Jamaâ au domicile du secrétaire général Mohamed El Abbadi, le président du cercle politique Abdelouahed El Moutaouakil affirme que la fermeture de maisons appartenant à des Adlistes « ne nous poussera pas à opter pour la contre-violence ou à détourner notre attention sur les problèmes réels du pays à la suite de l'échec des politiques dont les Marocains sont victimes ». Le dirigeant avance qu'AWI est visée, car elle représenterait « un courant connu pour son opposition au système ». Selon lui, ces fermetures « répondent à une décision centrale et ne sont pas un produit du zèle d'une partie locale ». Pour Abdelouahed El Moutaouakil « les lois en vigueur disposent qu'une maison ne peut être fermée qu'en vertu d'un mandat du tribunal compétent, et ce dans des cas très spéciaux à titre d'exception ». Il ajoute sur ce registre que « la loi interdit la fermeture des maison habitées et ne permet de fermer que celles en cours de construction à cause de violations graves de la loi sur l'habitation ». Le chef du cercle politique exclue les maisons ayant subi une fermeture de ces cas qu'il présente. S'agissant du motif que ces maisons servent de lieux de réunions publiques non autorisées, El Moutaouakil brandit « le droit que garantit la Constitution et les conventions internationales sur la libre réception des citoyens d'invités à leurs domiciles car ce sont des réunion privées dans des lieux privés ». Il rappelle par ce biais une déclaration qu'il prête à l'ex ministre de l'intérieur Mohamed Hassad, indiquant qu' »en intensifiant ses activités, la Jamaâ se met hors la loi ». Photos Mounir Mhimdat Un mouvement sans QG ? AWI entrevoit dans la fermeture de maisons appartenant à ses membres « une tentative de nuire » à son action de communication et d'encadrement. « Répondre à la provocation présenterait une offrande au Makhzen devant l'opinion internationale, pour déclarer conduire une guerre contre le fondamentalisme religieux, d'où son insistance à décrire ces maisons comme des mosquées clandestines », estime El Moutaouakil. « Les autorités prennent leurs décisions avant de chercher des justifications, sans avoir le souci de convaincre » fustige-t-il. Toujours au sujet des fermetures, le porte-parole de la Jamaâ Fathallah Arsalane déclare que les membres d'AWI concernés « habitaient ces maisons » et qu' »ils ont été contraint de les quitter ». Usant de dialectique, le dirigeant réfute les accusations de violation de trois Dahirs et explique qu' »une mosquée se définit comme lieu d'accomplissement des cinq prières par jour avec la construction d'un minaret, pas comme une salle où les gens peuvent occasionnellement prier. Dans le cas contraire, toutes les administrations publiques disposant de mosquées devraient être fermées ». Le porte-parole revient ainsi sur l'interdiction qui touche AWI qui dispose néanmoins d'un conseil, de sections et de bureaux régionaux. « Il n'est pas permis à la Jamaâ d'avoir un siège ni de louer des locaux. La question qui devrait se poser est »où irions-nous si tout rassemblement nécessiterait une autorisation »? Mais concrètement, quelle sera la réaction d'AWI ? Fathallah Arsalane répond qu'une plainte en justice sera déposée. « Nous considérons que la justice marocaine n'est pas indépendante mais il y a des juges honnêtes et responsables qui peuvent donner exemple à leurs pairs », annonce le porte-parole.